Via le détroit de Gibraltar, les grands dauphins ont investi la Grande Bleue, il y a seulement 18.000 ans, date à laquelle la mer est devenue pour eux un habitat favorable. De nos jours, les populations de ces cétacés continuent d'évoluer au sein de cet écosystème marin.

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    Il aura fallu attendre la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 18.000 ans, pour que les grands dauphins (Tursiops truncatusTursiops truncatus) en provenance de l'Atlantique investissent la Méditerranée, rapporte une étude parue dans le journal Evolutionary Biology. Jusqu'alors inhospitalière, la mer voit, après la fontefonte des glaces, sa concentration en sel diminuer et les populations de poissons et autres proies augmenter, autant d'attraits pour les cétacés de l'océan voisin.

    Pour arriver à cette conclusion, une équipe de chercheurs a génétiquement comparé avec ceux d'individus originaires de l'Atlantique Nord des échantillons de tissus prélevés sur 194 individus de cinq zones méditerranéennes, à savoir les mers Tyrrhénienne, Ionienne, Adriatique, Égée et le bassin Levantin. « En comparant nos résultats avec les données génétiquesgénétiques provenant d'études antérieures sur le grand dauphin de l'océan Atlantique, nous avons conclu que les dauphins dans l'Atlantique Nord, la Méditerranée et la mer du Nord sont susceptibles de représenter une seule métapopulation », relate André Moura, co-auteur de l'article et chercheur à l'université de Lincoln, au Royaume-Uni.

    L'étude révèle une répartition hétérogène des différentes populations de grands dauphins au sein de la Méditerranée. © OH237, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    L'étude révèle une répartition hétérogène des différentes populations de grands dauphins au sein de la Méditerranée. © OH237, Wikimedia Commons, CC by-sa 4.0

    La conservation de l'espèce doit porter davantage sur son habitat

    Comment se sont depuis distribuées les populations de grands dauphins dans leur « récent » habitat, la Méditerranée ? Il semble qu'au fil du temps, elles se soient génétiquement structurées selon les zones occupées et même subdivisées au sein de la mer Adriatique et du bassin Levantin. En outre, certains groupes préfèrent vivre dans des zones côtières et d'autres plus au large, en zone pélagiquepélagique.

    Pour autant, des grands dauphins vivant dans les eaux profondes sont plus susceptibles de rejoindre les populations côtières si le biotope dispose de suffisamment de ressources pour les accueillir ou si les dauphins côtiers sont amenés à disparaître, en raison de surpêchesurpêche ou de pollution, par exemple. Mais dans ce dernier cas, les nouveaux colonisateurs sont alors eux-mêmes potentiellement menacés. La mort possible de ces populations fait craindre la perte d'une partie de la diversité génétique des grands dauphins, ce qui représenterait un danger pour la survie de l'espèceespèce elle-même.

    Pour les auteurs de l'étude scientifique, les efforts de préservation doivent par conséquent se concentrer davantage sur l'environnement marin que sur l'espèce de cétacé concernée. Plus globalement, ces découvertes font avancer la compréhension et la conservation de la biodiversitébiodiversité méditerranéenne, l'une des plus riches du Globe.