Pour répondre aux besoins futurs en matière de ravitaillement de la Station spatiale internationale, cinq entreprises se sont positionnées sur le second contrat que s'apprête à passer la Nasa avec le secteur privé. Lockheed Martin vient de dévoiler sa proposition, très originale, avec un véhicule navette qui ne reviendrait jamais sur Terre.

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    La Nasa doit annoncer en juillet les entreprises privées sélectionnées pour le deuxième contrat de ravitaillement de la Station spatiale internationale (CRS-2, Commercial Resuply Services) qui couvrira les années 2018-2024. Pour cette période, les besoins sont d'autant plus importants que l'ATV de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne n'est plus en service. À chaque vol, ce véhicule de ravitaillement automatique livrait environ six tonnes de fret. À cette contrainte forte s'ajoutent de nouveaux besoins plus contraignants, comme une capacité de retour d'orbite pressurisé.

    Avec plus de 13 milliards de dollars à la clé, la compétition est plus importante que lors du premier contrat qui a vu SpaceXSpaceX et Orbital Sciences se partager 3,4 milliards de dollars pour un total de 20 vols à réaliser entre janvier 2009 et décembre 2017. Cinq entreprises se sont déclarées et ont déposé chacune une offre de service tenue secrète pour l'instant. Nous avons révélé celle de Sierra Nevada et Lockheed Martin a publiquement dévoilé la sienne. Sa solution est un étonnant système de transport en deux parties dans lequel le cargo spatial est remplacé par un simple conteneur ! Une première.

    Ce conteneur, l'Exoliner, serait transporté par un véhicule de transfert, baptisé JupiterJupiter, qui, en orbite, ferait la navette entre la Station spatiale et l'étage supérieur de l'Atlas V, le lanceurlanceur du container. Jupiter pourra également être utilisé pour remonter l'orbite de la Station si nécessaire.

    Le système de transport avec le véhicule Jupiter et le conteneur Exoliner. © Lockheed Martin

    Le système de transport avec le véhicule Jupiter et le conteneur Exoliner. © Lockheed Martin

    Une réutilisabilité inédite

    Le scénario est celui d'un ballet inédit. Lors de sa toute première mission, Jupiter est lancé avec un conteneur à destination de la Station spatiale. Après le déchargement, le Jupiter repart de l'ISS avec le conteneur chargé de détritus tandis qu'un second conteneur est lancé par une Atlas V. Mais celui-ci ne fera pas la route à destination de l'ISS. À la différence d'un cargo classique, l'Exoliner n'a en effet aucune capacité de propulsion ni de contrôle. Il est récupéré dans l'espace par le Jupiter qui, à l'aide de son bras robotiquerobotique, l'installe à la place du premier conteneur, lequel est amarré à l'étage supérieur Centaur de l'Atlas V, chargé de le désorbiter. Le Jupiter fait alors le chemin inverse, retournant vers l'ISS avec le nouveau conteneur contenant du fret ainsi que le carburant nécessaire au Jupiter pour sa rotation. Ce véhicule navette ne redescendant jamais sur Terre, l'option est donc celle d'une réutilisabilité poussée à son extrémité. Dans ce scénario original, il manque tout de même la description de la méthode de permutation des deux containers.

    Le Jupiter, comme le conteneur et le bras robotique, sont conçus autour de technologies largement éprouvées. Ainsi, Thales Alenia Space fournira le module pressurisé d'environ 4,25 m sur 4,25 m et de 5 tonnes de capacité, basé sur celui de l'ATV et du cargo Cygnus. Quant au bras robotique de Jupiter, il sera fourni par la société canadienne MDA, à qui l'on doit notamment les bras robotiques de la navette et de la Station spatiale. Enfin, Jupiter sera réalisé autour d'une plateforme dérivée de celle qui a servi à construire la sonde Maven de la Nasa, en orbite autour de la planète Mars depuis le mois de septembre 2014.