L’Inde vient de faire voler avec succès son nouveau lanceur lourd, le GSLV-MkIII. Il ne s’agissait pas d’atteindre les orbites pour lesquelles il est conçu, mais de réaliser un vol suborbital pour le tester. L’Isro en a profité pour lancer un démonstrateur de capsule habitée. Là aussi, l’engin était utilisé a minima mais il laisse à penser que l’Inde pourrait vouloir envoyer des Hommes dans l’espace à plus court terme que ce que l'on pensait.

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    Le nouveau lanceur lourd GSLV-MkIII de l'Isro (l'agence spatiale indienne), au décollage pour son premier vol d'essai. © Isro

    Le nouveau lanceur lourd GSLV-MkIII de l'Isro (l'agence spatiale indienne), au décollage pour son premier vol d'essai. © Isro

    En juillet 2013, nous écrivions que « les progrès spatiaux de l'Inde se poursuivent mais passent inaperçus ». C'était à l'occasion du lancement du premier satellite du futur système de positionnementsystème de positionnement et de navigation IRNSS. Plus d'un an et demi après, l'Inde tourne autour de Mars et, dans une certaine indifférence, a réussi le vol d'essai d'un nouveau lanceur, le GSLV-MkIII de 5 tonnes de performance en orbite géostationnaire, et d'un démonstrateurdémonstrateur qui pourrait à l'avenir préfigurer une capsule habitable dimensionnée pour deux ou trois astronautes.

    Ce premier lancement du GSLV-MkIII a consisté en un vol suborbitalsuborbital d'environ 125 kilomètres d'altitude afin de tester son comportement en vol et la séparationséparation entre ses différents étages et boosters. L'autre partie de la mission visait à tester un démonstrateur d'une capsule habitée de plus de 3,7 tonnes, mesurant 3,1 m de diamètre et 2,7 m de hauteur, baptisée Care, pour Crew module Atmospheric Reentry Experiment. L'objectif était d'étudier comment ce module d'équipage et son bouclier thermique se comportent lors de la phase de rentrée atmosphérique.

    La capsule Care après son retour sur Terre. Son bouclier thermique apparaît peu endommagé. La rentrée atmosphérique, en effet, ne s'est pas faite avec les contraintes les plus fortes attendues lors d'une mission habitée de retour d'orbite. Cela reste un bel exploit. © Isro

    La capsule Care après son retour sur Terre. Son bouclier thermique apparaît peu endommagé. La rentrée atmosphérique, en effet, ne s'est pas faite avec les contraintes les plus fortes attendues lors d'une mission habitée de retour d'orbite. Cela reste un bel exploit. © Isro

    Le pari indien d'une autonomie complète pour l'accès à l'espace

    Là aussi, l'essai a été concluant. La capsule, après avoir atteint une altitude de 126 kilomètres, est retombée sur Terre en amerrissant sous parachuteparachute dans le golfe du Bengale après être entrée dans l'atmosphèreatmosphère à une vitesse de plus de 5 kilomètres par seconde.

    Ces progrès spatiaux sont toujours aussi peu médiatisés, à l'exception de la mission Mars orbiter mission, dont l'arrivée autour de Mars a été particulièrement suivie. C'est évidemment un tort et du côté d'ArianespaceArianespace, on suit de très près le développement de ce nouveau lanceur lourd. Si GSLV-MkIII ne va pas chercher à se faire une place sur le marché du lancement de satellites ouvert à la concurrence, l'Inde, qui dispose de son propre lanceur, n'aura plus besoin de faire appel à Ariane 5Ariane 5 ou 6.

    En effet, si l'Inde a développé des services satellitaires dans les télécommunications, l'observation de la Terreobservation de la Terre, la météorologiemétéorologie et des familles de lanceurs nécessaires pour les mettre en orbite, elle n'a toujours pas la capacité de mettre en orbite géostationnaire ses satellites de télécommunications. Pour cela, elle utilise les services d'Arianespace avec qui elle a noué d'excellentes relations commerciales.

    Avec des performances annoncées de 10 à 20 tonnes en orbite basse et jusqu'à 5 tonnes en orbite géostationnaire, le GSLV-MkIII doit compléter la gamme des lanceurs de l'Isro de façon à répondre aux besoins qui ne sont pas couverts aujourd'hui. Cela dit, les étapes de qualification sont longues et une dizaine d'années est encore nécessaire avant de déclarer ce lanceur bon pour le service. Avant cela, il est probable que, d'ici quelques années, un vol géostationnaire soit tenté avec une charge utile opérationnelle. À suivre donc.