Appliquer le style d’un van Gogh, Cézanne, Delacroix, Warhol, Picasso à ses photos personnelles : c’est ce que propose DeepArt. Ce service en ligne gratuit repose sur une intelligence artificielle capable d’extraire tous les éléments d’une image puis de la reproduire en s’inspirant de la patte d’un grand peintre. Lukasz Kidzinski, le chercheur de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) qui a mis au point cette plateforme, nous a fourni des détails.

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    Cette semaine, l'actualité high-tech est placée sous le signe de l'art avec des innovations étonnantes. Après l'ordinateur capable de créer un faux Rembrandt, voici le site Web qui transforme n'importe quelle image en tableau de maître ! DeepArt, c'est son nom, est une plateforme en ligne conçue à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), en Suisse, par Lukasz Kidzinski, chercheur au Laboratoire d'ergonomie éducative.

    Pour l'essayer, rien de plus simple. Il suffit de se connecter au site depuis un ordinateur ou un smartphone puis de transférer une photo personnelle (paysage, portrait, animal favori...) avant de choisir le stylestyle de peinture que l'on souhaite voir appliquer. Il peut s'agir d'exemples puisés directement sur le site ou alors de l'image d'une œuvre d'un artiste que l'on apprécie.

    Une fois les éléments chargés, il faut une dizaine de minutes à DeepArt pour produire une image originale de 500 x 500 pixels... si l'on paie 2 euros. Sinon, le service est gratuit mais il faut compter actuellement (12 avril) environ 24 heures. Ceux qui voudraient obtenir un fichier de qualité supérieure peuvent opter pour les formules payantes : 19 euros pour une image HD 1.300 x 1.300 pixels ou 149 euros pour une image de 3.000 x 3.000 pixels. Les sceptiques qui douteraient de la qualité des reproductions peuvent essayer ce test de Turing qui propose de distinguer les tableaux de maître et les œuvres créées par DeepArt.

    Nous nous sommes amusés à tester DeepArt. À gauche, une photographie des toilettes publiques de Pont-Aven, au pied de la biscuiterie Traou Mad – avec ses fameuses galettes et, sur son mur, une reproduction d’un tableau de Gauguin (<em>La ronde des petites bretonnes</em>). Au centre, un tableau de Cézanne (<em>Maison de Provence</em>) qui a servi de modèle pour le style. À droite, le résultat obtenu avec DeepArt. © DeepArt, Jean-Luc Goudet

    Nous nous sommes amusés à tester DeepArt. À gauche, une photographie des toilettes publiques de Pont-Aven, au pied de la biscuiterie Traou Mad – avec ses fameuses galettes et, sur son mur, une reproduction d’un tableau de Gauguin (La ronde des petites bretonnes). Au centre, un tableau de Cézanne (Maison de Provence) qui a servi de modèle pour le style. À droite, le résultat obtenu avec DeepArt. © DeepArt, Jean-Luc Goudet

    Une intelligence artificielle bientôt utilisée avec la réalité virtuelle ?

    Au cœur du système, se trouve une intelligence artificielle (IAIA) basée sur un algorithme développé par l'université de Tübingen (Allemagne). « Le réseau neuronal convolutif VGG-19 que nous utilisons pour ce projet a été entraîné par le Visual Geometry Group de l'université d'Oxford pour la reconnaissance d'images. Ses performances sont proches de celles d'un humain et il peut saisir les détails de n'importe quelle image », nous a expliqué Lukasz Kidzinski. Cette IA d'une profondeur de 19 couches a participé au concours ImageNet en obtenant un taux d'erreurs de 7 %, contre 6 % pour les compétiteurs humains.

    Selon le chercheur, DeepArt nécessite un serveur muni d'une carte graphiquecarte graphique haute performance type Nvidia TeslaTesla K40 dotée d'une mémoire vivemémoire vive dédiée de 12 Go. Pour le moment, il n'est pas envisageable qu'une telle applicationapplication puisse fonctionner directement sur un smartphone.

    « DeepArt n'est pas une menace pour l'art, au contraire : il offrira sans doute de nouvelles possibilités d'expression artistique », assure Lukasz Kidzinski. Parmi les applications envisagées, il évoque une assistance aux historienshistoriens de l'art pour restaurer des œuvres endommagées. « Le système pourrait tout à fait être utilisé avec des vidéos ou pour des projets de réalité virtuelle », a ajouté notre interlocuteur. La puissance de calcul graphique nécessaire serait alors beaucoup plus importante, mais la perspective de pouvoir personnaliser un monde virtuel à souhait est des plus prometteuses.