La liste des animaux utilisant des outils s’allonge de plus en plus. Un ours brun a été vu en Alaska en train de se frotter le museau et la nuque avec une pierre recouverte de crustacés ! Sans tenir compte des primates, il s’agit de la cinquième espèce de mammifère à faire son entrée dans ce groupe. La nature n’a pas fini de nous étonner.

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    L'ours brun peut peser 130 à 700 kg. Debout, il peut atteindre une taille comprise entre 1,5 et 3,5 mètres. © Daniele Colombo, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    L'ours brun peut peser 130 à 700 kg. Debout, il peut atteindre une taille comprise entre 1,5 et 3,5 mètres. © Daniele Colombo, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

    De nombreux animaux utilisent des outils dans leur vie quotidienne. Les chimpanzés sont par exemple capables de manipuler des accessoires de 39 manières différentes (nombre établi en 2006), dont certains depuis plus de 4.000 ans. Ils peuvent entre autres briser des noix avec des pierres ou se servir de brindilles débarrassées de leurs feuilles pour extraire des termites de leur nid. Dernièrement, une étude a même montré que deux individus peuvent s’entraider en échangeant des outils appropriés à la tâche en cours.

    Les primates ne sont pas les seuls à présenter de telles capacités. Les corvidés, autrement dit les corbeaux, ont également beaucoup fait parler d'eux dans ce domaine. Ils sont capables de fabriquer des outils adaptés à leurs besoins (en pliant des fils de ferfer si nécessaire) ou d'utiliser des voituresvoitures comme casse-noix. Des poulpes ont été filmés en 2009 alors qu'ils repéraient, déplaçaient puis exploitaient au mieux des demi-noix de coco afin de se constituer un refuge. Dernièrement, des images révélées au grand public ont montré un poisson Choerodon alors qu'il brisait un coquillage avec une pierre.

    La liste des espèces animales se servant des outils s'allonge encore d'une ligne supplémentaire. Le nouvel arrivant : l'ours brun. L'un d'entre eux a été photographié alors qu'il se grattait le museau et la nuque avec une pierre recouverte de bernacles (des crustacés cirripèdes). L'instrument idéal pour se faire un bon peeling ! Ce comportement surprenant fut observé par Volker Deecke durant un séjour en Alaska, dans le GlacierGlacier Bay National Park. Un article a été publié à ce sujet dans la revue Animal Cognition.

    Cet ours brun se nettoie avec une pierre rugueuse tenue au sein de ses pattes antérieures. Voici une nouvelle espèce capable d'utiliser un outil. © V. Deecke.

    Cet ours brun se nettoie avec une pierre rugueuse tenue au sein de ses pattes antérieures. Voici une nouvelle espèce capable d'utiliser un outil. © V. Deecke.

    Les ours aussi ont droit à leur peeling

    L'ours, Ursus arctos, pourrait employer cette méthode pour soulager des démangeaisonsdémangeaisons ou éliminer la nourriture accrochée à sa fourrure. Les ours utilisent des arbresarbres et des pierres pour se soulager de leurs poils excédentaires durant la muemue. Il n'y a donc rien de surprenant à les observer alors qu'ils se grattent  mais le fait de voir un individu sélectionner une pierre, la manipuler, l'orienter puis l'utiliser pour se frotter, a particulièrement stupéfait l'auteur.

    Selon lui, cette découverte remet en question certains préjugés sur les capacités cognitives des ursidésursidés solitaires. Elle montre que les ours sont capables d'exécuter des actions plus complexes que celles communément admises. L'usage des outils requiert en effet des processus d'apprentissage complexes ainsi qu'une perception spatiale et des capacités motrices avancées. De telles compétences pourraient exister grâce, selon l'auteur, à la taille particulièrement imposante du cerveau de ces carnivorescarnivores par rapport à leur corps, un record au sein de ce groupe.

    L'ours brun serait le cinquième mammifèremammifère, n'appartenant pas au groupe des primates, à utiliser des outils. Les loutres emploient des pierres pour briser des coquillages ou des oursinsoursins. L'éléphant peut se fouetter avec une branche pour chasser des mouches. Des grands dauphins se protègent le rostrerostre au moyen d'éponges lorsqu'ils farfouillent les fonds marins. Et enfin, les baleines à bossebaleines à bosse emprisonnent leurs proies, des poissonspoissons, en sein de véritables pièges d'airair en gérant la libération de leurs bulles.

    L'auteur précise que cette découverte ouvre de nouvelles perspectives. Des études complémentaires sont nécessaires pour caractériser l'utilisation que l'ours fait de ce comportement atypique.