On l’avait d’abord pris pour un sursaut gamma dans l’Univers lointain mais Swift J195509+261406, en émettant une quarantaine de flashes puissants visibles dans le domaine optique, vient de révéler sa vraie nature. Il s’agit d’un magnétar distant de notre système solaire d’environ 15.000 années-lumière, qui se trouve donc bien dans notre Voie Lactée.

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    Des paquets d'ions arrachés à la croûte du magnétar par les torsions de son champ magnétique spiralent en suivant les lignes de champs et causent les flashes de lumière observés sur Terre. Vue d'artiste. Crédit : ESO/L. Calçada

    Des paquets d'ions arrachés à la croûte du magnétar par les torsions de son champ magnétique spiralent en suivant les lignes de champs et causent les flashes de lumière observés sur Terre. Vue d'artiste. Crédit : ESO/L. Calçada

    Le 6 juin 2007, le satellite SwiftSwift détectait ce qui semblait être un sursaut gamma assez inhabituel, GRB 070610. Surveillé par une équipe de 42 astronomesastronomes de par le monde avec de multiples télescopes au sol dont le IAC80 de 0,8 m espagnol de l'observatoire de Teide, le VLT de l'ESO ainsi, bien sûr, que les satellites en orbites Swift de la Nasa et XMM NewtonNewton de l'Esa, Swift J195509+261406 a fini par se montrer sous son vrai jour : c'est un magnétarmagnétar.

    Ces astresastres sont des types d'étoiles à neutronsétoiles à neutrons possédant un champ magnétiquechamp magnétique incroyablement intense, un milliard de milliards de fois plus élevé que celui de la Terre et une centaine de fois plus fort en moyenne que celui d'une étoile à neutrons typique. De telles valeurs s'expliquent en partie par la conservation du flux magnétique d'une étoile qui s'effondre pour donner l'astre hyperdense de quelques dizaines de kilomètres de diamètre qu'est une étoile à neutrons. Le produit de l'intensité des lignes de champ magnétique par la surface de l'étoile étant constant, si cette dernière diminue suite à l'effondrementeffondrement de l'étoile, l'intensité du champ devra bien croître.

    Fantaisie de jeunesse de certaines étoiles à neutrons ?

    En rotation rapide, les lignes de champs magnétiques sont susceptibles de s'enrouler, ce qui peut provoquer dans le plasma de particules chargées qui les environne, ou dans sa croûtecroûte, de brusques éruptions d'énergiesénergies. C'est justement ce que les astronomes viennent de surprendre.

    Ils ont d'abord observé une série de 40 flashes dans le domaine visible correspondant aux éruptions précédentes, et ce, pendant une période de 3 jours. Ces derniers furent suivis 11 jours plus tard par d'autres mais dans le domaine infrarougeinfrarouge, comme l'a révélé le VLT au Chili.

    Cliquez pour agrandir. Les clins d'œil de Swift J195509+261406 observés avec le télescope de Teide, dans les îles des Canaries. Crédit : A.J. Castro-Tirado/IAC80/ESO

    Cliquez pour agrandir. Les clins d'œil de Swift J195509+261406 observés avec le télescope de Teide, dans les îles des Canaries. Crédit : A.J. Castro-Tirado/IAC80/ESO

    Le magnétar Swift J195509+261406 libérait alors à l'occasion de certains de ces flashes autant d'énergie que le SoleilSoleil en 10.000 ans. L'ensemble de ces caractéristiques est précisément ce à quoi on doit s'attendre si le sursautsursaut gamma mou initialement vu, GRB 070610, était bien un magnétar et pas une hypernovahypernova.

    On pense que les magnétars pourraient bien être une phase transitoire dans la vie des étoiles à neutrons, par laquelle certains de ces astres doivent passer lorsqu'ils sont encore jeunes. L'énergie stockée dans le champ magnétique diminuant, un magnétar se transformerait à la suite de plusieurs éruptions de ce genre en étoiles à neutrons plus classiques.

    On soupçonne alors qu'il existe beaucoup d'objets de ce type dans la GalaxieGalaxie, mais leur activité transitoire fait qu'il est difficile de les détecter tous à l'échelle de la vie humaine. Ainsi, seule une douzaine d'entre eux ont jusqu'ici été identifiés dans la Voie LactéeVoie Lactée.