L'explosion en vol du lanceur Falcon 9 le 28 juin 2015 a contraint SpaceX à reporter le vol inaugural de la version lourde, appelée Falcon Heavy, au printemps 2016. Cette dernière accuse ainsi un retard de plusieurs années si l'on se fie au calendrier initial. Il faut dire que depuis cette explosion, SpaceX se focalise désormais sur le retour en vol du Falcon 9. De son côté, Arianespace, pour qui le Falcon Heavy représente une sérieuse menace, prépare sa riposte.

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    Le lanceur lourd Falcon Heavy de SpaceXSpaceX, qui doit permettre à l'entreprise américaine de se porter candidat pour le lancement des satellites les plus lourds de l'U.S. Air Force et concurrencer Arianespace sur le marché des gros satellites de télécommunications, est retardé. Dévoilé en avril 2011, ce lanceur accuse un retard de plusieurs années. Alors qu'il devait entrer en service début 2013, le vol inaugural prévu fin 2015 a été reporté à avril 2016.

    Un retard qui s'explique par l'explosion en vol du Falcon 9 et la nécessité d'un retour en vol rapide du lanceur. À cela s'ajoute que la firme californienne rencontre des difficultés dans la mise au point de ce futur lanceur à deux étages qui a la particularité d'être constitué de trois premiers étages du Falcon 9, utilisés conjointement, pour un total de 27 moteurs. Ce qui pose problème, c'est l'utilisation de deux de ces trois étages comme boosters qui se séparent dès lors qu'ils sont vides. Sans surprise, SpaceX ne fournit pas d'information sur le régime respectif de ces trois étages. Il semble que les deux boosters latéraux alimentent le corps central et qu'au moment de la séparationséparation ils soient encore pleins.

    Suite à l'explosion en vol du Falcon 9, l'entrée en service de la version lourde, le Falcon Heavy, est reportée de plusieurs mois. © SpaceX

    Suite à l'explosion en vol du Falcon 9, l'entrée en service de la version lourde, le Falcon Heavy, est reportée de plusieurs mois. © SpaceX

    Le premier vol de démonstration du Falcon Heavy sera réalisé depuis le mythique pas de tir 39A du centre spatial Kennedy, d'où de nombreuses navettes et missions du programme Apollo ont été lancées. En effet, la NasaNasa, qui souhaite transformer le centre spatial Kennedy pour en faire un port spatial destiné à des activités à la fois gouvernementales et commerciales, a loué le site à SpaceX qui utilise déjà d'autres pas de tir de la Nasa à Vandenberg, en Californie, et Cap CanaveralCap Canaveral, en Floride.

    Arianespace en danger ?

    Ce Falcon Heavy est annoncé avec une performance de plus de 21 tonnes en orbite de transfertorbite de transfert géostationnaire. Il n'existe pas encore de marché pour ce type de performance. Cependant, en version réutilisable, ce lanceur peut diminuer de moitié sa performance et se trouve alors dans le cœur de marché d'ArianespaceArianespace, celui, très lucratif, des satellites de télécommunications de plus de 5 tonnes.

    Le Falcon Heavy constitue ainsi une proposition infiniment plus crédible que le Falcon 9, qui ne peut pas rivaliser sur le marché des satellites de plus de 5 tonnes. Ce dernier, en service aujourd'hui, peut en effet lancer quelque 4,5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire (GTO), incliné à 28,5°. Mais, en « équivalent Kourou », c'est-à-dire dans les conditions d'un lancement depuis le centre spatial guyanaiscentre spatial guyanais, cette performance est ramenée à seulement 3,9 tonnes en GTO. Et, si l'étage est récupéré, la performance tombe à 2 tonnes, toujours en équivalent Kourou.

    Pourtant, malgré cette différence, le Falcon 9 gêne Arianespace. En effet, un lancement typique d'une Ariane 5Ariane 5 embarque deux satellites, un gros (5 à 6 tonnes) et un plus petit (moins de 3,4 tonnes). Donc, même si SpaceX ne peut pas rivaliser sur le marché des satellites de plus de 5 tonnes, il capte une série de ces petits satellites, ce qui réduit les opportunités de lancements doubles pour Ariane 5.

    La version réutilisable du Falcon Heavy est quant à elle une menace bien plus sérieuse pour Arianespace. Pour preuve, elle a d'ores et déjà séduit de nombreux opérateurs de satellites comme Arabsat, ViaSat, Inmarsat ou Intelsat. Ces entreprises ont ainsi souscrit des contrats de lancement que seule Arianespace peut lancer aujourd'hui. De plus, l'ULA (United Launch Alliance) vient d'amorcer le développement d'un nouveau lanceur (VulcanVulcan) qui, bien qu'il soit destiné à contrer SpaceX, concurrence également Arianespace. Cette dernière prépare quant à elle sa riposte avec la future Ariane 6.