On vend aujourd'hui des plantes d'intérieur censées purifier l'air. Ces allégations sont-elles fondées ? Pour le savoir, l’Observatoire de la Qualité de l'air intérieur et la Faculté de pharmacie de Lille ont mené l'enquête dans le cadre du programme Phytair. Les résultats, publiés par l’Ademe, sont pour le moins… décevants.

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    Le dragonnier pourrait absorber des polluants mais pas de manière assez efficace. © Kenpei / Licence Creative Commons

    Le dragonnier pourrait absorber des polluants mais pas de manière assez efficace. © Kenpei / Licence Creative Commons

    L'airair de nos appartements est à l'image de notre environnement : pollué ! Aussi bien par des agresseurs vivants (bactériesbactéries, virus ou champignonschampignons) que physicochimiques (composés organiques volatils ou COVCOV, monoxyde de carbone, formaldéhydeformaldéhyde...). Si le meilleur moyen de lutter contre cette pollution est déjà de ne pas provoquer son apparition, en ne fumant pas dans un endroit confiné, en utilisant le moins possible des bougies ou des diffuseurs de parfums, il est aussi essentiel de bien aérer son intérieur. Et les plantes dans tout ça ?

    Grâce à la photosynthèsephotosynthèse, les plantes peuvent absorber le dioxyde de carbonedioxyde de carbone rejeté par nos poumonspoumons à chaque expiration et le transformer en oxygène. Les plantes d’intérieur permettraient alors d'améliorer l'oxygénation de l'air mais pas seulement. Certaines plantes sont mêmes vendues comme « dépolluantes » : elles seraient capables d'absorber les COV ou autres moléculesmolécules nocives pour nos poumons... Bref, les plantes d'intérieur sont en vogue. Mais ces croyances sont-elles véridiques ?

    Le programme de recherche français Phytair (lancé en 2004, finalisé en 2011) dont les résultats préliminaires sont publiés par l'Ademe (Agence de l'environnement de la maîtrise de l'énergieénergie), apporte quelques réponses. Les recherches ont été menées particulièrement sur trois composés : le formaldéhyde, le monoxyde de carbonemonoxyde de carbone et le benzènebenzène. Ces molécules sont fréquemment retrouvées dans les logements puisque les sources d'émissionémission sont nombreuses (boisbois, chauffage, peinture...). Trois espècesespèces différentes de plantes d'intérieur ont été testées, choisies pour leur adaptation aux espaces clos et leurs propriétés peu allergisantes (lierrelierre du diable, plante araignée et dragonnier).

    L'efficacité d'absorptionabsorption des composés polluants par les plantes dépend des propriétés physicochimiques de l'environnement (température, luminositéluminosité) mais il est bel et bien montré que les plantes captent effectivement une partie des polluants, en particulier le monoxyde de carbone.

    La particules polluantes retrouvées dans nos logements proviennent en grande partie de l'air extérieur déjà pollué. Crédits DR

    La particules polluantes retrouvées dans nos logements proviennent en grande partie de l'air extérieur déjà pollué. Crédits DR

    Le label dépollution prématuré

    D'autres études indépendantes ont aussi été réalisées en utilisant d'autres plantes et d'autres composés. Cependant, aucun effort de standardisation méthodologique n'a été effectué, ce qui mène à des conclusions générales difficiles à tirer. Toutefois, des consensus ont pu être établis : les plantes joueraient bien un rôle d'épurateur mais avec une faible efficacité, certainement insuffisante pour éliminer l'ensemble des pollutions contenues dans un logement. L'apposition d'un label « capacité d'épuration de l'air » pour promouvoir la vente d'une plante est donc prématurée.

    Non seulement leur efficacité de dépollutiondépollution n'est pas probante mais les plantes d'intérieur seraient aussi sources de désagréments pour les hommes : allergiesallergies à la plante elle-même, infections par les moisissures retrouvées dans la terre des pots, exposition aux produits chimiques utilisés comme engrais... L'AdemeAdeme conclut même en ajoutant que les plantes elles-mêmes peuvent émettre des composés toxiques, mais cela reste encore très peu étudié.

    Toutefois, le développement de plantes utilisées comme biofiltre à l'aide d'un système dynamique permettant de capter les particules nocives de l'air dans la terre de la plante est envisageable. Finalement, si les plantes ne semblent pas avoir un rôle positif dans nos logements, profitons au moins de leur beauté verdoyante dans ce monde urbain...