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    Les attaques de requins

    Les attaques de requins

    Quelle est l'origine de la relation Homme-requin ? Pourquoi l'Homme en a-t-il si peur ? Et cette peur est-elle justifiée ?

    Ces photos en contre-plongée sont inédites et montrent ce que voient les requins avant une attaque sur l'Homme... © L. Beche

    Ces photos en contre-plongée sont inédites et montrent ce que voient les requins avant une attaque sur l'Homme... © L. Beche 

    Homme et requin : une histoire de territoire

    Qui a commencé à transgresser le territoire de l'autre et à dépasser les limites autorisables ?

    La pêchepêche ou la chasse, comme moyen de subsistance, sont des actes ancestraux vitaux dont personne ne remet en cause les pratiques.

    Cette photo reproduit la vision du requin... © L. Beche

    Cette photo reproduit la vision du requin... © L. Beche

    L'Homme a tendance à oublier que les requins sont chez eux dans les océans et que c'est à nous de nous adapter à leur environnement et non le contraire. Le développement des activités humaines à proximité des côtes est en grande partie responsable de l'acquisition des comportements agressifs des squales.

    Les déchets offerts aux requins

    Déverser des déchets organiques sous toutes les formes dans les océans est une véritable aubaine pour tous les prédateurs marins, de façon directe ou indirecte en permettant la création de chaînes alimentaireschaînes alimentaires dont les squales forment le dernier maillon. Les repas faciles offerts sur des plateaux représentent aux yeuxyeux des requins une économie d'énergie en ce qui concerne la recherche de nourriture. Les espècesespèces côtières ou récifales en font allégeance quotidiennement au détriment parfois des baigneurs ou autres pratiquants de sports subaquatiques.

    Les déchets des humains attirent les requins vers les côtes. © Fanouze

    Les déchets des humains attirent les requins vers les côtes. © Fanouze

    La Réunion, cette île tropicale est une excellente plateforme d'observation biologique des requins. La quasi-totalité des attaques s'explique par des lieux propices et des périodes précises sous influence de conditions abiotiquesabiotiques et notamment de pluviométrie. Le relief de l'île est entaillé de nombreuses et profondes ravines où vont s'entasser des ordures, d'ordre ménagère ou de matériaux divers...

    À la place d'un requin ! © L. Beche

    À la place d'un requin ! © L. Beche

    Le problème est que ces ravines drainent l'eau pluviale, emportant avec leur débitdébit sporadique tous les déchetsdéchets organiques (cadavres d'animaux domestiques, reliquats de nourritures...) et tous les organismes, comme les crapauds, les lézards, les escargots...) piégés par ces débits torrentiels jusqu'à la mer. Cet apport va créer en quelques heures les bases potentielles d'une chaîne alimentaire. Des interactions entre les composants faunistiques du littoral et les prédateurs de la zone, dont les requins, s'établissent naturellement. Dans des eaux turbides, chargées de particules minérales et organiques, après de fortes pluies ou des cyclonescyclones, des attaques sur l'Homme sont dès lors possible et s'expliquent de façon logique. Certains drames locaux (1994, 1995, 1996) sont dus à la somme de conditions suffisantes pour qu'un requin passe à l'attaque sur des êtres humains : eaux turbides, rejets en mer de déchets, fortes pluies localisées drainées dans les ravines ou débordement de plans d'eaux stagnantes...

    Pourquoi les requins s'approchent-ils du littoral après les pluies ou les cyclones ? ©

    Pourquoi les requins s'approchent-ils du littoral après les pluies ou les cyclones ? ©

    Dominer son territoire

    La faim n'est pas toujours la seule explication des attaques à notre encontre. Ces animaux évoluent dans un milieu où des milliers d'informations (chimiques, physiques...) leur arrivent et doivent être analysées. Le leitmotiv de toute espèce est de pouvoir survivre (donc de manger) afin d'essayer de se reproduire pour perpétuer une descendance. Le plus fort résistera et gagnera sa place parmi les dominants.

