Dans l'indifférence générale, elles viennent de prendre le chemin de l'espace à bord d'une petite fusée Minotaure. Leur travail – et leur sacrifice – seront pourtant très utiles au futurs explorateurs humains du système solaire. Ces astronautes sont des levures et leur voyage sans retour servira en effet à tester les moyens de lutte contre les infections durant de longues missions habitées.

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    Une fusée Minotaure-1 dans sa version TacSat2, similaire à celle qui a porté PharmaSat. Ce lanceur est dérivé du missile balistique intercontinental Minuteman-2. © OBC

    Une fusée Minotaure-1 dans sa version TacSat2, similaire à celle qui a porté PharmaSat. Ce lanceur est dérivé du missile balistique intercontinental Minuteman-2. © OBC

    Mardi 19 mai, une fine fuséefusée Minotaure s'est arrachée du pas de tir de Wallops Flight Facility en Virginie (Etats-Unis). Dans sa coiffe, elle emportait... une collection de levureslevures (dont les espècesespèces ne sont pas précisées), installées dans 48 compartiments. Ces micro-organismesmicro-organismes voyagent à l'étroit, dans un minuscule satellite d'à peine 5 kilogrammes, qui vient d'être correctement installé sur une orbite à peu près circulaire de 490 kilomètres d'altitude.

    Ce petit satellite est un triple CubeSat, un parallélépipède de la famille des CubeSat, des engins de formes cubiques, petits et légers, conçus comme des modules pour réaliser facilement des plates-formes peu coûteuses pour des expérimentations biologiques. Ils font partie du projet MicroSatellite Free Flyer, qui a déjà à son actif deux missions, GeneSat-1, qui avait envoyé dans l'espace des bactériesbactéries Escherichia coliEscherichia coli, et GeneBox, installé en 2006 à bord du curieux engin gonflable Genesis-1.

    L'expérience PharmaSat, entièrement automatisée, ne pèse que quelques kilogrammes.<br />© <em>MicroSatellite Free Fligher</em> / Nasa

    L'expérience PharmaSat, entièrement automatisée, ne pèse que quelques kilogrammes.
    © MicroSatellite Free Fligher / Nasa

    Comment combattre les moisissures en apesanteur ?

    L'expérience de PharmaSat consiste à tester l'efficacité d'antifongiquesantifongiques sur des levures en état de microgravité. On ignore en effet quelle efficacité auront dans l'espace les produits utilisés sur Terre. La réponse mérite d'être donnée avant l'envoi de missions longues où des humains resteront confinés durant un long moment dans un volume réduit. Le sujet intéresse également la gestion de l'ISS, la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale.

    Les expériences seront conduites de manière entièrement automatique. Les 48 compartiments sont surveillés par des caméras et des capteurscapteurs. Le produit antifongique sera injecté à un moment déterminé de la courbe de croissance de la population. Chaque composé sera diffusé à trois doses différentes, dont le résultat sera comparé à un lot témoin. C'est un système d'analyse optique qui mesure la densité des cultures, donnant une estimation du développement des levures. Un colorant, l'Alamar Blue, sera ensuite diffusé sur la colonie pour estimer l'activité biologique et donc le taux de survie des levures.

    Les scientifiques suivent désormais en direct l'évolution de ces expériences et n'auront donc pas besoin de récupérer les échantillons. Les moisissures qui auront survécu aux antifongiques finiront donc carbonisées dans l'atmosphèreatmosphère quand le triple CubeSat aura perdu trop d'altitude...