Après un périple mouvementé de 7 ans dans l’espace, la sonde Hayabusa a réussi à rejoindre la Terre et à larguer la capsule qui doit contenir des échantillons de l’astéroïde Itokawa. Leur étude pourrait permettre aux scientifiques de mieux comprendre comment s'est formé le Système solaire. Ce retour sur Terre signe une performance autant scientifique que technique car rien n’aura été épargné à cette sonde japonaise.

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    La capsule larguée par la sonde Hayabusa après son atterrissage dans la Woomera Prohibited Area. © Jaxa

    La capsule larguée par la sonde Hayabusa après son atterrissage dans la Woomera Prohibited Area. © Jaxa

    Dimanche 13 juin à 13 h 51 TU (15 h 51 en heure française), la sonde HayabusaHayabusa (ou Muses-C) a pénétré dans l'atmosphèreatmosphère terrestre et s'y est désintégrée, signant dans le ciel une traînée lumineuse bien visible. Trois heures auparavant, la sonde japonaise avait largué un petit module rond, de 40 centimètres de diamètre, qui a poursuivi seul son chemin vers la Terre. L'engin s'est enfoncé dans l'atmosphère, protégé par son bouclier thermique, pour un plongeon sur l'Australie. A dix kilomètres d'altitude, le bouclier a été éjecté et un parachuteparachute s'est déployé, assurant un atterrissage en douceur à l'endroit prévu, la vaste zone militaire de Woomera, au sein du Grand désertdésert Victoria, dans l'Etat d'Australie Méridionale. Un hélicoptère était alors chargé de retrouver la capsule et son parachute, mission accomplie six heures plus tard.

    Personne ne peut dire actuellement si la capsule contient bien des échantillons de l'astéroïde. En effet, il n'est pas certain que le système de récupération ait correctement fonctionné lors du bref atterrissage de la sonde sur Itokawa, en novembre 2005. Au contact de l'astéroïde, Hayabusa devait déclencher le tir d'un projectile de 5 grammes propulsé à une vitesse de 300 m/s. Sous l'impact, des fragments et de la poussière ont été éjectés et recueillis par une sorte de cornet et transférés dans la capsule. Or, les contrôleurs au sol ne sont pas certains que le projectile soit parti ! Par conséquence et à moins de penser que des poussières sont en suspension au-dessus de la surface de l'astéroïde, il y a très peu de chance que Hayabusa ait réussi à collecter quelque chose.

    A la suite de la perte de deux de ses trois roues à inertie et du mauvais fonctionnement de son système de propulsion ionique, la sonde a raté la fenêtrefenêtre de tir initiale qui devait lui permettre de retourner sur Terre en 2007. La Jaxa a été contrainte de tracer une nouvelle route en vue d'un retour sur Terre en juin 2010 et composer avec des batteries hors service.

    Revenue de son long voyage de sept années et de sa visite de l'astéroïde Itokawa, après moult aventures qui ont plusieurs fois failli faire échouer la mission, la sonde <em>Hayabusa</em>, avec trois moteurs en panne sur quatre, s'est consumée dans l'atmosphère terrestre. © Jaxa

    Revenue de son long voyage de sept années et de sa visite de l'astéroïde Itokawa, après moult aventures qui ont plusieurs fois failli faire échouer la mission, la sonde Hayabusa, avec trois moteurs en panne sur quatre, s'est consumée dans l'atmosphère terrestre. © Jaxa

    Un retour sur Terre des plus chaotiques

    Ces problèmes techniques, dont l'échec du tout petit robotrobot MinervaMinerva qui devait se déplacer par bonds successifs sur Itokawa avant de s'immobiliser pour réaliser des vues en trois dimensions, ne doivent pas faire oublier que tous les instruments scientifiques ont parfaitement fonctionné. Près de 1.500 images de l'astéroïde (soit un gigaoctet de données) ont été acquises. Le spectromètre infrarougeinfrarouge a pris plus de 75.000 mesures et l'altimètre radar en a à son actif plus de 1,4 million. Quant au spectromètre X, il a fonctionné environ 700 heures.

    Enfin, n'oublions pas que Hayabusa est avant tout un démonstrateurdémonstrateur de technologies avancées sur lesquelles compte s'appuyer le Japon pour réaliser des missions de retour d'échantillons à plus grande échelle. A l'exception de Minerva, tous les objectifs majeurs de la mission ont donc été atteints. Surtout, la Jaxa a validé son moteur ioniquemoteur ionique qui a fonctionné pendant plus de 31.000 heures cumulées ! C'est d'autant plus important que le Japon souhaite utiliser ce genre de système de propulsion pour poursuivre son exploration robotiquerobotique du Système solaireSystème solaire.