Toujours très en forme, le rover Opportunity qui s’était lancé en février dans l’ascension du flanc sud de la vallée de Marathon, a dû renoncer à l’approche du sommet. La pente était devenue trop raide et périlleuse... Ce point de vue élevé lui a tout de même permis une belle observation : un tourbillon de poussière.

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    Le rover Opportunity, qui a soufflé sa douzième bougie sur Mars, dans la région de la plaine Meridiani où il a débarqué (voir son parcours sur la carte virtuelle réalisée par la Nasa) en janvier 2004, continue de cumuler les exploits malgré son grand âge. D'abord, il y a son admirable longévité et endurance : sept hivershivers et toujours la forme.

    Ensuite, il y a celui de la plus grande distance extraterrestre jamais parcourue par une machine fabriquée par l'Homme : il en est à 42,728 km. Bloqué depuis 6 ans, son jumeaujumeau Spirit n'a, quant à lui, roulé que 7,730 km. OpportunityOpportunity vient de récidiver dans la surenchère : attaquer la pente la plus raide jamais prise par un rover martienrover martien. Il a d'ailleurs ainsi battu son propre record, accompli neuf mois après son arrivée.

    Tout proche de sa cible, Opportunity a malheureusement dû renoncer malgré ses tentatives de l’atteindre. On peut voir sur cette image, les traces de dérapages du rover sur ce terrain sablonneux en pente. © Nasa, JPL-Caltech

    Tout proche de sa cible, Opportunity a malheureusement dû renoncer malgré ses tentatives de l’atteindre. On peut voir sur cette image, les traces de dérapages du rover sur ce terrain sablonneux en pente. © Nasa, JPL-Caltech

    Une pente difficile

    Le 10 mars (4.311e jour sur Mars), poursuivant bon an mal an son escalade du flanc sud de la vallée de Marathon, une entaille est-ouest dans les remparts du grand cratère EndeavourEndeavour (22 km de diamètre), Opportunity était sur une pente inclinée à 32°. Il n'était plus très loin de sa nouvelle cible, la crête de Knudsen où des zones rouges interpellent les chercheurs de la mission. Comme le suggèrent les observations en orbite de la sonde MRO (Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter), cette zone pourrait être associée à des phyllosilicatesphyllosilicates.

    Malheureusement, les difficultés rencontrées les jours suivants pour progresser ont contraint l'équipe à renoncer à cette destination. Cela devenait trop périlleux. Comme l'explique la Nasa, les ingénieurs avaient prévu que les six roues en aluminium de l'astromobile pourraient patiner sur ce terrain, et avaient donc anticipé qu'il leur faudrait tourner davantage. Résultat, le rapport a montré que les roues avaient certes effectué assez de tours pour parcourir 20 mètres sans patinage, mais, en réalité, il n'avait avancé que de... 9 centimètres.

    « Démon de poussière » à l’intérieur du grand cratère d’impact Endeavour (22 km de diamètre) photographié par la NavCam d’Opportunity lors 4.332<sup>e</sup> jour sur Mars. Le rover se roule sur le flanc sud de la vallée de Marathon qui coupe d’est en ouest le bord du cratère. Derrière le tourbillon, apparaît la crête du bord opposé. © Nasa, JPL-Caltech

    « Démon de poussière » à l’intérieur du grand cratère d’impact Endeavour (22 km de diamètre) photographié par la NavCam d’Opportunity lors 4.332e jour sur Mars. Le rover se roule sur le flanc sud de la vallée de Marathon qui coupe d’est en ouest le bord du cratère. Derrière le tourbillon, apparaît la crête du bord opposé. © Nasa, JPL-Caltech

    Opportunity aperçoit un « démon de poussière »

    Il fut donc décidé, après ce troisième essai non concluant, d'abandonner cette cible pourtant toute proche puis de redescendre la pente en direction du nord, sur environ 8,2 mètres. Jusqu'au 31 mars (sol 4.332), le rover a effectué 8 séances de conduites - 60 mètres parcourus - qui l'ont mené vers le sud-ouest et sa prochaine zone d'investigation sur des minérauxminéraux argileux.

    Ce jour-là, le 4.332e depuis son atterrissage, Opportunity eut la chance d'enregistrer avec la caméra de navigation sur son mât, une colonne de poussière balayant le fond du cratère Endeavour. Surnommés Dust devil (« démondémon de poussière » en français), ces phénomènes ne sont pas rares sur Mars comme l'a montré son alter ego Spirit qui, de l'autre côté de la planète, en fut témoin à de nombreuses reprises au cours des années 2000 (à voir et revoir en version animée ici). Pour Oppy, c'est plus inhabituel.

    Comme sur la Terre, ces tourbillons se forment lorsque l'airair se réchauffe au sol et se met en rotation au cours de son ascension. Ce sont les poussière aspirées et emportées qui les rendent visibles.