Dans son rapport annuel 5 in 5, IBM détaille cinq évolutions technologiques qui devraient faire partie de notre quotidien dans cinq ans. Big Blue parie que l’analyse et l’interprétation des données personnelles permettront aux machines de mieux nous connaître, afin de nous assister plus efficacement pour apprendre, consommer, nous soigner, nous protéger ou nous déplacer. Le superordinateur Watson joue un rôle central dans ces développements.

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    Le superordinateur Watson d’IBM concentre tout le savoir-faire technologique de Big Blue en matière de cloud computing et d’informatique cognitive. Des outils qui sont désormais commercialisés pour permettre aux entreprises de développer des services et des systèmes d’analyse puissants. © IBM

    Le superordinateur Watson d’IBM concentre tout le savoir-faire technologique de Big Blue en matière de cloud computing et d’informatique cognitive. Des outils qui sont désormais commercialisés pour permettre aux entreprises de développer des services et des systèmes d’analyse puissants. © IBM

    Chaque année depuis huit ans, IBM produit un rapport intitulé 5 in 5. Son objet : décrire cinq innovations qui amélioreront notre quotidien dans cinq ans. Pour son édition 2013, Big BlueBig Blue nous parle d'enseignement, de lutte contre le cancercancer, de villes intelligentesvilles intelligentes, d'angeange gardien numérique et de commerce de proximité. Tous ces thèmes ont en commun la collecte, l'analyse et l'interprétation du flux de données numériques qui croît de façon exponentielle. C'est ce que l'on appelle le big data, dont IBM s'est fait le chantre.

    La société travaille depuis de nombreuses années sur les outils susceptibles de digérer des téraoctets d'informations pour répondre à des questions posées en langage naturel, pour élaborer des modèles prédictifs susceptibles d'assister les humains dans leur quotidien. Cloud computing, apprentissage automatique, systèmes cognitifs sont autant d'outils qu'IBM développe et peaufine. Des technologies que l'entreprise a eu l'idée d'incarner sous la forme du superordinateursuperordinateur Watson. En 2011, il a battu des concurrents humains au jeu télévisé états-unien Jeopardy. Un marketing on ne peut plus efficace...

    Désormais, Watson joue les VRP pour IBM, qui veut monétiser ce savoir-faire. Le but est de permettre aux entreprises de déployer des services en se servant de la puissance de ces solutions. Pour cela, IBM a lancé un programme en vue de nourrir un écosystèmeécosystème Watson, en mettant des API à disposition des développeurs tiers. Des applicationsapplications mobiles, des services de cloud computing, des outils d'analyse puissants peuvent être créés sur ces bases. Les cinq prédictions qui suivent illustrent cette vision.

    IBM voit des cours sur mesure pour le futur

    Dans cinq ans, IBM pense que la numérisation de l'enseignement et les systèmes cognitifs se rejoindront pour créer des cours sur mesure pour chaque élève. « C'est la fin de l'ère de l'éducation à taille unique », promettent les spécialistes de ces questions chez IBM. Un programme informatique pourra analyser chaque élève en fonction de son parcours et de ses résultats pour adapter l'enseignement en conséquence. Il est question de croiser des « données longitudinales » comme les résultats des tests avec la participation et le comportement de l'élève sur les plateformes d'e-learning.

    Dans l’une de ses cinq prédictions, IBM envisage la création d’un ange gardien numérique capable de veiller sur une personne. En exploitant ses données personnelles pour connaître ses habitudes, il pourrait détecter tout changement sortant de l’ordinaire et réagir. © IBM

    Dans l’une de ses cinq prédictions, IBM envisage la création d’un ange gardien numérique capable de veiller sur une personne. En exploitant ses données personnelles pour connaître ses habitudes, il pourrait détecter tout changement sortant de l’ordinaire et réagir. © IBM

    Par exemple, s'il détecte qu'un enfant a une mémoire visuelle et des difficultés avec les mathématiques, le système créera un cours d'algèbre spécifique en calibrant la difficulté et la méthode d'enseignement. Le système pourrait également confronter les centres d'intérêt d'un élève avec ses facultés d'apprentissage, afin de déterminer le type de contenu à lui proposer et la meilleure manière de le présenter. IBM teste actuellement ces techniques aux États-Unis en Géorgie dans les écoles publiques du comté de Gwinnett, près d'Atlanta.

    Le commerce de proximité sauvé par Watson

    Dans cinq ans, le vendeur d'une boutique vous abordera peut-être en vous demandant non plus « En quoi puis-je vous aider ? » mais « Je sais exactement ce que vous cherchez ! » Pour cela, IBM travaille d'ores et déjà avec des commerçants pour utiliser l'informatique cognitive afin d'allier l'immédiateté de l'achat en boutique avec la pertinence du e-commerce. Là encore, l'exploitation intensive des données personnelles sera la clé de voûte d'un système de recommandations personnalisées basées sur les goûts et les habitudes, et plus seulement sur l'historique des achats.

    Grâce à des applications de cloud computing dopées par les capacités d'analyse de Watson, les consommateurs pourront être profilésprofilés comme jamais. En observant les magasins, les lieux publics que fréquente une personne, les sites Web qu'elle visite, les achats qu'elle fait, les sujets dont elle parle sur les réseaux sociauxréseaux sociaux ou ce qu'elle lit sur InternetInternet, ces outils seront capables de dégager des tendances fortes quant aux habitudes de consommation. IBM Research teste actuellement une application prototype nommée Virtual Stylist, qui aide un vendeur à trouver les vêtements qui plaisent à une personne en se basant sur sa garde-robe existante. « En partageant plus d'informations personnelles, les consommateurs verront leurs magasins se transformer en un lieu de shopping immersif et personnalisé », assure Big Blue. À voir dans quelles proportions les consommateurs auront envie de devenir aussi prévisibles...

