En Angleterre, les oiseaux sont atteints d’un mal obscur. Des centaines d’individus ont été retrouvés sur les plages du sud de l’île, certains morts, d’autres en mauvais état. Tous étaient englués : ils étaient recouverts d’une sorte d’huile visqueuse et inconnue. Un épais mystère règne donc autour de cette nouvelle pollution.

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    La Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals s'est occupée de centaines de guillemots de Troïl retrouvés sur les plages du sud de l'Angleterre. Ils étaient enduits d'une pellicule de fluide visqueux, leurs ailes étaient collées à leur corps. Certains étaient morts. On ne connaît ni l'origine ni la composition de cette sorte d'huile. © RSCA

    La Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals s'est occupée de centaines de guillemots de Troïl retrouvés sur les plages du sud de l'Angleterre. Ils étaient enduits d'une pellicule de fluide visqueux, leurs ailes étaient collées à leur corps. Certains étaient morts. On ne connaît ni l'origine ni la composition de cette sorte d'huile. © RSCA

    Le guillemot de Troïl ressemble à un petit manchot. Il mesure environ 40 cm et vit principalement en haute mer, même s'il lui arrive de rejoindre les côtes durant les périodes de reproduction. GrégaireGrégaire, il pêche en groupe, peut plonger à 30 m de profondeur et se nourrit de petits poissons de bancs. Une activité qui le rend particulièrement sensible aux nappes de pétrole et autres substances visqueuses, car il peut confondre la lumière réfléchie par les étendues huileuses et celle renvoyée par les écailles d'une multitude de poissons.

    La côte sud de l'Angleterre est frappée depuis quelques jours par une pollution qui n'avait jusqu'alors jamais été répertoriée. Des centaines d'oiseaux marins, pour la plupart des guillemots de Troïl, ont été retrouvés enduits d'une substance encore non identifiée, le long des plages situées entre Weymouth et Torquay. La substance a littéralement englué et astreint au sol ces espècesespèces voyageuses.

    Le guillemot de Troïl, également appelé guillemot marmette, se tient debout à la façon d’un manchot. Il excelle dans la chasse sous l’eau, ce qui le rend vulnérable lors de marées noires. © Dick Daniels, cc by sa 3.0

    Le guillemot de Troïl, également appelé guillemot marmette, se tient debout à la façon d’un manchot. Il excelle dans la chasse sous l’eau, ce qui le rend vulnérable lors de marées noires. © Dick Daniels, cc by sa 3.0

    Certains oiseaux ont été retrouvés morts, d'autres très affaiblis. D'après la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals (RSPCA), la plupart d'entre eux avaient les pattes abîmées. Au premier abord, les oiseaux semblent juste mouillés, humides, mais en regardant de plus près, on s'aperçoit que leurs plumes sont collées au corps. Ils sont donc incapables de se nettoyer seuls. La majorité des individus retrouvés a été recueillie au West Hatch Animal Centre de Taunton, mais des animaux ont aussi été trouvés et nettoyés dans le Hampshire et le Sussex.

    Les guillemots sûrement encrassés par les polluants des cargos

    Le produit - une huile minérale raffinée - n'a pas encore été identifiée. Elle est probablement issue d'un composé industriel, largué par un cargo. Toutefois, il n'y a pas eu de rapport d'événement de pollution dans la zone maritime anglaise. La Maritime and Coastguard Agency a alors envoyé d'elle-même un avion de prospection, mais malgré les vues aériennes, rien n'a été détecté.

    Déterminer la source d'émissionémission relève d'une mission impossible. La zone maritime anglaise est un chenal de quelque 50.000 km2 alors que la nappe visqueuse rejetée ne devait sûrement pas dépasser les 2 km2. Cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Récemment, un cas de déversement d'huile de palme a aussi été rapporté. Il avait affecté les oiseaux marins et les côtes, mais la source de rejet n'avait pas été identifiée, bien que l'on soupçonne le lavage de citernes des gros cargos d'en être à l'origine.

    Simon Boxall, du National Oceanography Centre de Southampton, a suspecté que cette espèce d'huile engluée pouvait également provenir de cargos. Les premiers temps, il pensait qu'il s'agissait d'huile de palme, la piste des hydrocarbures ayant été immédiatement évincée. Les premières analyses n'ont toutefois montré aucune trace d'huile de palme. Qu'elle ait été larguée accidentellement ou consciemment par un cargo, cette substance laisse planer le mystère, tant sur sa nature que sur sa provenance.