Des chercheurs français ont identifié un réseau d’aires cérébrales activé chez l’Homme en réponse à des séquences auditives, et non chez le macaque. L’origine du langage pourrait donc être liée à l’émergence de ce circuit, qui intègre des informations provenant de différentes aires cérébrales.

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    Le langage est une caractéristique de l’espèce humaine. Mais quelles sont les structures cérébrales qui ont permis son émergence ? © Elvert Barnes, Flickr, CC by 2.0

    Le langage est une caractéristique de l’espèce humaine. Mais quelles sont les structures cérébrales qui ont permis son émergence ? © Elvert Barnes, Flickr, CC by 2.0

    Dans cette étude, réalisée à NeuroSpin, Stanislas Dehaene (professeur au Collège de France, directeur de l'Unité « Neuroimagerie cognitive » Inserm, CEA, Université Paris-Sud) et Bechir Jarraya (professeur de neurochirurgie à l'Université de Versailles-Saint-Quentin), avec Liping Wang et Lynn Uhrigh, ont utilisé une méthode d'imagerie fonctionnelle non invasive, l'IRM fonctionnelle à 3 TeslaTesla. Ils ont exposé trois singes macaques et une vingtaine de volontaires à des séquences auditives régulières, par exemple trois sons identiques suivis d'un quatrième différent (séquence notée AAAB). Occasionnellement, ils présentaient une séquence qui violait cette régularité, soit parce qu'elle comprenait un nombre différent de sons (par exemple AAAAAB), soit parce que la séquence de sons était anormale (par exemple AAAA, qui ne se termine pas par un son B).

    Le cerveau du singe réagissait aux changements de nombres et de séquences, ce qui dénote une certaine capacité d'abstraction. Cependant, il le faisait dans des aires distinctes, spécialisées soit pour le nombre, soit pour la séquence. Le cerveau humain, par contre, intégrait les deux paramètres dans des régions qui coïncident avec les aires du langage. Ces résultats sont publiés dans Current Biology.

    Tandis que les singes repèrent des propriétés isolées, comme « quatre sons » ou bien « le dernier est différent », l'évolution semble avoir doté notre espèceespèce d'une capacité spécifique d'intégrer ces informations en un tout cohérent, une formule telle que « trois sons, puis un autre ». Le tout début d'un langage intérieur ? 

    Ainsi, même si la représentation abstraite de séquences sonores est possible chez les primatesprimates non-humains, l'évolution d'un circuit cérébral nouveau, relié aux aires auditives, pourrait avoir permis à notre espèce d'acquérir la compétence unique de composer et de reconnaître les séquences complexes qui caractérisent les langues humaines.