Deux études suggèrent qu’une pluie d’étoiles filantes pourrait devenir exceptionnelle ce 31 mai 2022. La Terre devrait passer à travers des courants de débris récents et denses, créés par la fragmentation de la comète 73P, entraînant la chute de plus de 1.000 météores par heure !


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    Il y a des pluies d'étoiles filantes, chaque les mois, qui sont plus ou moins intenses (plus de 100 par heure pour les Perséides), et il y a, parfois, des tempêtestempêtes d'étoiles filantes qui surpassent toutes les autres par leur taux horaire supérieur à 1.000 météores ! Et c'est bien ce qui pourrait se produire au cours de cette nuit du 30 au 31 mai 2022. Voici pourquoi.

    La comète 73P imagée par Hubble en 2006. © Nasa, ESA, H. Weaver (APL/JHU), M. Mutchler and Z. Levay (STScI)
    La comète 73P imagée par Hubble en 2006. © Nasa, ESA, H. Weaver (APL/JHU), M. Mutchler and Z. Levay (STScI)

    Comment expliquer cette soudaine tempête d’étoiles filantes ?

    Tout d'abord, la prudence impose de parler de ce potentiel événement au conditionnel. Les prévisions s'appuient, en effet, sur deux études solides de chercheurs dont les modèles convergent pour déclarer cette année 2022 comme exceptionnelle pour l'essaim météoritique méconnu des Tau Herculides (c'est leur nom). Cette nuit, la Terre devrait rencontrer sur son orbite plusieurs courants de débris éparpillés par la comète 73P/Schwassmann-Wachmann 3 (alias la comètecomète 73P, pour faire court) après sa fragmentation récente de 1995. S'y ajouteraient aussi des courants plus anciens, datant de 1892 et 1897, et à l'origine de potentiels sursautssursauts qui amplifieraient le spectacle.

    « Nos travaux suggèrent que la traînée éjectée lors du passage de 1995 rencontrera la Terre le 31 mai 2022, avec un pic centré à 05 h 01 TU (7 h 01, heure de Paris), c'est-à-dire similaire à ce que les études précédentes ont trouvé », écrit Jérémie Vaubaillon, de l'IMCCE.

    Qu'est-ce qu'une étoile filante exactement ? La réponse avec Franck Menant, dans Futura dans les Étoiles. © Futura

    Cette comète qui revient tous les 5,4 ans (période orbitalepériode orbitale) est connue depuis 1930, année d'ailleurs où ses découvreurs s'attendaient à ce qu'elle soit très brillante. Ils furent finalement déçus et des observations postérieures suggéraient que la forme allongée de son noyau fût le résultat d'une fragmentation. En tout cas, c'est ce qui se produisit en 1995 sous les yeuxyeux grand ouverts de plusieurs télescopestélescopes. HubbleHubble et SpitzerSpitzer observèrent plus tard, en 2006 et 2007, le cortège de débris de poussière et de glace.

    Animation créée à partir des multiples observations de la comète 73P par Hubble. © Nasa

    Le meilleur moment pour observer la pluie d’étoiles filantes

    Quoi qu'il en soit, mieux vaut se tenir prêt, car si des sursauts se produisent ce sera fantastique : assurément la plus belle pluie d'étoiles filantes, et de loin, de l'année et même de ce début de siècle. « [...] quoi que vous fassiez, soyez prêt pour les surprises !, lance Jérémie Vaubaillon. Et une mauvaise surprise (par exemple un ZHR très faible) nous apprendra dans tous les cas quelque chose sur la science des comètes, des météores, des météoroïdesmétéoroïdes et de la mécanique céleste du Système solaireSystème solaire. »

    La comète 73P et sa traînée de débris observée en 2006 par le télescope Spitzer. © Nasa, JPL-Caltech, W. Reach (SSC/Caltech)
    La comète 73P et sa traînée de débris observée en 2006 par le télescope Spitzer. © Nasa, JPL-Caltech, W. Reach (SSC/Caltech)

