Prenez un nom à consonance africaine, un programme d'intelligence artificielle, deux grands champions du monde d'échecs… et vous avez un nouveau moteur supposé faciliter la recherche d'informations sur le Web. Rencontre avec le directeur technique américain.

au sommaire


    Accoona

    Accoona

    A lire demain un entretien exclusif avec Anatoli Karpov, le multiple champion d'échecs co-fondateur d'Accoona.

    Le moteur de recherche Accoona, d'origine américaine, avec ses investisseurs privés russes (dont Anatoli Karpov et Garry Kasparov) et ses capitaux chinois, s'est lancé sur le sol européen il y a quelques semaines. Premier du genre à être affublé de l'extension « .eu », prévu en sept langues (allemand, italien, espagnol, portugais, hollandais, anglais et français), à partir d'une seule et même interface capable de reconnaître automatiquement la provenance des requêtes et de donner les résultats dans le langage adéquat, Accoona veut afficher sa différence par l'originalité de son offre marketing, et surtout par sa technologie appuyée sur l'intelligence artificielle.

    En matièrematière d'offre tout d'abord, Accoona propose, en plus du pay per click popularisé par GoogleGoogle (adwordsadwords), Yahoo (Overture) et Miva, et tout en allant plus loin que le pay per call qui commence à fleurir chez certains moteurs, un espace fondé sur le principe du « pay per lead ». Un Internaute pourra demander au moteur de lui afficher des liens de sociétés mises en concurrence relativement à un besoin traduit par la saisie d'un mot clé, et surtout de le mettre en relation avec elles. Il dispose aussi d'une habile fonction de "supertarget" permettant à l'utilisateur de cibler ses recherches (voir photo).

    Accoona et sa fonction "supertarget"

    Accoona et sa fonction "supertarget"

    Sur le plan technique, et spécialement concernant l'intelligence artificielle (« IA »), qu'est-ce qui différencie Accoona de ses concurrents ? L'équipe fondatrice, qui était à Paris pour le lancement officiel avec l'ancien champion d'échecs russe Anatoli Karpov, avance ses pions. Discussion avec Steven Schwartz, CTO.

    Le premier moteur "intelligent"

    D'abord qu'entend-on exactement par « IA » dans le contexte de la recherche sur le Net : système expert, logique floue ? Selon le CTO, Accoona est un pionnier dans l'usage de l'intelligence artificielle appliquée à la recherche d'informations. Précision immédiate : l'IA se cantonne à la sémantique. « Nous favorisons le sens des mots par rapport à la valeur des mots eux même (le « poids », ndlr), ce qui rapproche davantage notre système de recherche du fonctionnement du cerveaucerveau humain » explique Steven Schwartz. « Nous avons introduit l'ensemble des mots connexesconnexes, c'est-à-dire apparentés à une expression et qui jouent un rôle essentiel dans la recherche d'information, directement dans l'écriture de l'algorithme de classement. »

    Prenons par exemple la recherche « Antique car London » : dans ce cas il est évident que l'internaute pense aussi à « Antique auto London » ou « Classic car London », des mots clés différents mais tout aussi adéquats pour sa recherche. « C'est précisément ce que rend possible notre applicationapplication de l'IA. Les résultats relatifs aux mots clés apparentés à ceux tapés par l'internaute sont affichés dès les premières pages. De tels résultats, bien que pertinents, n'apparaissent pas chez les autres moteurs de recherche. »

    A vrai dire, de façon plus globale en matière de moteur de recherche « sémantique » et de tentative de mariage avec l'intelligence artificielle, ce n'est pas tout à fait une première ! Citons d'abord Xyleme, développé au début des années 2000 par des chercheurs de l'INRIA à Roquencourt, noyau d'un moteur qui n'a jamais vu le jour en tant que tel mais qui, à partir d'une base de données XML, visait à structurer le Web et s'appuyait sur les compétences en IA de l'université d'Orsay. N'oublions pas non plus Corese, moteur de recherche sémantique de l'INRIA à Sophia Antipolis.

    50 développeurs depuis 2 ans

    Toutefois, Accoona, lui, est bel et bien sorti des labos. Quelques détails : « nous avons mêlé synonymes, acronymes et pseudonymes ce qui paraît assez évident, mais aussi éponymes, antagonymes, hyperonymes, hyponymes et méronymes ». Explications... Un acronyme est une abréviation formée par les premières lettres de chaque mot composant une expression, comme « OTAN » pour « Organisation du Traité de l'Atlantique Nord ». Un antagonyme peut prendre à la fois une signification et son contraire. Un éponyme est un mot dérivé d'un autre (« Rome » et « Romulus »). Un hyperonyme représente une catégorie regroupant d'autres sous-catégories (« animal » est hyperonyme de « cheval »). Inversement, « cheval » est hyponyme d'« animal ». Un méronyme est un mot désignant une sous-partie d'un autre : « crinière » est méronyme de « cheval ». Etc.

    Bref, par rapport à Google ? Là ou le moteur de Mountain View fait (avec le succès que l'on sait) une part essentielle à la « popularité », c'est-à-dire au nombre et au poids des liens qui pointent vers un site, c'est en amont, dès l'interprétation des requêtes que Accoona introduit sa différence. L'algorithme, conçu et développé depuis 2004 par un groupe de cinquante informaticiens dans un laboratoire du New Jersey, avec l'aide des équipes de Fast Search Transfer, a fait l'objet de pas moins de 600 dépôts de brevets en 2005.

    Il permet en quelque sorte au moteur de « comprendre » la signification des mots qui sont saisis, pour afficher des résultats qui viennent enrichir la recherche. « La pertinence s'en trouve améliorée. Nos bêtabêta testeurs de par le monde nous aident en permanence à l'améliorer en nous remontant leurs remarques à partir des résultats des recherches ».

    « Mais Accoona ne devient pas plus intelligent au fur et à mesure de son apprentissage, comme peut le faire un système expert qui affine sa base de règles par exemple » tempère Steven Schwartz.