Le test génétique personnalisé commercialisé par l’entreprise 23AndMe est disponible au Royaume-Uni depuis quelques jours. En 2013, la FDA avait demandé à l’entreprise de ne plus vendre ses kits qui donnaient des informations sur les risques de maladies chroniques.

au sommaire


    Le test génétique à 125 £ (environ 150 €), controversé aux États-Unis, arrive en Grande-Bretagne, mais sous une forme modifiée. Depuis le 2 décembre 2014, les citoyens britanniques peuvent désormais faire tester leur ADN par une entreprise privée : 23AndMe.

    Les faits : un test interdit aux États-Unis

    Or en 2013, la FDA (autorité sanitaire des États-Unis) avait interdit à la société de donner des informations sur la santé des individus car, d'après elle, il n'y avait pas de preuves de la fiabilité de ces tests. Selon l'entreprise, les remarques de la FDA ont été prises en compte et le test britannique ne donnera pas autant d'informations sur la santé que le test initialement proposé aux États-Unis. Au Royaume-Uni, ce service ne sera pas commercialisé comme diagnostic et donc ne nécessite pas d'être approuvé par l'Agence de réglementation des médicaments et des produits de santé (MHRA : Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency). D'après Anne Wojcicki, PDG de l'entreprise californienne et épouse du cofondateur de GoogleGoogle Sergey BrinSergey Brin, « le Royaume-Uni est un leader mondial de la génomique et nous sommes très enthousiastes d'offrir un produit spécialement pour les consommateurs britanniques ». Google a été l'un des premiers investisseurs de l'entreprise 23AndMe fondée en 2006.

    Les craintes de la FDA ne portaient pas sur la constitution d’une base de données génétique, mais sur la fiabilité du diagnostic et de ses conséquences. © NIH, Wikimedia Commons, DP

    Les craintes de la FDA ne portaient pas sur la constitution d’une base de données génétique, mais sur la fiabilité du diagnostic et de ses conséquences. © NIH, Wikimedia Commons, DP

    Décryptage : le test donnera un séquençage personnalisé du génome

    Le test commercialisé par 23AndMe utilise des échantillons de salivesalive. Au départ, les tests commercialisés aux États-Unis donnaient des résultats sur la santé en identifiant des gènesgènes liés à des maladies, comme le cancer du seincancer du sein ou les maladies cardiaques. Ils donnaient aussi des informations sur la façon dont l'individu pouvait répondre à un traitement. Mais la FDA a interdit à l'entreprise de commercialiser ce test présenté comme outil de diagnostic de maladie sur le site InternetInternet de l'entreprise. Elle explique ses motifs dans un courrier adressé à 23AndMe, le 22 novembre 2013.

    La FDA s'inquiétait des conséquences que pourraient avoir les informations fournies, par exemple dans le cas du cancer du sein. En effet, le test indiquait un risque génétique de cancer du sein lié aux gènes BRCA et des informations sur la réponse aux médicaments comme la warfarine. Aussi, de faux positifs pouvaient conduire une patiente à une chirurgiechirurgie prophylactique et des faux négatifs inciter à l'abandon d'un traitement. L'entreprise a donc décidé de ne fournir que des données sur le génomegénome en général et l'hérédité. Par exemple, une personne qui fait tester son ADN peut savoir quel pourcentage provient de néandertaliens.

    Les autorités avertissent des risques

    D'après les autorités britanniques, le produit lancé au Royaume-Uni est très différent de celui qui a été interdit aux États-Unis ; beaucoup d'informations sur les réponses aux médicaments, les risques de maladies ont été retirés. Elles conseillent cependant à la population de bien réfléchir avant de faire un tel test car « aucun test n'est fiable à 100 % ». D'après le journal The Independant, le test détectera des variantes génétiques associées à certaines maladies héréditaires comme la mucoviscidosemucoviscidose ou la drépanocytosedrépanocytose, ou des facteurs de risquefacteurs de risque génétiques pour des maladies comme le cancer du sein héréditaire et la maladie de Parkinsonmaladie de Parkinson.

    Si les tests génétiques sont un outil utile dans certaines situations pathologiquespathologiques, on peut s'interroger sur leur utilité pour les personnes en bonne santé. La plupart des maladies sont complexes et impliquent de nombreux gènes et causes environnementales, comme le rappelle Mark Thomas, professeur au University College London, « la génétique est désordonnée et compliquée. Si les gens s'attendent à ce que leur test dise : "vous avez ce variant, c'est pourquoi vous allez avoir cette maladie", ils doivent savoir que c'est rarement ainsi ».