Il glisse sur les plaques de verglas, tombe du haut des rochers, chute dans l’eau glaciale, atterrit sur ses congénères... Sur les côtes, le manchot connaît bon nombre de gamelles, mais se redresse presque toujours sans une égratignure ! L’animal est robuste et parfaitement adapté à son environnement, tout à fait hostile pour l’Homme. En voici la preuve en vidéo.

au sommaire


    Les manchots sont parfaitement adaptés à leur environnement extrême, même s'ils ont parfois l'airair quelque peu gauche. Dotés d'ailes ne leur permettant plus de voler, ces oiseaux sont plus marins que terrestres, et ont parfois quelques difficultés à se déplacer sur le continent. Bien que dans les eaux australes ils soient d'épatants plongeurs, ces quelques images donnent du sens à leur nomination de « manchot ». Pleine d'humour, voici une compilation des plus belles chutes de manchots filmées durant la réalisation du projet Waddle All the Way.


    Une compilation des meilleures chutes de manchots au cours du tournage de Waddle All the Way. © JohnDownerProd, YouTube

    La vidéo décryptée : des pieds qui ont pourtant inspiré l’Homme

    Ces images, au caractère cruellement humoristique, sont extraites d'un projet produit conjointement par les chaînes DiscoveryDiscovery et BBC. L'objectif était de filmer les colonies de manchots empereurs, de gorfous sauteurs et de manchots de Humboldt de la façon la plus intime possible. Pour cela, le réalisateur John Downer, accompagné d'une équipe de cameramen, a développé quelque 50 caméras camouflées en manchots hyperréalistes. Le projet est de taille : l'équipe a fabriqué des robotsrobots de manchots empereurs, debout ou sur le ventre, équipés de caméras dans les yeuxyeux, des gorfous sauteurs articulés capables de se déplacer et de se redresser après une chute, etc. Certains disposent même d'œufs équipés de caméra ! Le mimétisme est si réussi que quelques manchots se seraient grandement intéressés à leurs homologues robots.

    Dans cette compilation, les oiseaux des eaux australes semblent maladroits. Pourtant, pas une seule de ces chutes n'est fatale : l'oiseau tombe, mais se redresse presque toujours aussi rapidement. Il faut donc bien le reconnaître, ces animaux sont excellemment adaptés aux rudes conditions australes. Les trois espèces sont de grandes plongeuses. Le manchot empereur est le meilleur, capable de plonger à plus de 300 m de profondeur et de remonter en quelques minutes à la surface. Ses os sont extrêmement solidessolides et peuvent supporter 40 fois la pression atmosphériquepression atmosphérique. Les autres oiseaux (ou l'Homme) subiraient de terribles barotraumatismesbarotraumatismes pour le même type de plongée. Une petite chute, comme dans la vidéo, semble donc dérisoire.

    Le transfert de chaleur de l'artère à la veine dans le corps du manchot a inspiré l'Homme, qui s'est servi de ce système pour construire des radiateurs. © www.ornithomedia.com

    Le transfert de chaleur de l'artère à la veine dans le corps du manchot a inspiré l'Homme, qui s'est servi de ce système pour construire des radiateurs. © www.ornithomedia.com

    Par ailleurs, s'il ne semble pas toujours bien tenir dessus, le manchot est doté de pieds hors du commun. Le manchot empereur peut connaître sur le continent antarctique des températures inférieures à -40 °C, et pourtant ses pattes ne gèlent pas. Elles servent de couveuse pour les œufs et permettent au manchot de maintenir sa température corporelletempérature corporelle à 39 °C. En effet, la circulation du sang, allant du cœur vers les pieds, peut entraîner une perte de chaleurchaleur vers l'atmosphère au niveau de la peau. Pour éviter cela, le manchot dispose d'un véritable échangeur de chaleur à contre-courant. Les artèresartères et les veines adjacentes ont des courants sanguins de sens opposés. L'artère amène du sang chaud dans les pieds, et la chaleur du sang dans l'artère est transférée au sang circulant dans la veine. Le sang dans le pied du manchot est alors relativement frais, ce qui évite une déperdition de chaleur trop importante.

    L’après-vidéo : manchots ou gorfous, mystérieux à bien des égards

    Sur les côtes, les pattes du manchot sont de formidables outils thermorégulateurs : sous l'eau, ce sont des gouvernails. Leurs ailes servent quant à elles de nageoires. Toute la morphologiemorphologie de cet animal est adaptée au milieu aquatique : le manchot empereur par exemple est capable de se propulser hors de l'eau à 10 km/h en moyenne. La solidité des os lui permet de piquer jusqu'à au moins 300 m de profondeur, sans barotraumatisme et même sans avoir de problèmes de décompression au diazote. Sa manière de procéder reste mystérieuse.

    John Downer a présenté quelques-uns des robots-caméras qui lui ont permis de réaliser le documentaire <em>Waddle All the Way. </em>De gauche à droite, un gorfou (équipé d’une caméra dans l'œil, et d'un œuf-caméra), un manchot empereur glissant sur le ventre, un manchot de Humboldt avec un œuf-caméra et un gorfou articulé capable de se redresser s'il tombe. © Capture d'écran, BBC

    John Downer a présenté quelques-uns des robots-caméras qui lui ont permis de réaliser le documentaire Waddle All the Way. De gauche à droite, un gorfou (équipé d’une caméra dans l'œil, et d'un œuf-caméra), un manchot empereur glissant sur le ventre, un manchot de Humboldt avec un œuf-caméra et un gorfou articulé capable de se redresser s'il tombe. © Capture d'écran, BBC

    Pour le projet Waddle All the Way, l'équipe de John Downer a également construit des robots-manchots plongeurs. C'est une petite révolution, car sous l'eau, le manchot disparaît rapidement s'il aperçoit un cameraman. Pour ce documentaire, le manchot empereur nageur dispose d'une caméra, et nage comme ses homologues vivants. Il en est de même pour observer les éclosions. Pour ne pas stresser les oiseaux, l'équipe a posé des caméras en forme d'œuf, qui ont ensuite été remplacées par des robots de bébés manchots. Le projet a duré plus d'un an, et 1.000 heures ont été enregistrées au total. Les manchots empereurs ont été observés 330 jours consécutifs, ce qui fait de cette surveillance la plus longue jamais réalisée. Au-delà de la robustesse de ces oiseaux, ces vidéos devraient donc éclairer sur bien des caractéristiques comportementales encore ignorées à ce jour.

    Chronique : l'extrême en vidéo

    ---------------

    Publiée toutes les deux semaines sur Futura-Sciences, la chronique L’extrême en vidéo décrypte des phénomènes naturels ou des exploits humains à couper le souffle. La nature déchaînée, mystérieuse ou étonnante, et les Hommes qui risquent leur vie pour l'explorer seront les thèmes de ces séquences spectaculaires que nous analyserons avec l'œil du scientifique.