La sonde Mars Express, en orbite autour de la planète rouge depuis le 25 Décembre, poursuit sa mission avec succès. La sonde renvoie des clichés fabuleux de la surface de la planète Mars. Les flancs du volcan Ascraeus Mons, ou encore les falaises de Olympus Mons et les gorges de Valles Marineris ont été photographiés par l'œil fin de la caméra haute résolution HRSC de Mars Express.

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    Aujourd'hui, un évènement important devrait avoir lieu en orbite autour de la planète rouge. La sonde européenne devrait déployer un radar de 40 mètres de long, une immense antenne qui lui permettra de sonder les profondeurs de la planète rouge (jusqu'à 5 kilomètres au mieux) ! Telle une grande baguette de sourcier métallique, l'instrument baptisé MARSIS sera capable de sonder le sous-sol martien sur plusieurs kilomètres de profondeur pour y déceler d'éventuelles nappes d'eau liquide et étudier la structure et la composition de la croûtecroûte supérieure martienne.

    Les scientifiques pensent en effet que le sous-sol de la planète pourrait héberger à partir de 2 kilomètres de profondeur des nappes d'eau liquide. Si la planète a connu dans le passé l'écoulement de l'eau à sa surface, comme le montrent les réseaux fluviaux et les observations du robotrobot OpportunityOpportunity, celle-ci s'est bien cachée quelque part puisqu'on n'en décèle aucune trace sur le sol rouge et poussiéreux de Mars.

    En fait, une partie de cette eau se serait volatilisée dans l'espace, une autre partie se serait retrouvée dans les glaces des pôles et une dernière se serait infiltrée dans le sol.
    « Une détection définitive d'eau liquide serait très importante, étant donné le rôle majeur que l'eau joue tant dans la géochimie que dans les processus biologiques » a déclaré Bruce Jakosky, directeur du Center for Astrobiology de l'Université du Colorado. Il ajoute : « s'il y a de l'eau liquide, alors la vie pourrait exister ».

    La sonde européenne Mars Express (crédit : ESA)

    La sonde européenne Mars Express (crédit : ESA)

    En effet, si Mars ExpressMars Express détecte bien des nappes d'eau liquide, cela ne pourra que relancer le débat sur l'existence de vie actuellement sur la planète rouge. Si la vie a existé un jour sur la planète Mars lorsque l'eau y était abondante, celle-ci aurait-elle suivi le précieux liquide et se serait-elle réfugiée dans ces éventuelles nappes souterraines ?
    Cette question est d'autant plus passionnante que la sonde a récemment confirmé l'observation faite par deux équipes d'astronomesastronomes, à savoir la détection de méthane dans l'atmosphèreatmosphère martienne. Ce méthane peut avoir deux origines : une origine biologique, il pourrait être produit par des êtres vivants méthanogènes, c'est à dire producteurs de méthane, ou bien il serait produit par des mécanismes volcaniques.
    Dans les deux cas, cette détection de méthane, ajoutée à l'éventuelle détection future de nappes d'eau liquide dans le sous-sol, sont de véritables bonus pour la vie ! S'il existe des poches d'eau liquide chauffées par un mécanisme volcanique à une température relativement chaude dans le sous-sol martien, la vie aurait toutes ses chances pour se développer, proliférer... et produire du méthane ?
    C'est une hypothèse optimiste ; cependant ne nous avançons pas plus, Mars Express a déployé son radar MARSIS et nous saurons donc prochainement si ces nappes liquides tant attendues existent dans les entrailles de la planète rouge...


    Le radar MARSIS en action (crédit : ESA)

    Outre les poches d'eau, le radar MARSIS sera également capable de distinguer avec précision la structure souterraine des coulées de lavelave, des cratères d'impact ou encore des champs de dunes... Mesurer l'épaisseur du sol, ses discontinuités, ses différentes couches, le MARSIS sera un véritable « scanneurscanneur » de la planète rouge ! Il sera aussi capable de distinguer les sols secs, humides ou gelés.

    Le radar MARSIS fonctionne en émettant des signaux radio aux fréquences de 1,3 MHz et de 5,5 MHz. Ces ondes radio traverseront le sol martien et seront renvoyées avec une amplitude plus au moins importante selon les composants qui seront traversés. L'écho que recevra le MARSIS en retour lui permettra de savoir le type de couche géologique qui aura été traversé.

    D'ores et déjà, les scientifiques sont impatients de connaître les premiers résultats du MARSIS (et nous aussi !). « Si l'eau liquide est proche de la surface, le MARSIS devrait donner un signal fort » informe Mike Carr du US Geological Survey. Il ajoute cependant que « les propriétés de réflexion de la glace et de la roche sont très semblables, donc les corps constitués de glace ne vont probablement pas se détacher ». Les scientifiques devront donc faire des études complémentaires avant de savoir s'il s'agit de glace ou de roche.

    Les résultats « bruts » du MARSIS ne donneront en effet pas directement les réponses, les scientifiques devront interpréter les résultats obtenus avec précision avant de pouvoir dresser une carte du sous-sol géologique martien, objectif à long terme pour l'instrument de sondage.