La dégradation progressive de la mémoire est un processus normal lié au vieillissement. Mais les hommes semblent touchés plus tôt que les femmes. Cause possible : les œstrogènes qui seraient protecteurs chez les femmes.

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    Les femmes auraient une meilleure mémoire que les hommes, peut-être grâce aux hormones féminines. © Ken Mattison, flickr, cc by nc nd 2.0

    Les femmes auraient une meilleure mémoire que les hommes, peut-être grâce aux hormones féminines. © Ken Mattison, flickr, cc by nc nd 2.0

    Perdre progressivement la mémoire est un phénomène naturel lors du vieillissement, qui ne signifie pas nécessairement que l'individu risque de développer une démence comme Alzheimer. Au niveau anatomique, cette maladie se caractérise par une accumulation de plaques de protéines amyloïdes dans le cerveau. Certaines personnes, porteuses de l'allèle APOE ε4, présentent un risque plus élevé de la développer.

    Des chercheurs de la Mayo Clinic ont étudié l'effet de l'âge, du sexe et du gène APOE ε4 sur la mémoire, la structure du cerveau et l'amyloïde β chez des adultes. Pour cela, ils ont examiné la structure du cerveau de 1.246 personnes de 30 à 95 ans qui avaient une fonction cognitive normale. 1.209 avaient entre 50 à 95 ans et 37 entre 30 à 49 ans pour être plus précis. Les chercheurs se sont intéressés au volumevolume de l'hippocampehippocampe, une aire du cerveau importante pour la formation et le stockage de la mémoire. Leurs résultats paraissent dans JAMA Neurology.

    Le volume de l'hippocampe s'est réduit lentement et régulièrement de l'âge de 30 ans jusqu'au milieu de la soixantaine, mais plus rapidement au-delà. Dans l'ensemble, les hommes avaient une moins bonne mémoire que les femmes, surtout après 40 ans, et le volume de l'hippocampe était plus réduit chez les hommes que les femmes, surtout après 60 ans. Une hypothèse pour expliquer ce déclin plus rapide chez les hommes est hormonale : les œstrogènesœstrogènes pourraient aider les femmes à empêcher les dommages aux neuronesneurones du cerveau jusqu'au milieu de leur vie.

    <em>Pet Scan</em> d’un cerveau en bonne santé et d’un cerveau atteint d’Alzheimer à un stade précoce. © Institut Douglas, flickr, cc by nc nd 2.0

    Pet Scan d’un cerveau en bonne santé et d’un cerveau atteint d’Alzheimer à un stade précoce. © Institut Douglas, flickr, cc by nc nd 2.0

    Les accumulations amyloïdes augmentent après 70 ans

    Les chercheurs ont aussi utilisé des Pet scansPet scans pour étudier l'accumulation amyloïde dans les cerveaux des participants. Ils ont observé qu'il n'y avait pas de différences entre les hommes et les femmes. Globalement, les niveaux d'amyloïde étaient bas chez la plupart des gens avant l'âge de 70 ans, mais augmentaient ensuite.

    Dans l'ensemble, le volume de l'hippocampe et la mémoire n'étaient pas différents, que les individus portent ou pas l'allèle de prédispositionprédisposition à la maladie d’Alzheimer. Mais après 70 ans, ceux qui portaient l'allèle APOE ε4 avaient significativement plus d'amyloïde que les autres. L'âge auquel 10 % de la population était positive à l'amyloïde était de 57 ans pour ceux qui portaient cet allèle et 64 ans pour les autres.

    En définitive, l'aggravation de la mémoire et du volume de l'hippocampe a lieu plus tôt que l'accumulation de l'amyloïde. Ceci suggère que, en milieu de vie, les dépôts amyloïdes ne sont pas responsables de la perte de la mémoire ou du volume de l'hippocampe. La maladie d'Alzheimermaladie d'Alzheimer et les dépôts amyloïdes se mettent en place plus tardivement, dans un contexte préexistant de déclin cognitif et structural lié au vieillissement.