    Le cancer traité au niveau génétique

    Le séquençage du génome humain a ouvert des perspectives prometteuses pour la lutte contre le cancer. Mais ces traitements novateurs sont encore chers, peu répandus et nécessitent de gros moyens pour l'analyse des données. IBM promet un bond en avant significatif. Dans cinq ans, le séquençageséquençage du génomegénome ne prendra qu'une journée, et non plus des jours comme actuellement. Et grâce à la puissance de calcul et aux capacités d'analyse des systèmes cognitifs, des protocolesprotocoles de traitement ciblés au niveau génétiquegénétique seront établis en quelques jours, voire quelques minutes.

    « Le traitement du cancer personnalisé au niveau génomiquegénomique est envisageable depuis que les scientifiques ont séquencé le génome humain, mais peu de cliniciens ont l'accès aux outils et le temps pour évaluer les connaissances disponibles à ce niveau. Dans cinq ans, les systèmes cognitifs basés sur le cloud computing pourraient prodiguer une telle médecine personnalisée à une échelle et une vitessevitesse impossibles jusqu'alors. » Ces systèmes cognitifs pourraient également assister les médecins en leur recommandant des thérapies géniquesthérapies géniques pour soigner les affections cardiaques. Là encore, c'est la technologie de Watson qui sera déclinée. Le superordinateur est déjà utilisé par plusieurs hôpitaux et cliniques aux États-Unis dans le cadre de programmes pilotes d'analyse et d'interprétation de données médicales.

    Ange gardien numérique

    L'année dernière aux États-Unis, plus de 12 millions de personnes ont été victimes d'un vol d'identité. Comptes bancaires détournés, numéros de carte de crédit dérobés, mots de passemots de passe compromis sont autant de risques avec lesquels il faut composer dans son quotidien numérique. « À l'avenir, la sécurité sera plus agile et contextualisée avec une vision globale des données, des applications et des terminaux, prête à détecter des écarts qui pourraient être les signes précurseurs d'une attaque ou d'un vol d'identité. » Grâce à l'apprentissage automatique, l'ange gardien numérique connaîtra de mieux en mieux une personne en scrutant en permanence ses habitudes. Il pourra l'avertir ou même agir s'il remarque quelque chose d'anormal dans le modèle comportemental qu'il a bâti.

    Par exemple, si une personne oublie son smartphone dans un restaurant, l'application détecte que la manière dont l'écran tactileécran tactile est manipulé ne ressemble pas à la signature de son propriétaire et décide de verrouiller l'appareil. Autre scénario : l'ange gardien remarque que votre carte bancaire est utilisée dans une station essence, puis pour acheter un hot-dog. Le système sait que le réservoir de votre voiturevoiture est plein et que vous êtes végétarienvégétarien, il en déduit donc que la carte bancaire a pu être volée et vous avertit. Aussi impressionnante soit-elle, comment cette technologie prédictive se comportera-t-elle devant les aléas et imprévus de la vie ? Faudra-t-il prévenir son ange gardien avant de prêter son téléphone ou sa voiture, ou de décider d'emprunter un autre itinéraire pour rentrer chez soi après sa journée de travail ? Les usagers accepteront-ils d'être épiés en permanence sous prétexte d'être mieux protégés ?

    Des villes qui s’adaptent à leurs habitants

    Des citoyens qui développent une relation plus intime avec leur ville, des services publics et des édiles à l'écoute et encore plus réactifsréactifs : cette cité idéale, IBM nous la promet grâce à des systèmes intelligents qui combineront des applications mobiles, des données partagées par les usagers (crowdsourcing) et des capteurscapteurs. Ce flux de données sera traité en temps réel pour aider les villes à s'adapter à leurs habitants. « En 2017, le nombre de smartphones dans le monde dépassera trois milliards. Les gens auront une clé numérique de la ville au bout des doigts », explique IBM. Signaler un accidentaccident, un éclairage défectueux, des nids-de-poule dans la route pourra se faire en quelques gestes sur un écran tactile. « Cela fera émerger des villes nouvelles qui pourront répondre en temps réel, anticiper les problèmes et même fournir des services personnalisés pour rendre la vie urbaine meilleure pour tout le monde. »

    Un exemple concret : la plateforme d'analyse prendra en compte la météométéo pour adapter la fréquence des transports en commun. En cas de pluie, le système pourra décider d'augmenter le nombre de bus sur une ligne en anticipant une affluence plus importante. Ces outils seront à n'en pas douter suffisamment puissants et perfectionnés pour interpréter et relayer toutes ces données, mais on peut s'interroger sur la mise en pratique. Comment les personnes et les services destinataires s'adapteront-ils pour gérer ce flux continu d'informations ? En prétendant mieux servir l'humain, le big data plonge comme jamais dans la sphère privée. Si l'analyse poussée des données personnelles peut effectivement avoir des aspects positifs, sa généralisation à tous les pans de notre existence est-elle souhaitable ? Elle devra en tout cas être encadrée, de façon à garantir aux usagers un droit de regard et de retrait.