C'est l'hiver. S'il fait froid en Europe, les températures sont encore plus basses en Alaska. Là-bas, en ce moment, des grenouilles des bois sont immobiles dans le sol gelé. Leur corps n'est pas plus chaud et devrait donc être pris en glace. Congelés, ces amphibiens reviendront pourtant à la vie sans difficulté une fois les beaux jours revenus. Elles ont un secret.

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    Article paru le 26 août 2013

    En hiver, la grenouille des bois, Rana sylvatica, survit à des températures qui gèlent pourtant les deux tiers de l'eau de leur corps. Cet amphibien de 5 à 7 cm de long se trouve dans les forêts des États-Unis, du Canada, et survit même aux conditions hivernales drastiques de l'Alaska. Pour passer la saison froide, elle s'enterre et se laisse littéralement congeler, jusqu'à la suspension de toutes les fonctions vitales (respiration et circulation sanguine).

    Son sang ne circule quasiment plus, mais il est chargé de glucoseglucose, un sucresucre qui agit comme un cryoprotecteur, qui évite la dégradation des cellules au moment de la cristallisation de l'eau et, à la décongélation, lorsque ces cristaux fondent.

    La grenouille des bois est la seule du genre à survivre en hiver... congelée ! À la saison froide, elle s'enterre et arrête son cœur. Le sang ne circule presque plus, mais ne gèle pas, grâce à la présence de trois cryoprotecteurs. © MichaelZahniser, Wikipédia, DP

    La grenouille des bois est la seule du genre à survivre en hiver... congelée ! À la saison froide, elle s'enterre et arrête son cœur. Le sang ne circule presque plus, mais ne gèle pas, grâce à la présence de trois cryoprotecteurs. © MichaelZahniser, Wikipédia, DP

    Une réserve de glucose dans le foie

    Les grenouilles des bois qui vivent en Alaska sembleraient plus résistantes au froid car capables de survivre à -16 °C, alors que celles du centre des États-Unis ne sauraient s'adapter à de telles conditions. Une équipe américaine a cherché à déterminer ce qui permettait aux populations d'amphibiens les plus septentrionales de mieux supporter le froid. D'après leurs résultats, publiés dans The Journal of Experimental Biology, les grenouilles d'Alaska stockent beaucoup plus de glycogèneglycogène dans leur foiefoie.

    Ce glycogène est une forme de polymèrepolymère du glucose, et constitue un moyen de stockage compact. Son accumulation hivernale rend tout de même le foie de ces grenouilles jusqu'à 1,5 fois plus gros que la moyenne. Le glucose est distribué à toutes les cellules lorsque la température s'abaisse.

    Les grenouilles des bois d'Alaska accumulent également près de trois fois plus d'urée, élément aussi cryoprotecteur. L'équipe mentionne également une troisième substance encore non identifiée, que seules les grenouilles du nord détiennent. Pour l'heure, on ne sait pas si elle joue un rôle cryoprotecteur. Ce qui est certain, c'est que la grenouille des bois excelle dans l'adaptation au froid, et chaque population a su développer ce dont elle avait besoin pour survivre.