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    Une huître peut fabriquer naturellement une perle suite à l'introduction d'un corps étranger sous sa coquille. Qu'en est-il des perles de culture ? Comment sont-elles obtenues ?

    Perles de culture issues d'une huître <em>Pinctada maxima</em>. © The_Wookies, CC by 2.5
    Perles de culture issues d'une huître Pinctada maxima. © The_Wookies, CC by 2.5

    Collecte du naissain d'huîtres

    La première étape est celle de la collecte du naissain (les larveslarves). Un des facteurs clés de réussite de la perliculture tient dans la collecte abondante du naissain d'huîtres, matière première des élevages. Les collecteurs sont constitués de bandes de matière synthétique (toile d'ombrage), disposées en nœud papillon ou en « queue de chat », et sont suspendus à quelques mètres sous la surface de l'eau à des filières. Ils sont placés de manière empirique toute l'année et restent entre 12 et 24 mois à l'eau pour produire des juvéniles de 5 à 10 centimètres.

    Naissain capté sur des collecteurs immergés dans un lagon. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits
    Naissain capté sur des collecteurs immergés dans un lagon. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits

    Une phase d'élevage complémentaire est nécessaire pour atteindre la taille de greffegreffe, comprise entre 9 et 11 centimètres. La coquille de chaque juvénile est percée au niveau d'une « oreille » et les huîtres sont attachées par un nylon le long d'une cordelette de deux mètres, qui constituera un chapelet suspendu à une filière de sub-surface. Cette phase dure de 3 à 12 mois.

    Chapelets d'huîtres sur filières. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits
    Chapelets d'huîtres sur filières. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits

    Greffe des huîtres : un nucléus et un greffon dans la poche perlière

    La deuxième étape est la greffe, qui consiste en plusieurs opérations. Les huîtres receveuses sont greffées à partir de l'âge de deux ans pour que la taille de la poche perlière puisse permettre l'introduction d'un nucléus sans trop engendrer de lésions au niveau des tissus de l'huître receveuse.

    À gauche, un bateau et, à droite, au second plan, le « <em>fare</em> greffe », ce petit bâtiment souvent sur pilotis où les greffeurs réalisent les greffes. © Service de la perliculture, tous droits de reproduction interdits
    À gauche, un bateau et, à droite, au second plan, le « fare greffe », ce petit bâtiment souvent sur pilotis où les greffeurs réalisent les greffes. © Service de la perliculture, tous droits de reproduction interdits

    L'opération de greffe consiste à insérer deux éléments dans la « poche perlière » :

    • un nucléus (petite perle de taille variable) ;
    • un greffongreffon (morceau de tissu de un millimètre de côté découpé dans le manteaumanteau d'une huître donneuse).

    Les valves de la coquille de l'huître à greffer sont écartées avec des pinces pour laisser passer les outils de greffe (micro-couteau, pince pour prélever et déposer le nucléus dans la poche perlière, pointe pour prélever le greffon).

    Une petite incision est alors pratiquée à la base de la glandeglande byssogène de l'huître et le greffon est poussé par cette ouverture dans la poche perlière. Le nucléus est introduit à son tour de telle sorte qu'il soit au contact du greffon.

    Différentes tailles de nucléus. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits
    Différentes tailles de nucléus. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits

    Développement du sac perlier et dépôt de nacre

    Une fois inséré dans l'huître receveuse, le greffon fusionne avec les tissus de l'huître receveuse et un sac perlier se développe autour du nucléus. Par ses sécrétionssécrétions organiques et minérales, le sac perlier joue un rôle primordial dans le dépôt des couches de nacre autour du nucléus. C'est le point de départpoint de départ de la future perle. Suit une phase importante d'environ 45 jours, durant laquelle interviennent les phénomènes de rejet du nucléus et de mortalité post-greffe.

    Les outils de greffe. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits
    Les outils de greffe. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits

    Perles keshi et taux de réussite

    L'opération de greffe est un processus traumatisant et certaines huîtres rejettent leur nucléus ou meurent. Certaines peuvent produire de petites perles baroques sans nucléus que l'on appelle des keshi.

    Découpe du manteau de l'huître donneuse pour la préparation des greffons. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits
    Découpe du manteau de l'huître donneuse pour la préparation des greffons. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits

    Celles qui survivent et qui retiennent le nucléus sont élevées en chapelet sur filières. La durée de la phase de perliculture nécessaire pour former une couche de nacre est d'environ 18 mois pour obtenir une épaisseur de 0,8 millimètre.

    Un greffeur en pleine action. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits
    Un greffeur en pleine action. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits

    Les taux de réussite dépendent de nombreux paramètres :

    • état physiologique des huîtres destinées à la greffe ;
    • habileté et expérience du greffeur ;
    • qualité du nucléus ;
    • conditions dans lesquelles s'est effectuée la greffe ;
    • conditions d'élevage des huîtres avant et après la greffe...
    Une perle, par transparence, dans la poche perlière avant la récolte. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits
    Une perle, par transparence, dans la poche perlière avant la récolte. © Ifremer, tous droits de reproduction interdits

    Sur 100 individus greffés :

    • environ 20 meurent dans le mois qui suit ;
    • 20 rejettent le nucléus ;
    • 5 à 10 meurent en cours d'élevage ;
    • seules 25 à 30 huîtres donnent des perles commercialisables.

    Récolte des perles

    Dix-huit mois environ après la greffe, les perles sont ensuite récoltées sans sacrifier l'huître. Si la perle est de qualité exceptionnelle, une seconde greffe est alors réalisée avec un nucléus de la taille de la perle récoltée. C'est que l'on appelle une « surgreffe ». Les huîtres peuvent être ainsi greffées deux à trois fois, la taille de la perle obtenue étant de plus en plus grande.