Les vignes ont désormais un nouvel ennemi : un papillon défoliateur baptisé Antispila oinophylla. Cette mineuse, qui sévit dans les vignobles du nord de l'Italie depuis quelques années, est, révèle une nouvelle étude, d'une espèce encore jamais décrite. Les tests moléculaires l'affirment.

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    Antispila oinophylla a été différencié des autres lépidoptères du même genre grâce au barcoding de la région COI de l'ADN mitochondrial. © Nieukerken et al. 2012, Zookeys

    Antispila oinophylla a été différencié des autres lépidoptères du même genre grâce au barcoding de la région COI de l'ADN mitochondrial. © Nieukerken et al. 2012, Zookeys

    Il s'attaquait aux vignobles italiens depuis 2006 mais le nom de cet insecte était jusqu'alors inconnu, car confondu avec une espèce de papillon américain. Des analyses moléculaires ont permis de faire la lumièrelumière sur ce parasite : il s'agit bien d'une nouvelle espèce, Antispila oinophylla.

    Ce papillon hétérocère, de la famille des héliozélidés, est une mineuse. Les œufs sont pondus à l'intérieur des feuilles de l'hôte et les larves se nourrissent de parenchymeparenchyme, provoquant la défoliation et donc l'affaiblissement général de la plante. 

    Antispilla oinophylla : mineuse des vignes italiennes

    Mais pas n'importe quelle plante puisque ce sont les vignes (Vitis vinifera) du nord de l'Italie que ce ravageur cible principalement. D'où son nom qui signifie littéralement feuille (phylla) de vin (oinos). Il fait preuve de goûts assez sélectifs, s'attaquant principalement aux plants de chardonay, de cabernet sauvignon et de muscat.

    Dégâts provoqués par les larves d'<em>Antispila oinophylla</em> sur une feuille de vigne (<em>Vitis vinifera</em>). © Nieukerken <em>et al.</em> 2012, <em>Zookeys</em>

    Dégâts provoqués par les larves d'Antispila oinophylla sur une feuille de vigne (Vitis vinifera). © Nieukerken et al. 2012, Zookeys

    Des hôtes bien distincts de la vigne vierge, ciblée par le parasite avec lequel A. oinophylla était jusqu'à maintenant confondu, Antispila ampelopsifoliella. Les deux espèces se ressemblent à s'y méprendre. Un barcoding moléculairebarcoding moléculaire a néanmoins permis de les différencier.

    Cette technique, qui consiste à scanner une partie du génomegénome mitochondrial, permet de déterminer à quelle espèce appartient un organisme. C'est d'ailleurs ce que les chercheurs américains, hollandais et italiens, qui présentent leurs résultats dans Zookeys, ont cherché à savoir. Mais ils se sont rendu compte que les insectes étudiés ne correspondaient à aucune espèce déjà connue. Ainsi naquit Antispila oinophylla.

    Origine américaine et introduction inconnue

    L'insecte est également présent en Amérique du Nord, du nord de la Géorgie à l'Ontario mais jusqu'à présent, peu d'attention lui avait été portée, en partie parce qu'il ne s'attaque pas aux vignes de ces régions. C'est d'ailleurs de là qu'il est originaire.

    Comment a-t-il été introduit en Europe ? Les chercheurs l'ignorent. Ils supposent cependant qu'il aurait traversé l'Atlantique caché dans une plante importée. Des analyses futures permettront sans doute de le confirmer.

    Pour l'instant, A. oinophylla n'a pas causé de gros dégâts économiques. La présence de guêpes parasitoïdes, comme celles de la famille des eulophidés, permet de réguler ce type de ravageurs. Toutefois, la défoliation, dans certaines vignes italiennes, est assez importante pour que les viticulteurs s'en inquiètent. En cas d'accroissement brutal des populations du ravageur, l'utilisation de ces hyménoptères en tant qu'agent de lutte biologique apparaîtra probablement comme la meilleure solution.