Depuis les obsèques de Nelson Mandela, tout le monde sait ce qu’est un selfie. Cette mode anodine en vogue auprès des adolescents pourrait avoir des conséquences sanitaires. À en croire une spécialiste des poux, ces autoportraits seraient une aubaine pour ces parasites capillaires, qui profiteraient des photos de groupes pour trouver de nouveaux terrains de jeux.

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    Narcissique, égocentré, dangereux, futile... Les pratiques tendances des adolescents font souvent l'objet de critiques de la part d'adultes qui ont probablement oublié leur propre jeunesse. Le selfieselfie, qui consiste à se prendre en photo, seul ou entre amis, à l'aide de son smartphone, ne fait pas exception. La dernière en date émane de Marcy McQuillan, médecin états-unienne au centre de traitement antipoux Nitless Noggins (Scotts Valley, Californie), qui constate une recrudescence des consultations de jeunes qui ont des parasitesparasites plein la tête. Enfin une excuse valable ?

    Le contexte : Obama, victime de la mode du selfie

    Tout le monde se souvient de l'événement de décembre dernier : le monde entier avait les yeuxyeux rivés sur le stade de Soweto, Afrique du Sud, pour rendre un dernier hommage à Nelson Mandela. Dans les tribunes, une massemasse d'anonymes, mais aussi les principaux chefs d'États et autres personnalités du monde entier. Lors de cet événement planétaire, un nouveau mot est entré dans le vocabulaire d'une grande partie de la population. Car on a pu y constater l'amitié qui lie Barack Obama (président des États-Unis), David Cameron (Premier ministre britannique) et Helle Thorning-Schmidt (Premier ministre du Danemark). Les trois dirigeants ont été surpris en train de se photographier ensemble dans ce qui s'appelle un selfie.

    Si le mot est devenu célèbre à cette occasion, la mode n'est pas nouvelle. Les adolescents aiment se créer des souvenirs et se photographient régulièrement, seuls ou entre amis, de la même façon que les chefs d'États. Tenu à bout de bras, l'appareil photo du smartphone manque de recul, et pour que tout le monde entre dans le cadre, les têtes se touchent, en signe d'amitié. Une pratique inoffensive, à côté des habitudes parfois dangereuses auxquelles nous habituent les adolescents, la neknomination étant la dernière en date. Mais est-ce vraiment si peu risqué ?

     Le selfie est devenue une telle mode que même le rover martien Curiosity, sillonnant la Planète rouge depuis août 2012 s’est prêté au jeu ! Mais lui ne risque pas d’attraper des poux ! © Nasa, DP

    Le selfie est devenue une telle mode que même le rover martien Curiosity, sillonnant la Planète rouge depuis août 2012 s’est prêté au jeu ! Mais lui ne risque pas d’attraper des poux ! © Nasa, DP

    Les données du problème : au bonheur des poux

    Marcy McQuillan livre au site californien sfist.com le constat qu'elle a fait l'an dernier. Elle y explique que si elle était auparavant habituée à traiter les poux sur la tête des jeunes enfants, public le plus concerné, elle voit défiler de plus en plus de collégiens et de lycéens en consultation. Un changement inattendu.

    « J'ai interrogé chaque adolescent que j'ai traité au sujet des selfies, et ils ont reconnu qu'ils se prenaient en photo tous les jours » précise-t-elle. Une mode donc bien ancrée, qui facilite le contact des cheveux. Quelle aubaine pour les poux qui profitent de cette belle occasion pour élargir leur champ d'action ! Ils s'accrochent de leurs 6 pattes aux poils de la tête et percent le cuir chevelu à la recherche du sang qui va les nourrir.

    Une situation qui semble inquiéter la chasseuse de lentes : « je pense que les parents doivent être conscients de la situation, et les adolescents également. Les selfies sont drôles, mais les conséquences sont réelles ».

    L’œil extérieur : des modes destructrices… ou protectrices

    Effectivement, le traitement antipoux exige de la patience et de l'acharnement car ces petites bêtes ne se laissent pas attraper si facilement. Mais leur élimination ne relève pas non plus du miracle. Certes, il s'agit d'un problème sanitaire qui pourrait gagner de l'ampleur, mais cette observation de Marcy McQuillan demande à être vérifiée par des études portant sur un panel bien plus représentatif de médecins et de sujets. La réflexion a au moins le mérite d'être lancée.

    Mais alors que les poux de tête doivent se réjouir de cette nouvelle mode des adolescents, d'autres pratiques récentes causent un ravage parmi les poux de pubis, ou morpions : l'épilation du maillot. La tendance étant à l'intégrale ou à la brésilienne, le terrain de jeu de ces parasites se restreint fortement, à tel point que des scientifiques tirent la sonnettesonnette d'alarme. Après la déforestationdéforestation et l'épilation qui détruisent progressivement les espècesespèces, les adeptes du selfie ne seraient-ils pas en train de défendre la biodiversitébiodiversité ?

    Chronique Science décalée

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    Pourquoi une rubrique Science décalée ? Cette chronique hebdomadaire a pour ambition de montrer que la science peut aussi être drôle et inattendue, et surtout qu’elle brasse vraiment tous les domaines possibles et imaginables. Ainsi, on peut faire du sérieux avec du farfelu, et de l’humour avec des sujets à priori peu risibles. Chaque semaine donc, nous sélectionnons l’info la plus étrange ou surprenante pour vous la faire partager le dimanche, entre le fromage et le dessert.