Le développement constant du matériel astronomique et des capteurs électroniques permet aujourd'hui aux passionnés de résoudre des détails planétaires de plus en plus fins. De nouveaux champs d'observations se révèlent alors, comme la surface des satellites de Jupiter.

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    Ils sont quatre, découverts en janvier 1610 par GaliléeGalilée : IoIo, Europe, GanymèdeGanymède et CallistoCallisto. Quatre corps célestes qui gravitent autour de l'imposante JupiterJupiter. Ils connurent leur heure de gloire en 1676 quand l'astronomeastronome danois Roemer constata qu'à certaines époques de l'année Io était en avance ou en retard par rapport à sa position théorique sur son orbite. Roemer réalisa que ce décalage avait pour origine la vitesse de la lumière qu'il fut le premier à mesurer.

    A la fin des années 1970 les sondes Voyager offrirent les premières images détaillées de la surface des satellites galiléens : après quatre siècles de frustrations les astronomes découvraient enfin ces mondes étranges où la diversité règne en maître. Io est un astre volcanique malmené par l'attraction gravitationnelle de Jupiter. Europe est recouvert d'une épaisse croûtecroûte glacée, tout comme Ganymède. Quant à Callisto, sa surface fortement cratérisée rappelle celle de Mercure. Vus de la Terre, ces satellites nous apparaissent depuis 400 ans comme des petits points lumineux qui dansent autour de Jupiter.

    Les astronomes amateurs en suivent régulièrement le ballet et s'associent tous les six ans avec les professionnels de l'IMCCE pour observer les phémus (les derniers se sont produits l'an passé). Il s'agit des phénomènes mutuels des satellites (éclipses et occultationsoccultations) qui se produisent lorsque le plan de l'orbite des satellitesorbite des satellites est aligné avec le SoleilSoleil et la Terre. Ces campagnes d'observations visent à améliorer la connaissance des orbites des satellites galiléens : il n'est pas rare d'obtenir une précision inférieure à 100 kilomètres sur la position d'un satellite orbitant à plus de 600 millions de kilomètres ! Une précision qui intéresse la recherche spatiale en vue d'optimiser la trajectoire de certaines sondes planétaires.

    Les quatre satellites galiléens vus par les sondes Voyager. Crédit Nasa

    Les quatre satellites galiléens vus par les sondes Voyager. Crédit Nasa

    Des astronomes amateurs ambitieux

    Mais les passionnés d'imagerie planétaire veulent aller plus loin que le simple enregistrement des phémus. Certains se mettent alors à rêver : et si on parvenait à enregistrer des détails sur les satellites ? Le premier à gagner le pari est Damian Peach en 2007. Cet amateur est déjà à l'époque considéré comme l'un des meilleurs astrophotographes au monde. Il profite d'un séjour à La Barbade pour réaliser des images exceptionnelles de Ganymède. Pour la première fois dans le monde de l'astronomie amateur, un satellite galiléen n'est plus vu comme un petit point lumineux mais comme un disque avec différentes nuances. Michael Karrer lui emboîte le pas un an plus tard sous le ciel de Namibie. Le 21 juillet dernier, c'était au tour de Doug Lozen de tirer le portait du satellite Io depuis la Floride.

    Si chacun de ces astrophotographes a réalisé ses images dans des sites proches de l'équateuréquateur, c'est que les planètes y sont beaucoup plus hautes dans le ciel. Tenter un tel défi depuis l'Europe est en principe mission impossible car Jupiter circule à proximité de l'horizon sud, au milieu des turbulencesturbulences atmosphériques. Mais rien n'est impossible pour un Français, comme l'a prouvé Jean-Pierre Prost : le 14 juillet (eh oui, ça ne s'invente pas !) il a réalisé de très belles images de Ganymède et Io avec un télescopetélescope de seulement 25 centimètres de diamètre et une caméra CCDCCD depuis la Côte d'Azur.

    Jupiter passera à l'opposition fin septembre ; les astronomes amateurs ont donc tout l'été pour tenter d'imager les satellites galiléens. Un défi à suivre !