C’est le 58e succès d’affilée depuis 2003 pour Ariane 5, qui a mis en orbite hier soir le satellite de télécommunications ABS-2 et le satellite « dual » (civil et militaire) franco-italien de télécommunications très haut débit Athena-Fidus. En quelques lignes, découvrez les aspects les plus intéressants et innovants de ce satellite dual, réalisé sous la maîtrise d'œuvre de Thales Alenia Space.

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    En matière d'innovation, l'industrie spatiale européenne ne manque pas d'atouts, notamment dans les télécommunications spatiales. De la plateforme de nouvelle génération Alphabus aux satellites électriques, les efforts de recherche et développement accompagnent les changements dans la circulation des informations et les nouveaux modes de consommation, tels que les communications et l'accès à l'InternetInternet à haut et très haut débitdébit.

    Aujourd'hui, le grand public découvre Athena-Fidus. Ce satellite de télécommunications d'apparence banale se différencie pourtant de la très grande majorité des satcoms qui relayent les données depuis l'orbite géostationnaire. Il a été conçu pour répondre aux besoins militaires de deux pays, la France et l'Italie, qui se sont associés pour le réaliser. Il offre des services de télécommunications haut débit dans les bandes Ka, S et EHF pour les forces militaires et les services de sécurité civile des deux pays.

    C'est donc une coopération inédite pour les satellites de télécommunications, et une première européenne dans le domaine des télécommunications spatiales dont Athena-Fidus sera la première réalisation. Sicral 2, en cours d'intégration finale, constitue la deuxième étape. Cet autre satellite militaire de télécommunications fonctionnera dans les bandes UHFUHF et SHF.

    Colocation inédite sur un satellite de télécommunications

    Athena-Fidus a été construit autour de la plateforme Spacebus 4000B2 de Thales Alenia Space. Il se caractérise par une conception bien pensée et innovante dans son architecture qui maximalise son aménagement. Elle réussit à faire cohabiter deux charges utiles totalement indépendantes dans leur fonctionnement (c'est l'aspect dual de la mission) et dans l'implantation sur une même plateforme, avec à la clé un satellite très léger : seulement trois tonnes.

    Le satellite Athena-Fidus dans les locaux cannois de Thales Alenia Space (en novembre 2013) pour d'ultimes vérifications et la préparation de son transfert vers la base de lancement. © Rémy Decourt

    Le satellite Athena-Fidus dans les locaux cannois de Thales Alenia Space (en novembre 2013) pour d'ultimes vérifications et la préparation de son transfert vers la base de lancement. © Rémy Decourt

    Un des deux mursmurs du module de communication est occupé par la charge utile française, et l'autre par la charge utile italienne. Quant aux antennes, elles sont situées côté ouest pour la mission italienne, et côté est pour la mission française. Ce satellite s'apparente donc à une collocation en appartement, avec ses parties communes que sont les servitudes (cuisine, salle de bains) et ses parties indépendantes, les charges utiles des deux pays (chambre à coucher, bureau).

    À cela s'ajoute un certain nombre de choix technologiques qui rendent ce satellite innovant, notamment l'utilisation des technologies militaire et civile en bande Ka et des standards de télécommunications civiles les plus performants. Il embarque notamment la dernière génération de convertisseurs de fréquences et de linéariseurs autoredondés, ou encore de sources triple bande incluant les bandes Ka et EHF. On trouve également sur ce satellite deux expériences pour analyser en vol le comportement de nouveaux revêtements thermiques ou de nouvelles technologies de switch RF.

    Athena-Fidus et besoins gouvernementaux

    Résultat : un satellite en bande Ka avec une capacité en débit de trois gigabits par seconde, une des plus importantes des satellites actuellement en vol. En outre, Athena-Fidus met en œuvre les normes DVBDVB-|5ee5ee350e303d205eb7bd71591e7d23| et DVB-S2, afin d'optimiser la capacité de transmission et la disponibilité des services. Par exemple, cela permet un service interactifinteractif par une capacité de voie retour plutôt qu'une simple diffusion-transmission. Cela répond à un besoin des services gouvernementaux de la sécurité des deux pays (police, pompiers, sécurité civile) en plus des militaires indépendamment des satellites commerciaux.

    Pour communiquer, le satellite compte pas moins de 14 antennes. Un plateau comporte sept antennes pointables indépendantes et une partie du répéteurrépéteur déportée en haut de la tour, au plus près des sources. On compte également trois réflecteurs (deux pour la mission italienne, un pour la mission française), ainsi que deux en bande S pour la partie télécommande-télémesure et deux pour une couverture terrestre globale en bande Ka (une pour chaque mission).

    Quant au nom d'Athena-Fidus, s'il correspond à l'acronyme Access on Theatres for European allied forces Nations - French Italian Dual Use Satellite, il faut savoir que dans la mythologie grecque, Athéna est la déesse grecque de la guerre et de la sagesse, et pour les latinistes, Fidus signifie « loyauté et fidélité ».