Colonne vertébrale de l’Internet, le protocole HTTP s’apprête à recevoir sa première mise à jour depuis 1999. Grâce à une série d’optimisations techniques au niveau des échanges entre les serveurs et les navigateurs Internet, l’HTTP/2 devrait accélérer sensiblement le chargement des pages Web.

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    Voilà plus de 15 ans que l'Hypertext Transfer ProtocolHypertext Transfer Protocol, plus connu sous l'abréviation « HTTP », n'avait pas évolué. Pourtant, ce protocole de communication entre les ordinateurs et les serveurs est l'un des piliers fondateurs de l'Internet puisque c'est par son entremise que fonctionnent les navigateurs Web.

    Il a été créé par Tim Berners-Lee et mis en service en 1996. Sa dernière mise à jour remonte à juin 1999. Il était donc grand temps de lui offrir une cure de jouvence. C'est chose faite avec l'arrivée prochaine du HTTP/2. Le groupe de travail HTTP de l'Internet Engineering Task Force (IETFIETF) vient d'annoncer que la nouvelle version du protocole était désormais finalisée. Mark Nottingham, le directeur de ce groupe, indique qu'il reste maintenant à entamer les dernières étapes du processus d'édition avant que l'HTTP/2 ne devienne un standard officiel. Concrètement, cette mise à jour promet d'accélérer le chargement des pages Web en réduisant le temps de réponse entre le navigateur Internet et les serveurs auxquels il se connecte.

    En l’espace de quelques années, les sites Internet ont énormément évolué. Plus élaborés, plus riches, ils sont aussi plus volumineux à traiter pour les serveurs et les navigateurs Internet. L’introduction du protocole HTTP/2 répond à ces exigences. © David Vignoni, LGPL

    En l’espace de quelques années, les sites Internet ont énormément évolué. Plus élaborés, plus riches, ils sont aussi plus volumineux à traiter pour les serveurs et les navigateurs Internet. L’introduction du protocole HTTP/2 répond à ces exigences. © David Vignoni, LGPL

    Importante contribution de Google

    Dans le document technique qui détaille les nouveautés d'HTTP/2, on apprend que l'une des principales améliorations concerne une fonction de multiplexagemultiplexage et de compressioncompression des headers (les en-têtes d'un paquetpaquet de données) qui permet d'envoyer plusieurs requêtesrequêtes serveurs simultanément. Les échanges TCP (Transmission Control Protocol) entre le navigateur et le serveur seront ainsi réduits et optimisés, ce qui devrait se traduire par un délai de chargement plus court.

    Par ailleurs, le serveur pourra agir de façon proactive en « poussant » du contenu HTMLHTML ou CSS vers le navigateur avant que celui-ci ne le réclame. Cela pourra être le cas notamment des feuilles de stylesfeuilles de styles qui sous-tendent la mise en page des sites Internet. L'HTTP/2 va aussi améliorer la sécurité en apportant une meilleure prise en charge du chiffrementchiffrement TLSTLS (Transport Layer Security) afin de faciliter son implémentation pour passer au HTTPS. L'ajout du TLS n'est pas obligatoire pour les développeurs de sites Web qui vont passer au HTTP/2. Cependant, Chrome et Firefox n'utiliseront l'HTTP/2 qu'avec une sous-couche TLS. Ce qui veut dire que tous les sites optimisés HTTP/2 qui n'intègreront pas le protocole TLS ne pourront pas tirer profit des performances du nouveau standard avec ces deux butineurs.

    L'élaboration de l'HTTP/2 a débuté en 2012, mais l'IETF n'est pas parti d'une feuille vierge. Il s'agit d'une adaptation du protocole réseau SPDY développé par GoogleGoogle depuis 2009 qui promettait un Internet « deux fois plus rapide ». SPDY était utilisé par les navigateurs Chrome et Firefox et soutenu par quelques poids lourds du Web comme YouTubeYouTube (Google), FacebookFacebook et TwitterTwitter.

    Adopté par les principaux moteurs de recherche

    L'IETF précise que le SPDY a servi de base de travail mais qu'il a subi de nombreux changements, notamment au niveau de son schéma de compression. De son côté Google a annoncé il y a quelques jours son intention d'abandonner le SPDY au profit du HTTP/2 qui est d'ores et déjà implémenté dans Chrome ainsi que Firefox (mais pas activé par défaut). MicrosoftMicrosoft l'a également adopté dans la version d'Internet Explorer 11 disponible avec la préversion technique de Windows 10. Après avoir opté pour SPDY, AppleApple (Safari) et Opera travaillent également à l'intégration d'HTTP/2.

    Si le nouveau standard va sans aucun doute rendre la navigation Internet plus fluide, le gain de performance n'est pas quantifié avec précision. La seule indication à laquelle on peut se référer est l'amélioration de 55 % de la vitessevitesse de chargement des pages Web que Google dit avoir obtenu avec le SPDY. Mais il n'est pas certain que les internautes perçoivent une différence sensible rapidement, car il faudra attendre que l'effet HTTP/2 se propage à travers toute l'infrastructure de la Toile.