Presque deux siècles après la découverte du premier astéroïde, plus d'un demi-million de ces cailloux célestes sont actuellement répertoriés. Un rythme de découvertes qui n'a cessé de s'accélérer avec la mise en place de programmes de surveillance automatique du ciel.

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    Le premier jour du 19e siècle, un astronomeastronome italien, G. Piazzi, découvrait Cérès, le premier et le plus gros des astéroïdes, reclassé dernièrement planète naine en raison de sa taille (950 kilomètres). PallasPallas, Junon et VestaVesta furent découverts les six années suivantes, puis d'autres suivirent au rythme du développement des instruments astronomiques et des techniques de détection : plaques photographiques, pellicules, récepteurs électroniques. En 1868 on dénombrait cent astéroïdes, mille en 1921 et dix mille en 1989.

    La plupart de ces corps circulent dans une ceinture dont l'orbite se situe entre celles de Mars et JupiterJupiter. Ils intéressent beaucoup les scientifiques pour deux raisons. Tout d'abord la découverte d'acides aminés dans certaines météorites laisse penser que l'apparition de la vie sur Terre aurait pu être directement liée à la chute de ces corps. D'autre part, certains circulent sur des orbites qui les amènent périodiquement à proximité de la Terre. Ce sont les géocroiseurs.

    Les plus petits (heureusement les plus nombreux) se désintègrent dans l'atmosphèreatmosphère. La rencontre avec un géocroiseur de grande taille aurait des conséquences catastrophiques. C'est pourquoi depuis une trentaine d'années les astronomes ont mis en place différents réseaux de détection automatisée d'objets célestes mobilesmobiles, comme les comètes et les astéroïdes.

    L'un des télescopes du réseau de surveillance Linear. Crédit <em>Lincoln Laboratory</em>

    L'un des télescopes du réseau de surveillance Linear. Crédit Lincoln Laboratory

    Des découvertes à foison

    C'est d'abord le projet Spacewatch, lancé en 1980 par l'Université de l'Arizona. Deux télescopestélescopes, l'un de 90 centimètres de diamètre et l'autre deux fois plus gros, furent réservés à la traque des comètes et astéroïdes. Ce réseau, le plus ancien, fournit une base d'images inestimable quand il s'agit de rechercher d'anciennes traces d'astéroïdes géocroiseurs pour affiner leur trajectoire, comme ce fut le cas en 2007 avec le dangereux Apophis.

    Neat (pour Near Earth Asteroid Tracking) débuta fin 1995 en utilisant deux télescopes automatisés, l'un à Hawaï et l'autre à l'Observatoire du Mont PalomarObservatoire du Mont Palomar. Outre des milliers d'astéroïdes, Neat a donné son nom à une belle comète découverte en août 2001 et qui fut observable à l'œilœil nu en mai 2004. Le troisième et le plus important de tous ces programmes de surveillance est Linear (pour Lincoln Near-Earth Asteroid Research), lancé en 1996 : un, puis deux et maintenant trois télescopes de 1 mètre de diamètre installés au Nouveau-Mexique sont équipés de caméras CCDCCD grand champ.

    Ce réseau très efficace a déjà découvert plus de 300.000 astéroïdes, parvenant même il y a quelques mois à photographier la collision de deux d'entre eux. A ces réseaux principalement dédiés à la recherche des astéroïdes on peut ajouter divers instruments qui en découvrent dans le cadre d'autres observations. C'est le cas du télescope spatialtélescope spatial Wise qui a déniché récemment des astéroïdes sombres qui ne sont visibles qu'en infrarougeinfrarouge.

    Pour continuer à répertorier les astéroïdes et se préparer à une possible collision avec un corps de grande taille, des experts internationaux rassemblés au début de l'année ont préconisé la mise en place d'un réseau mondial de surveillance. Car même si le Minor Planet Center dispose actuellement d'informations sur près de 530.000 astéroïdes, il reste encore à recenser de nombreux objets potentiellement dangereux et à en connaître la composition.