En Chine, les émissions anthropiques d’aérosols sont si importantes qu’elles influent plus sur le climat que les gaz à effet de serre. Cette grave pollution, appelée le nuage brun d’Asie, est bien connue, mais les sources d’émissions responsables étaient jusqu’ici mal identifiées. Une nouvelle étude définit clairement que la combustion incomplète du carbone fossile est le principal moteur du phénomène.

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    Le nuage brun d'Asie, et plus généralement les aérosols émis de façon anthropique dans l'atmosphère, sont responsables d'un demi-million de morts prématurées chaque année en Chine. Cinq mois dans l'année, l'est asiatique est soumis à un tel déficit de précipitations qu'il se forme une brume, vaste mélange de particules polluantes, avoisinant les trois kilomètres de hauteur. Les aérosols qui la constituent sont principalement issus de la combustioncombustion incomplète de la biomasse (boisbois), de combustiblescombustibles fossilesfossiles (pétrolepétrole, charboncharbon).

    Parmi les principaux aérosols qui forment le nuage brun d’Asie figure la suiesuie. Elle peut être issue de la combustion de la biomassebiomasse (feux de forêt, incinération des résidus agricoles, etc.), ou des combustibles fossiles. Suivant son origine, la suie n'a pas le même effet dans l'atmosphère. Les particules en suspension émises par la combustion incomplète du carbonecarbone fossile sont plus lourdes et pénètrent plus facilement dans l'appareil respiratoireappareil respiratoire de l'Homme. Par ailleurs, elles modifient plus fortement le climatclimat à court terme. Actuellement, le nuage brun d'Asie est considéré comme le phénomène de pollution le plus important au monde, et l'origine de ses sources est encore assez méconnue.

    L'un des observatoires permettant de mesurer la concentration de carbone 14 dans la suie atmosphérique. Celui-ci est situé sur l'île Jeju, dans le sud-est de la mer Jaune. © Elena Kirillova

    L'un des observatoires permettant de mesurer la concentration de carbone 14 dans la suie atmosphérique. Celui-ci est situé sur l'île Jeju, dans le sud-est de la mer Jaune. © Elena Kirillova

    Jusqu'alors, la combustion de la biomasse était considérée comme majoritaire dans l'émissionémission de suie dans l'atmosphère : une étude publiée dans Science en 2009 postulait que la combustion incomplète de la biomasse comptait pour 50 à 90 % des émissions totales. Une nouvelle étude publiée dans Environmental Science & Technology par une équipe internationale estime au contraire que les combustibles fossiles sont les principales sources d'émission.

    Une réponse rapide à la réduction de la suie dans l’atmosphère

    D'après cette recherche, la combustion du charbon, du pétrole ou de tout combustible fossile contribue pour 80 % de la suie totale émise dans l'atmosphère de l'Asie de l'Est. Ces résultats sont basés sur la mesure du carbone 14 contenu dans la suie atmosphérique. Des systèmes de mesure ont été installés tant dans les aires urbaines de Pékin et Shanghai que dans des régions côtières d'Asie plus isolées. La combustion incomplète du carbone fossile génère une suie avec une concentration en carbone 14 plus faible que celle de la biomasse. L'équipe a ainsi déterminé que les combustibles fossiles étaient responsables de 80 % des émissions de suie atmosphérique du nuage brun d'Asie.

    Le temps de résidence des particules comme la suie dans l'atmosphère n'excède pas plusieurs jours, voire quelques semaines. Ainsi, la réduction de telles émissions pourrait avoir rapidement des effets positifs. Il est par exemple plus difficile d'agir sur la pollution au dioxyde de carbone, car ce gazgaz peut rester durant un siècle à un millier d'années dans l'atmosphère.

    « L'identification des principales sources d'émission de suie en Chine conduira rapidement à l'amélioration de la qualité de l'airair que respirent les gens, du climat régional et de ses effets secondaires, comme la disponibilité en eau douceeau douce », commente Örjan Gustafsson, l'un des auteurs de l'étude. En Chine, les problèmes de pollution liés aux émissions anthropiques d'aérosols et leur impact sur la santé constituent des enjeux majeurs du pays. Pourtant, l'empire du Milieu continue d'ouvrir en moyenne une centrale à charbon par semaine.