Cette fois, c'en est bien fini de la mission Corot. Tous les essais pour remettre en route le satellite chasseur d'exoplanètes, qui était en panne depuis le 2 novembre, sont restés vains. Retour sur six années d'une riche moisson.

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    Le 27 décembre 2006, une fusée Soyouz décolle du cosmodrome de BaïkonourBaïkonour, emportant dans sa coiffe un satellite de 670 kgkg destiné à traquer les exoplanètes. Nommé Corot (pour convections, rotations et transits planétairestransits planétaires), ce projet du Cnes, en partenariat avec le CNRS, l'Esa, l'Autriche, la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne et le Brésil, est doté d'un télescope afocal de 27 cm de pupille et d'une caméra à large champ munie de quatre détecteurs CCDCCD ultrasensibles. CorotCorot est alors placé sur une orbite polaire de 896 km : une situation privilégiée qui doit lui permettre de scruter en continu un point quelconque du ciel durant 150 jours, sans la moindre interruption. Outre la détection des exoplanètes rocheuses au moins aussi grandes que la Terre, Corot est également conçu pour faire des études d'astérosismologie (ou sismologie stellaire, l'étude de la structure interne des étoiles autres que le Soleil basée sur leurs mouvements sismiques). Toutes ces observations reposent sur des mesures photométriques fines des variations de luminositéluminosité des astresastres étudiés.

    Le 3 mai 2007, Corot découvre sa première exoplanète, Corot-Exo-1b, une planète gazeuseplanète gazeuse géante située dans la constellationconstellation de la Licorne à 1.500 années-lumièreannées-lumière de la Terre. Puis, en février 2009, Corot repère Corot-7b, la première exoplanète rocheuse confirmée. Située elle aussi dans la constellation de la Licorneconstellation de la Licorne, à 500 années-lumière de la Terre, Corot-7b est une planète cinq fois plus massive que la Terre et tourne en 20,4 heures autour de son étoile.

    Une vue d'artiste de Corot-7b, une planète rocheuse environ cinq fois plus lourde que la Terre et gravitant à seulement 2,5 millions de kilomètres de son étoile (contre 149 millions pour la Terre). L'année y dure seulement 20,4 heures. © ESO, L. Calcada

    Une vue d'artiste de Corot-7b, une planète rocheuse environ cinq fois plus lourde que la Terre et gravitant à seulement 2,5 millions de kilomètres de son étoile (contre 149 millions pour la Terre). L'année y dure seulement 20,4 heures. © ESO, L. Calcada

    Corot victime des radiations

    Fin 2009, une panne survient dans les systèmes de détection du satellite. Pour pallier ce défaut, un dispositif de secours est alors utilisé et la mission est prolongée. Mais le 2 novembre 2012, ce second système devient à son tour inopérant, peu de temps après l'annonce d'une nouvelle prorogation de la mission, jusqu'en 2016. Par ailleurs, chacun de ces deux incidents s'est produit lorsque le satellite a traversé l'anomalieanomalie magnétique de l'Atlantique sud, zone où les radiations sont intenses. C'est en effet à cet endroit que la ceinture interne de Van Allen est la plus proche de la Terre. On a ainsi cherché à protéger les engins en orbite qui la traversent : le télescopetélescope Hubble éteint ses instruments quand il y entre et un revêtement spécial recouvre la Station spatiale internationale.

    Annie Baglin, astronomeastronome à l'observatoire de Paris et responsable scientifique de la mission Corot, vient d'annoncer que toutes les tentatives de redémarrage du satellite se sont soldées par un échec. Les techniciens ont même tenté une relance complète de l'instrument, après sa mise en mode survie, courant novembre. Malgré ces efforts, impossible de lui redonner vie : si le traitement des données fonctionne toujours à bord (les mesures télémétriques ont confirmé une élévation de température dans le boîtier électronique qui en a la charge), aucune donnée scientifique n'est transmise vers la Terre.

    Le bilan de la moisson réalisée par Corot demeure cependant considérable. Il a permis la découverte d'une trentaine de planètes extrasolairesplanètes extrasolaires et d'environ 200 candidates, qui restent à confirmer. C'est d'ailleurs l'un des objectifs que s'est fixés le télescope spatialtélescope spatial Kepler.