Une température d’incubation plus élevée que la normale favorise la naissance de lézards de grandes tailles. Mais qu’en est-il de leur intelligence ? Elle s'améliore aussi, affirme une étude australienne. Pour une fois, le réchauffement climatique pourrait avantager une espèce.

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    Les lézards rayés Bassiana duperreyi sont insectivores. Ils vivent dans le sud-est de l'Australie. Ils pourraient profiter du réchauffement climatique pour devenir plus intelligents. © Onesland, Wikipedia Commons

    Les lézards rayés Bassiana duperreyi sont insectivores. Ils vivent dans le sud-est de l'Australie. Ils pourraient profiter du réchauffement climatique pour devenir plus intelligents. © Onesland, Wikipedia Commons

    La température d’incubation est un facteur déterminant pour le développement de nombreux organismes. Chez les reptiles, elle influence le sexe, la taille et la forme des individus. Par exemple, une température élevée favorise le développement de lézards de grandes tailles. Le sex-ratio peut également être affecté. Les œufs incubés à de basses températures donnent majoritairement naissance à des mâles. Par conséquent, le réchauffement climatique pourrait avoir des conséquences sur des populations de reptiles.  

    En Australie, la température moyenne des nids de lézards rayés Bassiana duperreyi a augmenté de 1,5 °C entre 1997 et 2006. Les femelles ont essayé de s'adapter en creusant des abris plus profonds et en anticipant la période de ponte. Mais ont-elles raison d'agir de la sorte ?

    Rick Shine et Joshua Amiel, de l'université de Sydney, ont décidé de répondre à cette question en analysant l'influence de la température d'incubation sur l'intelligenceintelligence de ces lézards. Leurs résultats sont publiés dans Biology letters.

    Durant les expériences, 23 spécimens femelles ont été capturés dans le milieu naturel. Leurs œufs, produits en laboratoire, ont été séparés en deux lots incubés à des températures moyennes différentes : 16 °C et 22 °C. Un mois après leur éclosion, les jeunes lézards ont subi plusieurs tests d'évasion.

    Lors de l'incubation, tous les œufs de lézards rayés <em>Bassiana duperreyi </em>ont été séparés les uns des autres afin de diminuer d'éventuels biais. © Joshua Amiel, <em>University of Sidney</em>

    Lors de l'incubation, tous les œufs de lézards rayés Bassiana duperreyi ont été séparés les uns des autres afin de diminuer d'éventuels biais. © Joshua Amiel, University of Sidney

    Le réchauffement, positif pour l’apprentissage des lézards ?

    Des individus des deux lots ont été placés individuellement dans une arènearène (à 24 °C) abritant deux abris parfaitement identiques en apparence. Mais l'entrée de l'un d'eux est obstruée par une plaque de plexiglas transparente. Les lézards ont été stimulés à l'aide d'un pinceau et leurs réactions de fuite ont été enregistrées. Les tests étaient positifs lorsque les reptiles parvenaient à se réfugier dans l'abri accessible. Cette expérience a été reproduite 16 fois en 4 jours pour chaque spécimen.

    Le premier jour, les deux groupes ont commis le même nombre d'erreurs. Mais ensuite les reptiles s'étant développés à la plus haute température se sont de moins en moins trompés. À la fin du seizième essai, seul 1 lézard incubé à 22 °C sur 12 a choisi le mauvais abri, contre 4 sur 9 pour les individus du second lot.

    Ces observations ont été confirmées par les résultats du calcul du « taux d'apprentissage ». Le nombre de fuites réussies durant les 8 premiers essais a été soustrait au score obtenu lors des 8 tests suivants. Un résultat positif caractérise un lézard ayant tiré des conclusions de ses erreurs. Les reptiles élevés à 22 °C ont obtenu un score de 1,58 contre -1,11 pour les autres. 

    Dans un contexte moins expérimental, le réchauffement climatique pourrait donc provoquer une augmentation des capacités d'apprentissage des lézards et donc accroître leurs chances de survie face à des prédateurs. Ces reptiles devraient donc devenir plus intelligents...

    Certains scientifiques précisent néanmoins que chaque espèce a une température optimale d'incubation au-delà de laquelle des dégâts physiologiques pourraient survenir. Les effets du réchauffement climatiqueréchauffement climatique ne seraient bénéfiques que temporairement et à une échelle locale.