Une expérience menée à l’aide d’un serpent et de volontaires plus ou moins courageux a permis à des scientifiques de cartographier la zone associée au courage dans le cerveau. Phobiques, paniqués chroniques, votre courage pourra peut-être être réactivé !

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    Le cerveau se divise en plusieurs lobes, chacun présentant une fonction particulière. © WriterHound / Licence Creative Commons

    Le cerveau se divise en plusieurs lobes, chacun présentant une fonction particulière. © WriterHound / Licence Creative Commons

    Le cerveau est un organe complexe, divisé en plusieurs lobes : frontalfrontal, occipital, temporaltemporal et pariétal, en fonction de leur place par rapport au crâne. Chacun des lobes possède une fonction assez globale. Le lobe frontal est impliqué dans les émotions, ce qui construit notre personnalité, alors que le lobe pariétal est impliqué dans la perception sensorielle. Ces lobes sont encore découpés en régions plus petites, dont certaines sont très bien caractérisées. Ainsi, l'aire de Wernicke et l’aire de Broca sont impliquées dans le langage, la première permettant la compréhension et l'autre la production de la parole.

    Bref, chaque zone du cerveau a une fonction bien précise et beaucoup d'entre elles sont bien définies. La peur a elle aussi été beaucoup étudiée et les zones activées lorsqu'elle survient sont connues. En revanche, rien n'a encore été fait sur la caractérisation des zones impliquées dans le courage. D'ailleurs existe-t-il vraiment une zone du courage ?

    D'après une publication parue dans le journal Neuron, des chercheurs du Weizmann Institute of Science en Israël pensent l'avoir identifiée. Ils ont pour cela utilisé une méthode assez surprenante : des volontaires ont été placés dans un IRM, de telle sorte que les zones actives du cerveau puissent être immédiatement enregistrées. A côté de la machine, le stimulus était constitué d'un petit chariot glissant le long d'un rail, sur lequel était attaché soit un ours en peluche, soit... un serpent ! Pas vénimeux, non, mais le mètre cinquante du reptilereptile était largement suffisant pour activer la zone de la peur.

    Le stimulus de l'étude était soit un ours en peluche, soit un magnifique serpent d'un mètre cinquante de long. © <em>Neuron</em>

    Le stimulus de l'étude était soit un ours en peluche, soit un magnifique serpent d'un mètre cinquante de long. © Neuron

    Faire avancer ou reculer le serpent…

    Les volontaires de l'étude étaient des patients effectivement effrayés par des serpents mais qui étaient tout de même décidés à tenter de surmonter leur peur et donc d'affirmer leur courage. L'IRM étant une machine très étroite, les volontaires ne pouvaient pas fuir : leur seule option était de modifier la distance entre le serpent et eux. Un bouton leur permettait de réduire ou d'augmenter la distance par à-coups de 11 centimètres, et ce de manière répétée. L'avancée du serpent était considérée comme un geste courageux, alors que le recul était clairement un geste provoqué par la peur.

    La comparaison des scans du cerveau a permis d'identifier les différentes zones activées en fonction de la situation. C'est ainsi que la zone du cortex cingulaire antérieur subgénual, ou sgACC, n'a été retrouvée activée que lors du rapprochement voulu du serpent et était accompagnée d'une diminution des marqueurs de la peur, comme par exemple la sudationsudation. Les chercheurs ont donc conclu que la zone dédiée au courage est située dans le sgACC.

    Ces travaux sont précurseurs pour plusieurs raisons : non seulement ils ont eux-mêmes permis de caractériser pour la première fois une des zones du courage dans le cerveau, mais en plus ils ouvrent la voie dans la conception d'expériences pour en identifier potentiellement d'autres. En effet, rien n'indique qu'elle soit unique et il est possible qu'une ou plusieurs autres régions soient activées lorsque quelqu'un risque sa vie pour sauver des personnes en danger.

    Toutefois, ces travaux permettent de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau en réponse à la maîtrise de la peur. L'activation de cette zone précise du cerveau par stimulationstimulation magnétique ou par le biais de médicaments pourrait permettre dans le futur de traiter des patients atteints de troubles de la gestion de la peur.