Vers 50 ans, l'atrophie cérébrale semble plus importante chez des personnes obèses ou en surpoids. La diminution de la matière blanche observée correspond à un vieillissement cérébral de dix années par rapport à des personnes minces. Mais les capacités cognitives ne sont pas touchées.

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    Si le cerveau rapetisse naturellement avec l'âge, les scientifiques ont envisagé que ce processus pouvait aussi être affecté par l'obésité. Pour en savoir plus, une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge (Angleterre) a mené une analyse transversale (méthode d'observation d'une population à un instant donné dans le temps) de 473 participants âgés de 20 à 87 ans. L'étude est publiée dans la revue Neurobiology of Aging.

    Parmi les sujets, 246 (51 %) étaient considérés comme minces, avec un IMC (indice de masse corporelle) entre 18,5 et 25, 150 (31 %) étaient en surpoids, avec un IMC entre 25 et 30, et les 77 autres étaient catégorisés obèses, avec un IMC de plus de 30. Ces volontaires ont été partagés en deux groupes, un mince et un en surpoids, avant un examen par IRM afin d'évaluer leur volumevolume cérébral. On a également testé leurs capacités cognitives.

    Les chercheurs ont tout d'abord trouvé des différences de taille entre les cerveaux des deux groupes au niveau du volume de la substance blanche (le tissu du système nerveux central par lequel les différentes régions du cerveaucerveau communiquent entre elles). Les personnes en surpoids enregistraient une importante réduction de ce volume en comparaison avec les sujets du groupe mince.

    Les chercheurs ont aussi remarqué que les personnes en surpoids d'âge moyen, par exemple âgées de 50 ans, affichaient un volume de substance blanchesubstance blanche comparable à celui d'une personne mince de 60 ans, suggérant une différence d'âge cérébral de 10 ans. Comme les différences n'ont été remarquées qu'à partir de cet âge, les résultats laissent penser que le cerveau serait particulièrement vulnérable pendant cette période.

    Les IRM permettent de comparer la matière grise (en marron) et la substance blanche (ici en jaune) chez des sujets minces (a) et obèses (b). © Lisa Ronan <em>et al.</em>, <em>Neurobiology of Aging</em> 2016

    Les IRM permettent de comparer la matière grise (en marron) et la substance blanche (ici en jaune) chez des sujets minces (a) et obèses (b). © Lisa Ronan et al., Neurobiology of Aging 2016

    Moins de substance blanche mais des capacités cognitives semblables

    En revanche, malgré les différences de volume de substance blanche entre les deux groupes, ils n'ont pas noté de lien entre le surpoids ou l'obésité et les capacités cognitives. Ces résultats ne permettent pas de conclure que l'obésité cause les changements cérébraux, ni même si, à l'inverse, elle peut être une conséquence des changements cérébraux.

    L'auteur Paul Fletcher a souligné que « notre population est vieillissante, avec des niveaux d'obésité croissants, il est donc essentiel d'établir la manière dont ces deux facteurs pourraient interagir, au vu des conséquences potentiellement graves sur la santé ». Et d'ajouter : « il sera aussi important de découvrir si ces changements pourraient être réversiblesréversibles avec la perte de poids, ce qui pourrait bien être le cas ».