La découverte d'Apophis, cet astéroïde qui croisera la terre à 30.000 km en 2029, semble avoir provoqué une prise de conscience du danger potentiel représenté par ces objets célestes. Mais prendre conscience d'un risque, c'est bien. Agir, ce serait encore mieux. Mais là, ce n'est pas gagné…

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    Astéroïde tueur

    Astéroïde tueur

    On estime actuellement le nombre d'objets célestes inconnus de plus de 140 mètres de diamètre restant encore à découvrir à 20.000 environ. Lorsqu'ils sont détectés, leur orbite doit être calculée, puis affinée par des mesures répétées, ce qui prend du temps et beaucoup de ressources. Mais ce processus progressif donne l'impression que les scientifiques se trompent dans leur appréciation du risque. Ainsi, le 23 décembre 2004, donnaient-ils à Apophis 0,4 % de probabilités de percuter la Terre en 2036, faisant grimper ce chiffre à 2,7 % trois jours plus tard pour finalement tomber à zéro en février 2005. Cette approximation apparente n'est pas provoquée par des erreurs de calculs, mais par la probabilité d'introduction de données erronées, qui s'accroît proportionnellement avec le nombre d'observations, et qui ne sont pas aisément détectables lorsqu'elles proviennent de dizaines - voire de centaines - d'observatoires différents.

    Or, le mandat de surveillance des objets potentiellement dangereux donné à la NASA va provoquer l'arrivée, dans les prochaines années, d'un véritable déluge de données concernant un demi million d'objets de toutes les tailles, formes et trajectoires. Il est déjà établi que la prochaine génération de télescopes détectera et signalera automatiquement tous les objets de 70 mètres de diamètre, dont le nombre doit dépasser les 150.000. Rappelons au passage que le bolide qui a provoqué la catastrophe de la Toungouska en 1908 avait un diamètre de 40 mètres...

    La NASA doit accroître son effort pour détecter les objets célestes plus petits et potentiellement dangereux. Nous sommes loin d'y être...

    Selon Simon Worden, directeur du centre spatial Ames de la NASA, un budget de 1 milliard de dollars serait nécessaire pour découvrir d'ici 2020 environ 90 % des 20.000 objets de 140 mètres de diamètre encore inconnus. Selon lui, deux possibilités existent, qui seraient soit de construire un réseau de télescopes terrestres destinés exclusivement à cette tâche, ce qui représenterait une dépense de 800 millions de dollars, soit de lancer un télescope spatialtélescope spatial infrarougeinfrarouge qui pourrait accomplir ce travail plus rapidement et plus efficacement, pour un montant de 1,1 milliard de dollars. Mais le scientifique Lindley Johnson annonce que la Maison-Blanche a refusé ces solutions, les jugeant trop coûteuses.

    Une option plus économique consisterait à déléguer la plupart des observations sur d'autres observatoires existants partout dans le monde en établissant un genre de rôle de garde, annonce Lindley Johnson. Le coût du programme serait ainsi abaissé à 300 millions de dollars, mais cela aussi, le gouvernement américain l'a rejeté pour des raisons budgétaires...

    Russell Schweickart, astronauteastronaute d'ApolloApollo 9 et fondateur de l'Association des explorateurs de l'espace, annonce quant à lui que la possibilité existe désormais de dévier un astéroïdeastéroïde potentiellement destructeur de façon à éviter une collision avec la Terre. Envoyer un vaisseau à proximité, l'y maintenir et dévier l'objet au moyen de sa seule attraction gravitationnelle est possible, et cela pour un coût de 100 à 500 millions de dollars. L'humanité vaut bien ce prix.

    Mais une difficulté surgit. La précocité de l'intervention rend nécessaire une détection plusieurs dizaines d'années avant un impact potentiel. En soi, ce n'est pas irréalisable. Plus on décide d'y aller tôt, plus c'est facile. Mais les hommes politiques auront-ils la volonté de dépenser plusieurs millions de dollars pour préserver les générations futures ? L'exemple donné jusqu'à ce jour n'encourage pas à l'optimisme...