Le rire serait commun non seulement à tous les humains, et cela indépendamment de la culture, langue ou ethnie, mais aussi à leurs ancêtres primates depuis 10 à 16 millions d’années. Une analyse des rires humains et animaux a servi à un orginal travail de classification, au même titre que des caractères morphologiques ou physiologiques.

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    Marina Davila Ross en plein travail sur un jeune orang-outan. Crédit : Miriam Wessels/University of Veterinary Medicine

    Marina Davila Ross en plein travail sur un jeune orang-outan. Crédit : Miriam Wessels/University of Veterinary Medicine

    Charles DarwinDarwin lui-même avait déjà remarqué que de nombreux singes ou d'autres mammifères émettaient des bruits rythmés évoquant le rire ou des bruits assimilés durant le jeu social. Mais personne, jusqu'ici, n'avait systématiquement comparé le rire des animaux chez différentes espèces de primates, en particulier les grands singes.

    Marina Davila Ross, zoologistezoologiste et psychologue spécialisée dans l'étude des rapports entre primates et humains à l'Université de Portsmouth (Grande-Bretagne) et ses collègues ont effectué, dans divers zoos, plus de 800 enregistrements du rire de 22 jeunes gorilles, chimpanzés, bonobosbonobos, orangs-outans et d'un siamang. Ces animaux à leur stade juvénile se mettent très facilement à rire lorsque leurs gardiens leur chatouillent les pieds, les paumes des mains ou les aisselles.

    Le classement phylogénétique du rire

    Ces rires ont ensuite été comparés à ceux de trois bébés humains enregistrés dans les mêmes conditions et provoqués par des stimuli identiques, avant d'être intégrés dans un classement phylogénétiquephylogénétique où est aussi prise en compte l'ancienneté de l'espèce concernée.

    Les chercheurs ont ainsi établi que le rire n'est pas une caractéristique nouvelle ni propre à l'Homme. Selon eux, il s'inscrit dans l'évolution de l'espèce depuis ses ancêtres communsancêtres communs depuis 10 à 16 millions d'années. Le rire de l'Homme se distingue toutefois nettement de celui des grands singes, parce que ses modifications évolutionnaires ont été plus rapides au cours des dernières cinq millions d'années.

    En dépit des différences constatées entre le rire des grands singes et de l'espèce humaine, une similitude inattendue a été découverte. En effet, les gorilles et les bonobos expriment des rires d'une duréedurée de trois à quatre fois supérieure à un cycle respiratoire moyen. Autrement dit, ces animaux arrivent parfaitement à contrôler leur respiration, une étape essentielle selon les scientifiques pour aboutir à l'acquisition du langage chez les humains.

    Dans l'arbrearbre évolutionnaire élaboré par Marina Davila RossRoss, les humains sont les plus proches cousins des bonobos et des chimpanzés, étant plus éloignés des gorilles et plus encore des orangs-outans.