Dans l’océan, seul le requin-renard pélagique se sert de sa longue queue pour assommer ses proies. Cette méthode de chasse n’avait jamais été vue ou filmée en plein océan : c’est désormais chose faite. En voici les premières images.

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    Le requin-renard pélagiquepélagique ne mesure que trois mètres de long, mais dispose d'une queue parfois aussi longue que son corps. Étrangement, ce poisson s'en sert pour chasser. Face à un banc de sardines, le requin-renard utilise sa queue comme l'Homme se sert d'une tapette à mouches. Il met une telle puissance dans son geste qu'il est capable d'assommer ou tuer trois proies d'un coup en moyenne. S'il est en forme, il peut en étourdir simultanément jusqu'à sept. Les chercheurs spéculaient depuis longtemps que ce requin pélagique vivant dans les océans Indien et Pacifique usait de cette technique de chasse. Mais il n'avait encore jamais été observé et filmé dans son milieu naturel.

    Une équipe mixte de biologistes du Royaume-Uni et des Philippines s'est rendue sur l'île de Pescador, dans les Philippines, et a mené une vaste étude sur le requin-renard pélagique, plus petite espèce de la famille des alopiidés. Ils ont réussi à filmer 25 chasses du squale, et décrivent la méthode de chasse dans la revue Plos One. La chasse se produit en quatre temps. Le requin se prépare, puis se rue vers le banc de poissons, s'arrête net et jette sa queue en direction de son museau. L'effet retour aspire les poissons vers le squale, et il n'a plus qu'à les manger, étourdis ou déjà morts.

    Un requin-renard pélagique se jette sur le ballon d'appât dans le plan horizontal (1-3). Il fait ensuite travailler les adducteurs de ses nageoires pectorales dans une manœuvre qui change sa hauteur, calant sa position postérieure (4-6). Le requin prend son élan et tourne de côté. Un mouvement pédonculaire ventrodorsal rapide et puissant lui permet de catapulter sa queue vers l’avant (7-10). La claque s'est produite avec une telle force qu’elle a formé des bulles de gaz dissous (entourées en 9-14). Le requin recueille ensuite les cinq sardines qu’il a étourdies (15). © Simon Olivier <em>et al.</em>, <em>Plos One</em>

    Un requin-renard pélagique se jette sur le ballon d'appât dans le plan horizontal (1-3). Il fait ensuite travailler les adducteurs de ses nageoires pectorales dans une manœuvre qui change sa hauteur, calant sa position postérieure (4-6). Le requin prend son élan et tourne de côté. Un mouvement pédonculaire ventrodorsal rapide et puissant lui permet de catapulter sa queue vers l’avant (7-10). La claque s'est produite avec une telle force qu’elle a formé des bulles de gaz dissous (entourées en 9-14). Le requin recueille ensuite les cinq sardines qu’il a étourdies (15). © Simon Olivier et al.Plos One

    L'équipe de recherche montre qu'en fin de compte, c'est la période de préparation qui est la plus longue. Pour que le coup de queue soit efficace, il faut y mettre de la force ! Le contact physiquephysique entre la queue du requin et le poisson et la force des vagues générées par le mouvementmouvement assomment les poissons. Les chercheurs ont même observé des bulles formées de gazgaz dissous sur certains mouvements. Cela pourrait aussi traduire que la force était suffisante pour briser des moléculesmolécules d'eau, mais l'équipe n'a pas pu le prouver. Elle pense en revanche que le mouvement génère probablement une onde de choc qui favoriserait l'étourdissement des poissons.

    Le requin-renard pélagique est-il bruyant ?

    Des mammifères marins ont déjà montré un tel comportement de chasse. Les orques et les dauphins utilisent leur queue pour assommer leur proie. La technique n'est pas exclusive et se pratique souvent en groupe. Le requin-renard est le seul animal marin connu à employer uniquement cette méthode, que les chercheurs identifient comme un caractère d'évolution propre à cette espèce.

    Les requins-renards pélagiques sont grandement méconnus de l'Homme. Ils sont souvent confondus avec les deux autres espèces de requins-renards, et tous sont victimes de la surpêche. L'animal est actuellement classé comme espèce vulnérable, et ne figure pas à ce jour sur la liste des espèces protégées. En attendant, pour la suite, les chercheurs espèrent déterminer que lorsque les requins giflent l'eau, ils génèrent bien une onde sonoreonde sonore qui pourrait favoriser l'étourdissement des poissons.