    Le meilleur moment pour les surprendre, selon les prévisions, sera donc en toute fin de nuit pour l'Europe de l'Ouest, avec de possibles surprises avant (c'est pour cela qu'il faut rester patient et à l'affût). La situation s'annonce plus favorable pour le continent américain (notamment en Basse-Californie, Mexique), où ce sera encore la nuit profonde. D'autant plus que la LuneLune sera absente, évitant ainsi de gêner l'observation de ces grains minuscules qui percuteront la haute atmosphèreatmosphère terrestre à petite vitessevitesse (environ 12 km/s). Des météores plutôt lents qui pourraient pleuvoir par centaines, et pas toujours faciles à discerner, car faibles.

    Le nom de tau Herculides vient de l'étoile éponyme de la constellationconstellation d'Hercule près de laquelle était situé le radiantradiant de l'essaim météoritique à sa découverte en 1930. Cette année, le radiant est à chercher plutôt dans le Bouvier, non loin de son étoile la plus brillante Arcturus, d'un éclat rouge et facile à repérer dans le prolongement du manche de la « Grande CasseroleGrande Casserole ». Bonne observation, et pourvu que la pluie d'étoiles filantes soit torrentielle !


    Des planètes autour d’étoiles doubles comme Tatooine pourrait être habitables

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 7 mai 2014

    Plusieurs spécialistes estiment que la nuit du 23 au 24 mai sera probablement le théâtre d'une exceptionnelle pluie d'étoiles filantes. Les débris essaimés voici plusieurs dizaines d'années par la comète 209P/Linear pourraient en effet s'abîmer dans notre atmosphère. Les moins optimistes prédisent néanmoins une pluie intense, rythmée par la chute de 100 à 400 météores par heure. Un spectacle à ne pas manquer.

    La traditionnelle pluie d'étoiles filantes qui parsème d'étincelles les douces soirées autour des 12 et 13 août, œuvre des Perséides, est loin d'être le seul rendez-vous météoritique de l'année à ne pas manquer : les essaims sont nombreux à animer nos nuits chaque mois, à l'instar des récentes Lyrides de la fin avril ou les myriadesmyriades de Léonides (novembre) et GéminidesGéminides (décembre). Bien sûr, il arrive que leur activité soit plus faible que prévu, différée de quelques heures, voire favorable aux observateurs situés dans une autre région du monde. Le contraire peut également se produire, pour la plus grande joie de celles et ceux qui se sont préparés à les admirer.

    Rappelons que dans chaque cas, il s'agit à l'origine de comètes qui se sont délestées d'une partie de leurs gazgaz, poussières et petits grains lors de leur approche périodique du SoleilSoleil. Aussi la fuite et l'abandon de débris sont-ils inégaux et parents de courants de densité variable. Lorsqu'il arrive que la Terre croise ces essaims, leur chute dans l'atmosphère provoque alors des accès de fièvrefièvre météoritiques que l'on aime tant saisir. Bientôt, vraisemblablement dans la nuit du 23 au 24 mai, peut-être essuierons-nous une exceptionnelle tempête d'étoiles filantes. Pourquoi un tel phénomène, et à quoi faut-il s'attendre.

    Sur ce diagramme créé à partir des calculs de Jérémie Vaubaillon, on peut distinguer les courants de poussières laissés par les passages successifs de la comète 209P/Linear entre 1803 et 1924. Le trait orange marque l’orbite terrestre et chaque croix la position de notre planète au fil des jours. Les axes sont gradués en unités astronomiques (AU en anglais). © Jérémie Vaubaillon, IMCCE
    Sur ce diagramme créé à partir des calculs de Jérémie Vaubaillon, on peut distinguer les courants de poussières laissés par les passages successifs de la comète 209P/Linear entre 1803 et 1924. Le trait orange marque l’orbite terrestre et chaque croix la position de notre planète au fil des jours. Les axes sont gradués en unités astronomiques (AU en anglais). © Jérémie Vaubaillon, IMCCE

