En Australie, certains eucalyptus ont des feuilles particulièrement riches en or. L’explication est simple : ils grandissent probablement au-dessus d’un gisement de ce précieux métal, que leurs racines atteignent. Voici une information qui devrait intéresser les exploitants miniers, ceux-là même qui ont de plus en plus de mal à localiser de nouvelles ressources ces dernières années.

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    L'or est depuis des millénaires convoité par l'Homme, mais les faits sont là, de moins en moins de gisements sont découverts (-45 % au cours de ces dix dernières années). Cette constatation ne signifie pas pour autant que les stocks se tarissent. Ils sont peut-être simplement devenus moins accessibles qu'auparavant. Ainsi, il devient important de développer de nouvelles techniques d'exploration minière aisément utilisables sur le terrain. Bien évidemment, l'idéal serait qu'elles soient peu coûteuses et respectueuses de l'environnement.

    Une nouvelle piste qui répond à ces attentes vient d'être ouverte par des chercheurs du CSIRO Earth Science and Resource Engineering division de Kensington (Australie). Leurs travaux n'ont pas porté sur des techniques de forage ou de prospection par ondes sismiques, mais bien sur de simples analyses chimiques de feuilles d’eucalyptus. Certes, l'argentargent ne pousse pas dans les arbres, mais pour ce qui est de l'or...

    Les eucalyptus, comme cet <em>Eucalyptus regnans</em>, sont originaires du sud de l'Australie. Icarus Dream, le plus grand spécimen connu, mesure entre 90 et 100 m de haut. © Nathan Johnson, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Les eucalyptus, comme cet Eucalyptus regnans, sont originaires du sud de l'Australie. Icarus Dream, le plus grand spécimen connu, mesure entre 90 et 100 m de haut. © Nathan Johnson, Flickr, cc by nc sa 2.0

    Quarante fois plus d’or dans un arbre surplombant un gisement

    Depuis plusieurs années, il est suspecté que les arbres, ainsi que d'autres végétaux, peuvent puiser de l'or dans les sous-sols, et que celui-ci est finalement stocké dans les feuilles. De fait, plusieurs études ont rapporté des découvertes d'importantes concentrations d'or à la surface d'appendices foliaires, mais elles n'ont pas été en mesure d'exclure une contaminationcontamination éolienne. C'est pourquoi l'article copublié par Melvyn Lintern dans la revue Nature Communications diffère des autres.

    Les chercheurs ont basé leurs travaux sur des observations de terrain couplées à des expériences menées en laboratoire. Ils se sont ainsi rendus sur un site (Freddo) abritant un gisement d'or de la taille d'un terrain de football à 30 m de profondeur, dans l'ouest de l'Australie. Des feuilles ont alors été prélevées sur un eucalyptus de plus de 10 m de haut situé à l'aplomb de la ressource convoitée (mais non exploitée), ainsi que sur un arbre de la même espèceespèce situé à 200 m de là. 

    Naturellement, les feuilles d’eucalyptus contiennent, comme celles prélevées à 200 m de Freddo, moins de 2 parties par milliard (ppb) d'or en leur sein. Or, les structures végétales de l'arbre situé au-dessus du gisement en contenaient jusqu'à 80 ppb, d'après les analyses chimiques et aux rayons Xrayons X menées par les chercheurs. D'autres exemples de ce type ont été relevés par la même équipe en Australie, par exemple à Barns. Attention, il n'y a pas de quoi exploiter les arbres pour accumuler de l'or. La plus grosse particule d'or trouvée ne fait que 8 µm de large.

    L’or à portée de racines

    Pour vérifier que le précieux métal provenait bien du sous-sol, une expérience a été conduite sous serre. Des végétaux ont été mis en culture dans un même environnement aérien, mais seuls certains d'entre eux ont été arrosés avec un liquideliquide enrichi en or. Or, une partie de cet élément s'est retrouvé dans leurs feuilles. Les autres plants n'en contenaient pas. CQFD !

    Ainsi, plutôt que d'avoir recours à de coûteux forages, d'un point de vue économique ou environnemental, les exploitants miniers pourraient tout simplement localiser des gisements d’or en prélevant des feuilles lors de voyages, puis en les analysant en laboratoire. Bien sûr, la méthode ne fonctionne qu'à une seule condition : que l'or soit situé à des profondeurs atteintes par les racines des végétaux. Dans le cas des eucalyptus vivant en région aride, elle serait donc opérante jusqu'à 40 m de profondeur.