Pour des patients hospitalisés placés sous intubation, l’impossibilité de parler est une source de stress très importante. Le CHU de Tours teste depuis le printemps un dispositif d’oculométrie, ou eye tracking en anglais, grâce auquel les malades peuvent communiquer avec les équipes soignantes via un écran qu’ils contrôlent avec les yeux.

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    L’oculométrie, ou eye tracking en anglais, est une technique qui permet de détecter avec précision le mouvement des yeux. Cette technologie est employée au CHU de Tours pour aider des patients intubés à communiquer par l’intermédiaire d’un logiciel qu’ils contrôlent du regard. © Opelblog, CC by-nc-nd 2.0

    L’oculométrie, ou eye tracking en anglais, est une technique qui permet de détecter avec précision le mouvement des yeux. Cette technologie est employée au CHU de Tours pour aider des patients intubés à communiquer par l’intermédiaire d’un logiciel qu’ils contrôlent du regard. © Opelblog, CC by-nc-nd 2.0

    Au centre hospitalier universitaire (CHU) de Tours, les patients en réanimation et intubés ont pour certains la possibilité de parler, non pas à voix haute, mais avec les yeux. Depuis le mois de juin, le service teste un système de communication basé sur l'oculométrie (en anglais eye tracking) qui permet à la personne intubée de s'exprimer en contrôlant une interface logiciel avec le mouvement des yeux. Plus précisément, une caméra infrarougeinfrarouge éclaire chaque œilœil et des capteurscapteurs utilisent les reflets de ces rayons pour déterminer les positions de l'irisiris, de la pupille, de la cornée afin de déterminer où se porteporte le regard. Le dispositif se présente sous la forme d'un écran placé en face du malade.

    À l'aide de l'interface oculométrique, le patient peut notamment indiquer aux équipes soignantes la localisation et l'intensité d'une douleurdouleur, faire savoir qu'il a soif, faim ou peur... Le logiciel combine des phrases et mots préenregistrés présentés sous forme d'icônes sur lesquelles le patient clique en fixant son regard et qui sont ensuite prononcés par un synthétiseur vocal. Il peut également composer du texte, à l'aide d'un clavier virtuel, qui est lu à voix haute. Ainsi, la personne peut avoir un minimum d'échanges avec les équipes soignantes, mais aussi avec ses proches qui lui rendent visite.

    La technologie d’oculométrie employée au CHU de Tours a été mise au point par la société suédoise Tobii Dynavox. Elle est également utilisée par des personnes handicapées pour piloter des installations domotiques. © Tobii Dynavox

    La technologie d’oculométrie employée au CHU de Tours a été mise au point par la société suédoise Tobii Dynavox. Elle est également utilisée par des personnes handicapées pour piloter des installations domotiques. © Tobii Dynavox

    Une technologie déjà utilisée par des personnes handicapées

    « Lorsqu'un patient est pris en charge dans un service de réanimation, il est très fréquemment intubé. Or, la communication du patient intubé est une réelle difficulté puisque la sonde d'intubation endotrachéale située entre ses cordes vocalescordes vocales le prive de la parole. [...] La plupart des patients rapportent qu'il s'agit de la chose la plus horrible du monde majorant le risque de syndromesyndrome de stress post-traumatiquestress post-traumatique », peut-on lire dans le communiqué du CHU de Tours.

    L'idée d'utiliser ce système d'eye tracking est née des échanges entre un médecin réanimateur et un psychiatre du CHU qui utilisait le procédé dans ses recherches sur l’autisme. Le dispositif a été fourni par la société Tobii Dynavox. Il y a quelques années, Futura-Sciences avait consacré plusieurs articles à cette jeune pousse suédoise dont la technologie TrueEye permettait de contrôler un PC portable et même un jeu vidéo avec les yeux.

    Ce système est par ailleurs déjà utilisé dans un cadre non hospitalier par des personnes handicapées qui s'en servent pour piloter les installations domotiques de leur domicile. Le programme du CHU de Tours est soutenu par la Fondation MACSF qui finance des projets susceptibles d'améliorer la communication patient-soignant. Au vu du succès de l'expérimentation, le centre hospitalier va être équipé de sept nouveaux dispositifs.