    Les premiers à évoquer la possibilité d'une tempête météoritique à cette date sont des spécialistes internationaux de la question. Dès 2012, Esko Lyytinen, Peter Jenniskens (NasaNasa) et Jérémie Vaubaillon (Institut de mécanique céleste) ont en effet réalisé, après calculs, que les courants de débris émis par la petite comète 209P/Linear entre 1803 et 1924 devraient en partie pénétrer notre atmosphère au cours de la nuit du 23 au 24 mai. Ces poussières seront si minuscules que seuls les plus gros grains seraient visibles. Aussi, s'ils sont en grand nombre comme le prédisent les chercheurs, nous pourrions alors assister à une véritable tempête météoritique comme nous n'en avons pas vu depuis longtemps...

    Pluie ou tempête de météorites ?

    Corroborant leurs calculs, d'autres experts tempèrent néanmoins leur optimisme et préfèrent parler d'un pic d'activité entre 100 et 400 météores par heure. En deçà des 1.000 météores par heure pour parler d'une tempête, le pic calculé est tout de même énorme comparé aux illustres Perséides, qui ont coutume de nous émerveiller avec 100 à 150 météores par heure, selon les années. Quoi qu'il en soit, tous préviennent que l'activité reste difficile à anticiper, car les veines de débris de cette comète découverte seulement en 2004 grâce au programme Linear sont encore mal connues. Petite (la taille de son noyau est estimée entre 0,8 et 1 km) et très difficile à observer, sa période orbitale n'est que de cinq ans. Ce 6 mai, l'astreastre chevelu, paré de sa queue de gaz et de poussières, atteindra sa distance minimale au Soleil, ou périhéliepérihélie, laquelle est de 145 millions de kilomètres (soit 0,9 UAUA, une distance presque égale à celle qui nous sépare de notre étoile). Le 29 mai, elle ne sera qu'à 8,2 millions de kilomètres, soit 0,0554 UA, de la Terre.

    Portrait de la comète-parent 209P/Linear réalisé le 14 avril par le télescope Liverpool installé à l’observatoire de La Palma, aux Canaries. Bien que proche de son périhélie, qui a lieu le 6 mai, la petite comète brillait avec une magnitude de 17. Sa période orbitale est de cinq ans. © E. Guido, N. Howes, B. Mueller, M. Nicolini, N. Samarasinha (via remanzacco.blogspot.fr)
    Portrait de la comète-parent 209P/Linear réalisé le 14 avril par le télescope Liverpool installé à l’observatoire de La Palma, aux Canaries. Bien que proche de son périhélie, qui a lieu le 6 mai, la petite comète brillait avec une magnitude de 17. Sa période orbitale est de cinq ans. © E. Guido, N. Howes, B. Mueller, M. Nicolini, N. Samarasinha (via remanzacco.blogspot.fr)

    Si son activité se confirme, l'essaim devrait avoir pour radiant la GirafeGirafe (Camelopardalis), petite et délicate constellation proche du pôle nord céleste, coincée entre Cassiopée et la Grande Ourse. Cette position circumpolairecircumpolaire est très profitable aux observateurs de l'hémisphère nordhémisphère nord et garantit une visibilité pour toute la nuit. En outre, la Lune ne représentera aucun gêne, car le fin croissant, en conjonctionconjonction avec l'étincelante VénusVénus, ne se lèvera pas avant 4 h 30. Afin d'optimiser la contemplation, il ne  restera plus qu'à trouver un site dégagé et relativement épargné par la pollution lumineuse envahissante de nos villes, à vous installer confortablement puis à patienter et compter. Naturellement, le suspense demeurera jusqu'à cette soirée du pic d'activité des Camélopardalides. Bonne observation !