En 2013, la Chine est passée du contrôle des naissances à une politique plus favorable à la natalité. Une réforme qui devrait pourtant avoir peu d’impact sur la fertilité et les tendances démographiques à long terme. Dans les décennies à venir, le pays devra donc tout de même faire face au vieillissement de sa population et à la diminution de sa main d’œuvre.

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    Suite à l'augmentation rapide de la population chinoise dans les années 1950 et 1960, des campagnes ont incité les Chinois à se marier plus tard, à espacer et limiter les naissances, aboutissant finalement à la mise en place de la politique de l’enfant unique en 1979. Dès cette époque, il y eut des exceptions, avec des règles plus souples à la campagne ou pour des minorités ethniques. Mais les mesures antinatalistes ont engendré des tensions sociales, des coûts administratifs et un manque de femmes qui se ressent aujourd'hui dans la population.

    En 2013, une réforme a autorisé les couples à avoir un second enfant si l'un des deux parents est un enfant unique. Grâce à cette mesure, un million de naissances supplémentaires sont prévues par an. Mais d'après deux chercheurs des universités d’Oxford (Royaume-Uni) et de Xi'an Jiaotong (Chine) qui présentent leurs conclusions dans la revue Studies in Family Planning, ceci ne devrait pas permettre de répondre aux défis du vieillissement de la population et de la diminution de la main d'œuvre.

    Si ces réformes ont été bien accueillies dans le monde et en Chine, leur impact serait donc faible. D'après une étude de 2013, parmi les couples qui pourraient désormais avoir un second enfant, seulement 50 à 60 % en auraient l'intention. Le coût économique et la difficulté à concilier vie familiale et professionnelle sont deux raisons qui freinent les futurs parents. C'est pourquoi des mesures favorables aux familles semblent nécessaires pour convaincre ces couples d'agrandir leur famille.  

    La population de seniors va s’accroître en Chine. En 2050, les plus de 65 ans seront même trois fois plus nombreux qu'aujourd'hui. © yeowatzup from Katlenburg-Lindau, German, Flickr CC by 2.0

    La population de seniors va s’accroître en Chine. En 2050, les plus de 65 ans seront même trois fois plus nombreux qu'aujourd'hui. © yeowatzup from Katlenburg-Lindau, German, Flickr CC by 2.0

    Vieillissement et diminution du nombre de jeunes

    Plus précisément, les projections sur les décennies à venir indiquent que la population des plus de 65 ans devrait presque tripler d'ici 2050 : de 9 % en 2010 (114 millions), elle atteindrait 24 % de la population en 2050 (331 millions de personnes). Dans le même temps, celle des 20-34 ans passerait de 25 % (333 millions) à 16 % (228 millions). Le pays est en dessous du seuil de remplacement de la population depuis plus de 20 ans, ce qui n'a pas empêché la population d'augmenter de 200 millions sur la même période. La population continuera quand même à croître pendant 15 ans.

    D'autres pays de l'Asie Pacifique ont dû basculer d'une politique de contrôle des naissances à une politique favorable à la natalité. L'une des difficultés rencontrées par ces pays touchait à l'administration et à l'inertieinertie de la machinerie bureaucratique. En Chine, le personnel affecté à la planification familiale est considérable. Par exemple, dans la préfecture des monts Huang, de la province Anhui, 745 administratifs surveillent une population de seulement 1,6 million de personnes... Dans le pays, la commission de la planification familiale compterait environ 500.000 fonctionnaires. Une administration dont la restructuration a été lancée en 2013.