Un drôle d’engin a fait son apparition dans le ciel britannique. Difficile à classer tant il ressemble à un dirigeable ou un avion, cet aéronef appelé Airlander 10 est le plus gros au monde. Si la société qui le construit tient ses promesses en termes de coût, de sécurité et d'empreinte écologique, il pourrait signer le grand retour des dirigeables. 

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    L'imagination d'un bureau d'étude peut donner naissance à des aéronefs plutôt surprenants. C'est le cas de l'Airlander 10 d'Hybrid Air Vehicles, que l'on pourrait classer comme dirigeable ou avion en raison d'une enveloppe de 38.000 m3 remplie d'helium et de quatre moteurs de 325 chevaux chacun. Ce drôle d'engin a volé quelques instants, 19 minutes, lors de son premier vol d'essai en public à Cardington, dans le sud du Royaume-Uni. 

    Avec ses 92 mètres de long, une largeur de 44 mètres et une hauteur de 26 mètres, cet aéronef est le plus gros au monde (l'Airbus A380 ne fait que 72 mètres). Ce n'est donc pas peu dire que cet appareil est unique en son genre. D'ailleurs, sa forme étonnante lui vaut le surnom de flying bum (que l'on peut traduire par « popotin volant ») dans la presse outre-Manche.

    Atteindre des régions jusque-là inaccessibles

    Initialement conçu pour l'armée américaine, qui le destinait à des missions de surveillance, le projet a été abandonné en 2012 en raison de restrictions budgétaires et d'une certaine vulnérabilité. En 2013, la société britannique Hybrid Air Vehicles (HAV) le rachète et le reconverti pour des activités civiles, scientifiques et humanitaires. Deux aéronefs sont aujourd'hui en développement : l'Airlander 10 (10 tonnes de capacité d'emport) et l'Airlander 50 (50 tonnes), qui n'est pas prévu avant le début des années 2020. Ce projet a le soutien du gouvernement britannique ainsi que celui de la Commission européenne, qui le finance en partie dans le cadre du programme de recherche Horizon 2020 (2014-2020).

    Cette famille d'aéronefs vise les marchés de transport de fret de point à point à destination de régions difficiles d'accès ou inaccessibles par les moyens de transport traditionnels. En raison de sa capacité à atterrir et décoller depuis des sites non préparés et sa grande autonomieautonomie de vol -- 5 jours pour la version habitée (deux pilotes et un ingénieur de vol) et jusqu'à 3 semaines à vide --, l'Airlander 10 pourra ravitailler des stations au sol situées aux pôles, dans des désertsdéserts. Autre exemple, les régions pétrolifères et minières du Canada et de l'Australie, actuellement ravitaillées par les plus gros poids lourds du monde, pourraient l'être par ces aéronefs.

    Dans sa version inhabitée, l'Airlander sera utilisé pour fournir des services ponctuels et complémentaires de ceux des satellites ou de stations au sol (pour la surveillance des feux par exemple), avec des applicationsapplications évidentes dans de nombreux domaines comme la surveillance et les télécommunications. Enfin, des projets de transport de passagers et d'engins amphibies sont également à l'étude.