Grâce à un dispositif d'imagerie fournissant une vision spatiale des sons émis par les cétacés, une équipe anglo-américaine prétend tenir un moyen d'étudier finement les signaux de communication des dauphins.

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    Poster (à vendre...) montrant le cymaglyphe d'un bébé dauphin appelant sa mère. © Jack Kassewitz/John Stuart Reid

    Poster (à vendre...) montrant le cymaglyphe d'un bébé dauphin appelant sa mère. © Jack Kassewitz/John Stuart Reid

    Enregistrer à l'aide d'un simple microphone les signaux acoustiques émis par les cétacés (dauphins, orques, baleines, cachalots...) ne suffit pas. C'est que pensent des spécialistes anglais et américains qui préfèrent utiliser un appareil plus sophistiqué, le Cymascope. Cet engin (vendu par une entreprise privée surtout à des fins ludiques) fournit une image montrant les variations sonores dans l'espace.

    Jack Kassewitz, un Américain autodidacte lancé dans l'étude du langage des dauphins, a monté le projet SpeakDolphin à Key Largo, une île au sud de la Floride, et montre aujourd'hui les résultats obtenus sur un bébé dauphin conversant avec sa mère dans leur bassin, en Floride. D'après lui, le Cymascope serait un outil puissant pour analyser les signaux sonores émis par les cétacés pour converser entre eux mais aussi pour explorer leur environnement.

    Le Cymascope permettrait d'analyser la structure sonore du faisceau d'ultrasons (<em>Ultrasound beam</em>) émis par un dauphin. Le résultat est présenté sous forme d'un graphique baptisé cymaglyphe. © Jack Kassewitz/John Stuart Reid

    Le Cymascope permettrait d'analyser la structure sonore du faisceau d'ultrasons (Ultrasound beam) émis par un dauphin. Le résultat est présenté sous forme d'un graphique baptisé cymaglyphe. © Jack Kassewitz/John Stuart Reid

    Ces mammifères marins, en effet, émettent des ultrasonsultrasons, à la manière des chauve-souris pour détecter des obstacles ou des poissons. Très efficace, ce système d'écholocation, analogue au sonarsonar, est encore mal compris. Les performances des dauphins notamment, capables de distinguer précisément de minuscules poissons, attendent encore une explication.

    John Stuart Reid, un acousticien britannique qui a mis au point le Cymascope, explique que l'appareil analyse les vibrationsvibrations d'une membrane soumise à une onde sonoreonde sonore et qu'il peut faire de même avec de l'eau. Une caméra enregistre en permanence les images générées, nommées cymaglyphes, et fournit ainsi une description spatiale de l'onde sonore. Hélas, les détails techniques manquent cruellement pour comprendre précisément le fonctionnement et la manière dont l'expérience a été réalisée.

    A gauche, le signal (cymaglyphe) d'un dauphin adulte. A droite, celui d'un bébé appelant sa mère (cliquer sur l'image pour agrandir le cymaglyphe). © Jack Kassewitz/John Stuart Reid

    A gauche, le signal (cymaglyphe) d'un dauphin adulte. A droite, celui d'un bébé appelant sa mère (cliquer sur l'image pour agrandir le cymaglyphe). © Jack Kassewitz/John Stuart Reid

    Les mots d'un langage ?

    D'après ces expérimentateurs, les cymaglyphes doivent ressembler à ce que les dauphins perçoivent de leur universunivers sonore. Selon eux, ces animaux seraient capables de réémettre à destination de leurs congénères un signal sonore correspondant à la détection d'un certain objet. Ces motifs ultrasonores deviendraient ainsi de véritables mots. Un dauphin pourrait de cette manière dire à son groupe « Regardez les beaux maquereaux que j'ai repérés... ». L'hypothèse est élégante mais reste à confirmer...

    C'est ce qu'entend faire Jack Kassewitz, qui estime que les cymaglyphes pourraient fournir une bonne représentation de ce vocabulaire. Il espère enregistrer les signaux d'écholocation et de communication émis par des dauphins mis en présence de différents objets de manière à vérifier si les cymaglyphes des sons échangés entre dauphins ressemblent à ceux de l'écholocation.

    Si la technique se révèle effectivement prometteuse, on ne peut qu'espérer que des scientifiques s'en emparent, comme l'équipe de Stan Kuczaj, avec qui Jack Kassewitz dit avoir collaboré.