Le secteur spatial russe est en pleine mutation. En réorganisant tout son secteur spatial, la Russie veut en finir avec ses échecs à répétition qui brouillent son image auprès de ses partenaires internationaux. L'agence spatiale fédérale russe est dissoute et des programmes revus à la baisse. C'est le cas notamment de certains projets de missions habitées à destination de la Lune et de Mars.

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    Dernier épisode de la restructuration du secteur spatial russe, le président Vladimir Poutine vient de dissoudre l'Agence spatiale fédérale russe ou RKA, communément appelée Roscosmos. Elle était en charge du programme spatial civil russe. Ses compétences ont été élargies ; elle reprendra toutes ses activités le premier janvier 2016. Désormais baptisée Roscosmos State Corporation (RCSRCS), elle deviendra le seul organisme russe en charge de la recherche et du développement en matière spatiale et de l'utilisation de l'espace. RCS aura également une compétence dans la réglementation spatiale et sera responsable des activités internationales dans le domaine de la recherche et de l'utilisation de l'espace.

    Démarrée à la fin des années 2000, la restructuration du secteur spatial russe termine ainsi sa muemue. L'objectif était de retrouver une compétitivité perdue tout en tenant compte de la disparition d'une main d'œuvre vieillissante rompue aux systèmes datant des années 1960. Après avoir regroupé la centaine d'entreprises et de laboratoires qui formaient ce secteur d'activité en quelques holdings, le Kremlin a finalement réuni la plupart des sociétés industrielles dans un holding public.

    Les vols habités sont la meilleure carte de visite du secteur spatial russe. © Nasa

    Les vols habités sont la meilleure carte de visite du secteur spatial russe. © Nasa

    Des ambitions spatiales revues à la baisse

    Cette idée de remettre de l'ordre dans un secteur rigidifié par une administration aux logicielslogiciels datant de l'ex-URSS s'imposait en raison de sa perte de compétitivité et de nombreux échecs retentissants, dont la perte de lanceurs ou de satellites comme la mission Phobos-Grunt. Néanmoins, cette décision arrive dans un contexte difficile où le budget du spatial russe est revu à la baisse à cause de contraintes budgétaires liées à la crise économique, à la chute du prix des matières premières et aux sanctions internationales.

    Dans ce contexte, la Russie est contrainte de décaler dans le temps, voire de renoncer, à un certain nombre de ses programmes. C'est le cas pour certains projets de missions habitées à destination de la Lune et de Mars : les plus ambitieux sont purement annulés. Toutefois, le programme d'exploration robotiquerobotique de la Lune, auquel participe l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa), n'est pas touché par ces restrictions budgétaires.

    Concernant les programmes les plus attractifs pour le grand public, on signalera que, dans le domaine de l'accès à l'espace, le cosmodrome de Vostochny sera bien mis en service dans le courant de l'année 2016. Il sera autant utilisé pour lancer des Hommes que des satellites. Il est situé en Extrême-Orient, non loin de la frontière chinoise. Sa position est moins avantageuse que celle de BaïkonourBaïkonour mais il a justement été construit pour réduire la dépendance de la Russie envers cet historique cosmodrome, dont la location au gouvernement kazakh revient très cher. Quant aux vols habitésvols habités, le développement d'une version modernisée de la capsule SoyouzSoyouz ne semble pas remis en cause. Ce futur véhicule, capable de missions à destination de la Lune, réalisera son premier vol d'essai en 2021, un amarrage à la Station spatiale internationale, et un premier vol habité autour de la Lune avant la fin de la décennie 2020.