L'Agence spatiale européenne a utilisé pendant cinq jours le rover Bridget d'Astrium, pour apprendre à commander un rover martien en milieu inconnu depuis un centre de contrôle. Ces essais, réalisés dans le désert chilien d'Atacama, se sont très bien passés.

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    En 2018, le premier rover martienrover martien de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) quittera la Terre à destination de Mars. Mais d'ici là, l'Esa doit apprendre à se poser sur la Planète rouge (l'objectif d'ExoMars 2016). Puis, elle devra savoir comment se déplacer et explorer le site d'atterrissage : un défi qui revient à Bridget, un rover d'Astrium.

    Bridget est la première version du rover d'ExoMars conçue au début des années 2000. Depuis, l'engin a énormément évolué pour devenir une plateforme beaucoup plus flexible. Aujourd'hui, il ne fait plus partie du projet ExoMars, mais est utilisé en recherche et développement sur les instruments et les opérations. En clair, il n'ira pas sur Mars, mais les rovers européens qui rouleront sur cette planète lui devront beaucoup.

    Il y a quelques jours, s'est terminé le plus ambitieux test de rover planétaire jamais effectué par l'Esa. Pendant cinq jours, Bridget a exploré un site du désertdésert chilien d'Atacama similaire à un terrain martien, et donc qui se prêtait bien aux tests des instruments scientifiques qui seront à bord d'ExoMars 2018ExoMars 2018.

    Tester sur Terre les activités martiennes

    À proprement dit, cet essai ne s'est fait pas dans le cadre du programme ExoMars, bien que celui-ci ait servi de scénario de référence. L'idée de départ était d'installer sur une plateforme mobilemobile, en l'occurrence Bridget, des prototypes d'instruments qui seront embarqués sur le rover ExoMars 2018. Le but étant d'étudier comment ils se comportent et interagissent, pour essayer de mieux comprendre l'environnement qui entoure le rover, et donc de trouver des endroits où il serait intéressant de forer pour rechercher des traces de vie. Les instruments ainsi testés étaient la caméra panoramique pour l'imagerie 3D stéréo, un géoradargéoradar pour sonder la géologiegéologie du sous-sol, et un imageur macro pour étudier des échantillons du sol jusqu'à une résolutionrésolution d'un millième de millimètre.

    Les données acquises pendant cette expérience seront également utilisées pour développer des simulateurs. Au niveau opérationnel bien évidemment, mais également pour tout ce qui concerne la plateforme, comme le contrôle, la locomotion, ou encore les interactions entre la plateforme et le sol. © Elie Allouis, Astrium

    Les données acquises pendant cette expérience seront également utilisées pour développer des simulateurs. Au niveau opérationnel bien évidemment, mais également pour tout ce qui concerne la plateforme, comme le contrôle, la locomotion, ou encore les interactions entre la plateforme et le sol. © Elie Allouis, Astrium

    Comme nous l'explique Elie Allouis, ingénieur système en mission et robotiquerobotique chez Astrium et membre de l'équipe Bridget, « le bilan de ces cinq jours a été très positif ». Du rover Bridget à la suite logicielle, en passant par les instruments au centre de contrôle situé dans les installations de Satellite Applications Catapult à Harwell (Royaume-Uni), « toute la chaîne logistique de l'exploitation d'un rover sur une autre planète a très bien fonctionnée ».

    Une trajectoire sécurisée pour le rover

    Il faut savoir que pour ce test, Harwell était utilisé comme un centre de contrôle d'une vraie mission : il recevait les données du rover dans des « conditions très représentatives d'une mission martienne ». Mieux encore, le personnel sur place n'avait aucune idée du terrain sur lequel travaillait Bridget. Les instructions envoyées au rover se faisaient sur la base des donnéesbase des données recueillies et envoyées par Bridget. Au Chili, l'équipe sur place avait repéré des zones d'un très grand intérêt scientifique, et des spots géologiques tout aussi intéressants. À partir des données fournies par le rover, ils ont tous été identifiés par les scientifiques présents au centre de contrôle d'Harwell.

    Autre point positif, à la différence des terrains martiens reconstitués, où l'on peut représenter tous types de sol (densité, distribution et taille des roches, etc.) en milieu naturel, la nature fait preuve de beaucoup d'imagination pour confronter chaque mission à des situations qui n'ont pas été anticipées. Ainsi, « un rocher d'une taille anodine s'est révélé être un obstacle redoutable. Dès que le rover a commencé à rouler dessus, il a complètement pivoté verticalement », commente Elie Allouis.

    « Cela nous a amené à nous poser des questions sur ce qui pouvait constituer un obstacle, et comment l'on pouvait amener le rover à déterminer une trajectoire sécurisée, en intégrant les ordres envoyés par les opérateurs au sol, mais également en fonction des obstacles rencontrés ». Ce thème de la trajectoire des rovers fera l'objet d'un test grandeur nature dans les installations d'Astrium, à Stevenage, au Royaume-Uni au printemps prochain.