La seconde version de l’avion solaire de Solar Impulse, c’est-à-dire l’appareil qui tentera le tour du monde l’an prochain, a réalisé son premier vol, aux mains d’un pilote d’essai. Les résultats sont annoncés probants : la folle aventure continue.

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    Lundi 2 juin 2014, sur l'aérodrome de Payerne, en Suisse, l'équipe de Solar Impulse s'affairait très tôt le matin. La météométéo était clémente et le ventvent absent (« vent nul et dans le bon sens » plaisantent les pilotes dans ce genre de situation). L'avion solaire de Solar ImpulseSolar Impulse était lentement sorti du hangar.

    L'engin n'est pas le HB-SIA, celui qui a volé jusqu'à présent, effectuant le premier vol de nuit, atteignant Bruxelles et s'offrant un voyage au Maroc. Celui-là, immatriculé HB-SIB, est un peu plus grand -- 72 m d'envergure contre 63,40 -- et plus lourd : 2.300 kgkg au lieu de 1.600. En comptant patiemment les cellules photovoltaïquescellules photovoltaïques, on en dénombrerait 17.248 alors que le prototype en portait 11.628. Elles alimentent quatre moteurs électriques, installés sous les ailes et développant 17,5 ch chacun, donc davantage que les 10 ch de ceux du HB-SIA.

    Il y a aussi bien d'autres différences dans le cockpit (toujours monoplace), notamment dans la gestion du vol et de la vie du pilote, désormais étroitement surveillé, et dans la structure même. Sa mise au point n'a d'ailleurs pas été un simple redimensionnement du prototype. En témoigne la cassure du longeron d'aile pendant un test de résistancerésistance durant l'été 2012. Comme nous l'avait expliqué André Borschberg, le poids, ennemi habituel du concepteur d'avions, devient ici encore plus critique, à cause de la faible puissance des moteurs et de la grande surface de cellules qui est nécessaire.

    Le Si2 lors de son vol inaugural autour de Payerne, près du lac de Neuchâtel. © Solar Impulse, Revillard, Rezo.ch

    Le Si2 lors de son vol inaugural autour de Payerne, près du lac de Neuchâtel. © Solar Impulse, Revillard, Rezo.ch

    Le Si2 réussit son premier vol

    C'est ce HB-SIB -- ou plutôt le Solar Impulse 2, ou Si2, puisque l'équipe préfère l'appeler ainsi -- qui, à 5 h 36, tentait le décollage ce lundi devant Bertrand Piccard et André Borschberg, restés sur le tarmac. Aux commandes, en effet, se tenait Markus Scherdel, le pilote d'essai allemand qui avait déjà réalisé le premier vol du HB-SIA en 2010. Celui-ci a duré 2 h 17 mn, ce qui est beaucoup pour un vol d'essai (celui du prototype avait duré 87 mn). « Les premiers résultats sont conformes aux calculs et aux simulations. Plusieurs autres vols suivront au cours des prochains mois afin d'obtenir la certificationcertification de cet appareil expérimental » explique sobrement le communiqué de presse. En général, en effet, l'équipe d'un vol d'essai ne détaille pas le débriefing complet et ne donne pas la liste des petites choses qui ne vont pas bien.

    La vidéo montre le décollage et l'atterrissage, très convenables. On remarque la vitesse très faible, de quelques dizaines de kilomètres à l'heure, et l'équipe au sol qui assiste le frêle géant. Son pilotage semble délicat. Une alarme d'inclinaison a par exemple été ajoutée, prévenant le pilote lorsque l'avion se penche de plus de 5°, une valeur très faible. Un système électronique de pilotage automatique, ou assisté, surveille en permanence les paramètres. Sur les longs vols, un électrocardiographe surveillera aussi le pilote, qui sera seul à bord. Une seconde place est en effet prévue mais uniquement pour des vols courts, ce qui permettra à quelques passagers triés sur le volet de partager les émotions d'un vol à la force des photons.