Selon un nouveau modèle, la petite lune de Saturne, Encelade, aurait, dans son ensemble, une banquise plus fine qu’escompté, atteignant quelques kilomètres seulement autour de son pôle sud. Une bonne nouvelle pour les futures explorations spatiales de ce monde potentiellement habitable, situé à un peu plus d'un milliard de kilomètres.

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    Depuis les premières observations de ses geysers en 2005, peu après l'arrivée de la sonde Cassini dans l'environnement de SaturneSaturne, Encelade n'a de cesse d'intriguer les planétologues, soucieux de comprendre ce que peut cacher ce petit satellite de 500 km de diamètre sous son armure de glace, fendue notamment à son pôle sud.

    En l'espace d'une décennie, ce qui ressemble, vu de l'extérieur, à une boule de glace (les jours les plus chauds, il peut faire -130 °C), est devenu un objet fascinant pour les exobiologistes. Ce monde potentiellement habitable semble aussi prometteur qu'Europe autour de JupiterJupiter, si ce n'est plus, et cela en dépit de sa position à quelque 1,4 milliard de kilomètres du Soleil en moyenne, soit presque dix fois plus loin que la Terre.

    Survolé et reniflé à plusieurs reprises par Cassini, le flot continu de vapeur d'eau, de particules de glace, de matière organique, de divers gaz, de sels et de silicessilices, expulsé dans l'espace depuis ses crevasses proches du pôle sud, témoigne d'une activité interne durable. EnceladeEncelade abriterait un océan global sous son manteaumanteau de glace. De plus, selon un nouveau modèle développé par une équipe internationale, sa banquisebanquise serait plus fine qu'on ne le supposait, particulièrement dans les régions les plus actives.

    Les couleurs indiquent les différentes épaisseurs du manteau de glace qui enrobe Encelade : jusqu’à 35 km dans les régions équatoriales (en jaune), où les cratères sont plus nombreux, et moins de 5 km dans la région des « rayures du Tigre », au pôle sud (en bleu). © LPG-CNRS-U. Nantes, U. Charles, Prague

    Les couleurs indiquent les différentes épaisseurs du manteau de glace qui enrobe Encelade : jusqu’à 35 km dans les régions équatoriales (en jaune), où les cratères sont plus nombreux, et moins de 5 km dans la région des « rayures du Tigre », au pôle sud (en bleu). © LPG-CNRS-U. Nantes, U. Charles, Prague

    Une épaisseur de seulement quelques kilomètres au pôle sud

    La banquise d'Encelade recouvre l'océan interne de cette lune (un océan global et non plus local comme cela a été démontré en 2015). Son épaisseur fut estimée, dans un premier temps, entre 30 et 40 km autour du pôle sud et jusqu'à 60 km au niveau de son équateuréquateur puis elle avait été ramenée à 20 km en moyenne. Une valeur qui était cependant discutée par les scientifiques, au regard des mesures du champ de gravité du satellite et de sa topographie.

    Le nouveau modèle présenté dans la revue en ligne Geophysical Research Letters, cosigné par des chercheurs du CNRS, pourrait mettre tout le monde d'accord. L'épaisseur de la glace serait finalement comprise entre 18 et 22 km et, dans la région des « rayures du TigreTigre », au pôle sud, elle ne serait que de quelques kilomètres.

    En somme, son noyau rocheux aurait un rayon compris entre 180 et 185 km ; l'océan qui le recouvre ferait environ 45 km d'épaisseur et représenterait 40 % du volumevolume (sa teneur en sel serait équivalente à celle des océans terrestres). Quant à la coquille de glace qui enveloppe l'ensemble, elle serait épaisse de 20 km en moyenne et jusqu'à seulement 5 km, voire moins, dans les parties les plus fines. Les auteurs de l'étude considèrent que les 200 premiers mètres de la couche de glace fonctionnent comme une coquille élastique.

    L’hypothèse de sources chaudes renforcée

    Le problème avec une couche de glace plus mince est que la dissipation de l'énergieénergie vers l'extérieur est plus importante. Dans ce contexte, les effets de maréemarée de la géante Saturne ne suffisent plus à expliquer l'excès d'énergie observé au pôle sud. « Ce modèle renforce donc l'idée d'une intense production de chaleurchaleur dans l'intérieur profond d'Encelade, ce qui serait à l'origine de sources d’eau chaude sur son plancherplancher océanique », indique le communiqué du CNRS.

    Autant d'indices qui, une fois encore, suggèrent l'existence d'un environnement sous-marinsous-marin accueillant pour d'éventuelles formes de vie. Par chance, cette petite lune d'une planète géanteplanète géante de notre Système solaireSystème solaire est à notre portée pour de futures explorations spatiales. Elle l'est d'ailleurs d'autant plus si sa carapace est effectivement si peu épaisse par endroits. De nombreuses découvertes, et sans doute des surprises, nous y attendent.