Le crabe yéti « David Hasselhoff », ainsi baptisé en raison de sa poitrine velue, vit dans les profondeurs de l'océan Austral, près de sources hydrothermales. À la base des cheminées, les mâles se mêlent aux femelles, ce qui n'est pas le cas dans les zones plus hautes, proches des sorties de fluides chauds où seuls les mâles résident.

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    Selon les chercheurs, la répartition des crabes yétis est fonction du sexe. Les femelles s'occupant des petits restent ainsi dans les eaux froides, moins toxiques. Les mâles grimpent quant à eux sur les reliefs pour rejoindre de meilleures conditions de vie. © Mandy Jouan, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Selon les chercheurs, la répartition des crabes yétis est fonction du sexe. Les femelles s'occupant des petits restent ainsi dans les eaux froides, moins toxiques. Les mâles grimpent quant à eux sur les reliefs pour rejoindre de meilleures conditions de vie. © Mandy Jouan, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Le crabe « Hoff » (Kiwa tyleri) a été découvert en 2012 dans l'océan Antarctique, près de la Géorgie du Sud. Comme tout crabe yéti, il possède des sortes de poils, ou setae, qui recouvrent son torse. Non sans humour, les scientifiques l'ont donc nommé comme l'acteur David Hasselhoff, dont le torse velu peut être aperçu dans la série Alerte à Malibu. Chez les crabes, les setae servent à cultiver des bactériesbactéries dont ils se nourrissent.

    Kiwa tyleri vit à proximité des sources hydrothermales de l'East Scotia Ridge. Dans un article paru dans Journal of Animal Ecology, des chercheurs de l'université de Southampton, au Royaume-Uni, ont voulu réconstituer le cycle de vie de ces animaux qui habitent dans les zones E2 et E9, dans un environnement antarctique hydrothermal. E2 se trouve à 2.600 m de profondeur et E9 à 2.400 m. Les cheminéescheminées des fumeurs noirs de ces régions émettent des fluides à des températures de plus de 350 °C. Les chercheurs ont utilisé un véhicule télécommandé pour étudier la répartition des crabes dans les fonds océaniques ainsi que leur taille et leur sexe.

    Lors de ces travaux, la température maximale enregistrée dans les assemblages de crabes Kiwa était de 24 °C ; quand on s'éloignait des cheminées, les températures diminuaient. Cet environnement dans les profondeurs des océans était relativement variable. Les chercheurs ont identifié plusieurs types d'assemblages des crabes, qu'ils ont appelés Kiwa A, Kiwa B et Kiwa C.

    Crabes <em>Kiwa</em> observés près d’une cheminée E9, à 2.397 m de profondeur. La barre représente 10 cm en premier plan. © Rogers <em>et al. </em>2012, <em>PLOS Biology</em>, CC by 2.5

    Crabes Kiwa observés près d’une cheminée E9, à 2.397 m de profondeur. La barre représente 10 cm en premier plan. © Rogers et al. 2012, PLOS Biology, CC by 2.5

    Les mâles vivent plus près des sorties de fluides chauds

    Kiwa A correspondait à des individus de grande taille (environ 47 mm) vivant près des sorties de fluides à haute température, avec une faible densité (65 individus par m2) et une population essentiellement mâle. Dans l'assemblage Kiwa B, les individus étaient plus petits (30 mm en moyenne) mais avec une densité de population plus élevée (533 individus par m2). Un peu plus loin des sorties de cheminée, se trouvaient les densités de population les plus élevées (4.017 par m2) dans les assemblages Kiwa C, avec de plus petits individus (12 mm).

    Les chercheurs pensent que les mâles et les femelles s'accouplent dans les assemblages Kiwa B et C. Comme les mâles ne s'occupent pas des petits, contrairement aux femelles, ils grimpent sur les reliefs afin de rejoindre de meilleures conditions de vie, plus favorables pour faire pousser des bactéries sur leurs poitrines velues. La présence de sulfures d'hydrogènesulfures d'hydrogène dans ces zones permet la multiplication de protéobactéries epsilon et gamma, qui se trouvent dans les setae ventrales de K. tyleri. Les mâles continuent donc à grandir dans les eaux chaudes et riches en sulfures et atteindraient ainsi des tailles plus importantes que les femelles.

    Pendant ce temps, les femelles restent dans les eaux plus froides car les fluides chauds, riches en minérauxminéraux, peuvent être toxiques pour les petits. La distribution originale de ces crabes serait donc due à la répartition inégale des tâches entre mâles et femelles dans le soin apporté aux petits...