    Avant une attaque de requin. © L. Beche

    Avant une attaque de requin. © L. Beche

    Quand les six sens des requins captent et analysent la situation présente, la réponse de l'animal est en relation avec son environnement. La morsuremorsure étant un des moyens de défendre son territoire ou alors de se procurer à manger. Un nageur, surfeur, véliplanchiste entraîne des perturbations dans le milieu, qu'elles soient visuelles, sonores, odorantes ou tactiles. Ces agressions ne sont pas dirigées contre l'Homme, elles le sont en prévision d'une éventuelle attaque à leur encontre, d'une défense de leur territoire ou tout simplement d'un simple prélèvement alimentaire, geste vital et primitif dans l'absolu. Le problème est que la puissance de ces animaux fait que chaque attaque sur l'Homme conduit à des dégâts considérables. Selon le fichier international des attaques de requins, 50 à 75 humains sont la cible des squales, 8 à 12 étant fatales.

    Le requin défend son territoire d'une éventuelle attaque. © Fanouze

    Le requin défend son territoire d'une éventuelle attaque. © Fanouze

    Le shark feeding et autres attitudes à risques

    Si nous arrivons à enlever la dimension humaine à ces accidentsaccidents et que nous essayons de relativiser la situation en comparant des faits non anecdotiques pour tenter d'expliquer ou du moins de dédramatiser les actes de ces animaux, un grand pas aura été fait... Des hommes sont morts pour avoir voulu faire du rodéo sur des requins nourrices, blessés par des requins baleine après s'être accrochés à leur queue... Autant d'exemples qui montrent que la bêtise est universelle. Il y a et ce n'est qu'un début, des accidents lors de séances de shark feedingshark feeding, sport à la mode qui consiste à nourrir des requins en milieu océanique. La rapiditérapidité d'enlever sa main étant une des contraintes de l'exercice sportif dans sa splendeur. S'il y a incident, l'étude statistique va comptabiliser ce fait... Le conditionnement alimentaire des poissonspoissons en général est bien connu des spécialistes. La crainte de l'Homme, sur ces sites, disparaît en quelques jours et des repas faciles ne font que renforcer l'attitude virile des requins envers les plongeurs.

    La main d'un plongeur ne fait pas le poids face à la mâchoire d'un requin. © P. Mespoulhé

    La main d'un plongeur ne fait pas le poids face à la mâchoire d'un requin. © P. Mespoulhé

    Conclusion sur les attaques de requin

    Sur les quelque quatre cents espèces de requins, une trentaine sont potentiellement dangereuses, douze de celles-ci ont déjà tués et six font indiscutablement partie des « tueurs ». Dire que les requins sont des mangeurs d'Hommes est une erreur. Au vu de leur panoplie d'organes sensoriels, de leur puissance et de leur répartition cosmopolite, le nombre d'accidents sur l'Homme dans le monde indiquerait une faible rentabilité dans leur technique de chasse.

    Dessin d'aileron de requin. © DR

    Dessin d'aileron de requin. © DR

    Nous nous devons de connaître un certain nombre de choses avant de pénétrer leur territoire, c'est valable pour d'autres espèces animales. L'attaque n'est que la phase ultime d'un comportement de protection d'un territoire (espace vital), d'une phase alimentaire ou d'un maintien d'une distance de sécurité envers un congénère. Elle est souvent accompagnée d'avertissements visuels (nages saccadées, virages brusques, charges d'intimidation, virages serrés) ou physiques (bousculades, frottements...) qui ne sont en fait que des avertissements. À nous de décrypter ces codes.

    Le problème est que ce décodage n'a pas lieu dans les temps où n'est pas perçu comme tel. La conclusion, avec des animaux puissants, est navrante pour les victimes. Au vu du rapport annuel attaques/décès, le faible ratio confirme que l'Homme n'est pas une cible pour les requins. Il se trouve parfois sur le chemin d'un animal prédateur dangereux pour notre espèce.

    Les requins ne représentent qu'un faible danger pour notre espèce. Tuer, pour eux est une façon de se protéger et de survivre, dans leur contexte océanique de plus en plus difficile.