Dans la toundra arctique, en Alaska, les plans d’eau perdent en superficie et tendent à disparaître. Un phénomène qui serait imputable au réchauffement climatique, estiment les scientifiques, et qui pourrait avoir partiellement des conséquences sur la biodiversité animale.

au sommaire


    La Pointe Barrow ou Nuvuk est une péninsule de la côte arctique dans l’état de l’Alaska, à 14 km au nord-est de la localité de Barrow (vue aérienne). C’est le point le plus septentrional de l’Alaska et des États-Unis. © Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

    La Pointe Barrow ou Nuvuk est une péninsule de la côte arctique dans l’état de l’Alaska, à 14 km au nord-est de la localité de Barrow (vue aérienne). C’est le point le plus septentrional de l’Alaska et des États-Unis. © Wikimedia Commons, cc by sa 2.5

    En une soixantaine d'années, 17 % des étangs de la toundra arctique ont perdu 30 % de leur surface et 17 % d'entre eux ont disparu, rapporte une étude publiée dans Journal of Geophysical Research.

    Pour arriver à de telles conclusions, les chercheurs ont notamment retracé l'évolution de 2.800 étangs de moins d'un hectare, dans la région nord de la Pointe Barrow, en Alaska, en comparant des photographiesphotographies aériennes datant de 1948 avec des images satellites plus récentes (2002, 2008 et 2010).

    « Le [résultat] de 17 % est une estimation très prudente parce que nous n'avons pas considéré les étangs qui s'étaient fragmentés ou scindés en deux », explique Christian Andresen, chercheur à l'université du Texas à El Paso, aux États-Unis, et auteur principal de l'article scientifique. « Certains étangs sont allongés et, comme ils se rétractent au fil du temps, ils peuvent être divisés en deux ou en plusieurs petits étangs », précise-t-il.

    Les étangs de la pointe Barrow, en Alaska, sont une source de nourriture et de nidification pour des espèces menacées, tel l’eider à lunettes (<em>Somateria fischeri</em>). © Olaf Oliviero Riemer, <em>Wikimedia Commons</em>, cc by sa 3.0

    Les étangs de la pointe Barrow, en Alaska, sont une source de nourriture et de nidification pour des espèces menacées, tel l’eider à lunettes (Somateria fischeri). © Olaf Oliviero Riemer, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

    La biodiversité sera modifiée par ces changements géomorphologiques

    La hausse des températures fait fondre le pergélisol, un sol minéral brut typique des régions arctiques et composé en partie de glace et de débris de roches dures plus ou moins broyées par l'érosion glaciaire. Ce dégel libère des nutrimentsnutriments qui favorisent la croissance des végétaux. Les plantes prennent le dessus sur des étangs peu profonds et devenus chauds et riches en éléments nutritifs. « Avant que vous ne le connaissiez, boum, l'étang est parti », résume Christian Andresen. Les étés plus chauds et plus longs contribuent aussi à l'évaporation des petits bassins lacustreslacustres.

    Bien que les dynamiques à long terme de l'hydrologie de surface dans les étangs de la toundra arctique restent largement méconnues, ces plans d'eau contribuent sensiblement aux flux de carbonecarbone, à l'équilibre énergétique et à la biodiversitébiodiversité de l'Arctique, déclarent les chercheurs.

    Si le phénomène observé se poursuit, la géomorphologiegéomorphologie du paysage de cette zone du Globe risque à l'avenir de changer. « L'histoire nous apprend que les étangs ont tendance à s'agrandir au fil des siècles et éventuellement à devenir des lacs. Sans bassins, il n'y aura pas de lacs pour cette région », conclut Christian Andresen. En plus d'avoir un impact sur la flore, la transformation du système aquatique pourrait aussi modifier les aires estivales d'alimentation et de nidification de plusieurs espècesespèces d'animaux migrateursmigrateurs.