Selon des experts de la FAO, les populations de méduses seraient en augmentation en Méditerranée et en mer Noire, au point d’affecter les réserves halieutiques. Les quotas de pêche devraient donc tenir compte de ces animaux gélatineux. Des préconisations ont également été faites pour réduire leur nombre. L’une d’entre elles est évidente : mangeons-les !

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    Les proliférations de méduses sont-elles de plus en plus fréquentes ? Cette interrogation récurrente paraît tout à fait légitime, car les médias rapportent chaque année un nombre croissant de situations où ces cnidaires posent problème, que ce soit pour des baigneurs, des pêcheurs, des aquaculteursaquaculteurs, et même des installations nucléaires. En effet, certaines d'entre elles, notamment aux États-Unis ou en Israël, ont déjà eu leurs systèmes de refroidissement partiellement bouchés par ces animaux planctoniques gélatineux.

    Des experts se sont bien évidemment penchés sur la question. En février 2012, un article paru dans la revue BioScience a tout simplement conclu... qu'on ne pouvait rien conclure, par manque de données. Un an plus tard, en janvier 2013, une autre étude publiée dans la revue Pnas est allée plus loin, en démontrant que ces proliférations suivaient un cycle naturel, et qu'il n'y avait pas d'augmentation sur le long terme, soit depuis deux siècles. Dernièrement, les scientifiques de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée de la FAOFAO viennent également de livrer leur avis, mais uniquement sur la situation rencontrée en Méditerranée et en mer Noire.

    Dans leur rapport publié le 30 mai dernier, ils estiment, d'après leur communiqué de presse, que « la forte augmentation des populations de méduses pourrait bien être l'une des causes de la contraction des stocks halieutiques constatée en mer Méditerranée et en mer Noire ». Le document met partiellement en cause le rôle de la surpêche et son cercle vicieux. En capturant les grands prédateurs marins, nous augmentons la survie des méduses puisqu'elles ne sont plus consommées. Le problème est qu'elles se nourrissent de larveslarves de poissonspoissons et de juvéniles, ralentissant ainsi la résiliencerésilience des « populations halieutiques ».

    Les méduses sont notamment consommées au Japon, où elles sont servies en salade après avoir été découpées en lamelles. © luisgosalbez, Flickr, cc by nc 2.0

    Les méduses sont notamment consommées au Japon, où elles sont servies en salade après avoir été découpées en lamelles. © luisgosalbez, Flickr, cc by nc 2.0

    Mangeons les méduses pour les éliminer

    Le rapport pointe également l'influence supposée du réchauffement climatique, de l'eutrophisation et de la bétonisation du littoral (qui offre plus de substratssubstrats pour la fixation des polypes) dans ces problèmes de prolifération. Il propose aussi de tenir compte de l'impact des méduses dans les écosystèmesécosystèmes pour fixer les seuils de référence permettant une pêche durable, puisque la surpêche n'expliquerait pas à elle seule la diminution des stocks de poissons.

    Des mesures pour lutter contre la multiplication des méduses et leurs conséquences sur la filière de la pêche ou de l'aquaculture ont également été avancées. Par exemple, il est suggéré de développer de nouveaux filets qui ne retiendraient pas les cnidaires, ou qui les couperaient (pour éviter leur colmatage), ce qui permettrait aux pêcheurs de pratiquer leurs activités malgré une prolifération. Plus généralement, le rapport préconise de développer les recherches sur ce sujet, tout en adoptant des « systèmes d'alerte précoces signalant le pullulement des méduses, associés à des barrières de protection dans les élevages aquacoles ».

    Mais au fait, pourquoi ne pas simplement profiter de ces animaux à plus large escient, par exemple en développant des produits à base de méduses pour l'alimentation. Oui, pour réduire les populations de ces cnidaires... Mangeons-les ! Pour information, Rhopilema esculenta est une espèceespèce prisée dans certaines cuisines asiatiques. Enfin, le rapport suggère une dernière piste à explorer : la médecine. Ne pourrait-on pas utiliser les méduses pour produire de nouveaux médicaments ? Rappelons que des études sont actuellement menées sur Turritopsis nutricula, ou méduse immortelle, puisqu'elle peut inverser son processus de vieillissement.

    Il reste maintenant à savoir quel éditeur va oser sortir le premier livre de recette dédié à la cuisine des cnidaires.