Après les canaux de Mars, les sillons de l'océan... Google Earth, comme chacun peut le constater, montre quelque part au large des îles Canaries, une bien étrange formation de lignes perpendiculaires. Son emplacement correspond vaguement à celui de l'Atlantide, si l'on se fie à Platon. Accordons-nous quelques minutes de rêve et profitons de l'occasion pour mesurer combien nous connaissons bien mal l'océan...

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    L'étrange structure, entièrement virtuelle, se trouve loin au large de l'Afrique. Qui saura en trouver d'autres ? (Capture de Google Earth.)

    L'étrange structure, entièrement virtuelle, se trouve loin au large de l'Afrique. Qui saura en trouver d'autres ? (Capture de Google Earth.)

    Si vous possédez Google EarthGoogle Earth avec sa dernière mise à jour (qui donne droit à la fonction Océan visualisant le plancherplancher océanique), cliquez dans la zone de saisie servant à indiquer l'endroit à rejoindre et tapez (ou plutôt copiez-collez) : 31 15'15.53N 24 15'30.53W. Etonnant, non ? Après la découverte d'un monde perdu grâce à Google Earth, l'étude d'un mystérieux magnétotropisme des vaches et la cartographie de la Rome antique, ce logiciellogiciel semble contribuer à l'exploration de notre planète...

    Incontestablement, ce maillage de sillons longilignes évoque les rues d'une ville ou, au moins, une œuvre humaine... D'ailleurs, affirme Bernie Bamford, auteur de la trouvaille, relayée par les journaux britanniques, l'endroit se trouve là où Platon situe l'insaisissable Atlantide : « au-delà des colonnes d'Hercules », c'est-à-dire au-delà du détroit de Gibraltar. Il n'y a donc qu'un pas à franchir pour admettre qu'il s'agit bien de cette extraordinaire cité antique engloutie par un cataclysme neuf mille ans avant l'époque à laquelle vivait Platon (autour de 400 ans avant J.C.).

    Il est vrai que le pas est grand. L'endroit se trouve à environ 700 kilomètres des îles Canaries, à peu près à la latitude d'Agadir (Maroc). Si l'on part vers l'ouest depuis Gibraltar, les premières îles que l'on approche sont celles de l'archipel des Açores. Pour rejoindre le site mystérieux, il faudrait mettre le cap au sud-ouest et sur cette route, c'est Madère que l'on rallierait d'abord. A ce compte, les Antilles, le Cap-Vert et même le continent américain sont eux aussi « au-delà des colonnes d'Hercules ».

    Une magnifique structure, immense, camouflée à cinq kilomètres sous la surface de l'Atlantique, et qu'aucun phénomène géologique ne peut expliquer. De quoi alimenter de nombreux fantasmes... (Capture de Google Earth.)

    Une magnifique structure, immense, camouflée à cinq kilomètres sous la surface de l'Atlantique, et qu'aucun phénomène géologique ne peut expliquer. De quoi alimenter de nombreux fantasmes... (Capture de Google Earth.)

    Terra incognita

    Quant à visiter ces ruines supposées de l'Atlantide, un bateau ne suffirait pas. C'est un bathyscaphebathyscaphe qu'il faudrait utiliser pour explorer ces sillons, qui se trouvent par 5.400 mètres de fond d'après les indications de Google Earth. Le lieu est situé dans une zone profonde, au pied de l'immense dorsale médio-atlantique, cette formation montagneuse installée au centre de l'océan Atlantique. La catastrophe ayant fait disparaître l'Atlantide a dû être d'une violence exceptionnelle... Enfin, la taille de cette Atlantide exigera un engin rapide et doué d'une grande autonomieautonomie. Les traces, en effet, s'étalent sur un rectangle d'environ 130 sur 170 kilomètres. La Bretagne est seulement un peu plus grande...

    Mais alors, si ces formations ne sont pas celles d'une œuvre humaine engloutie, de quoi s'agit-il ? « D'un artefact », expliquent des océanographes cités sur le blog officiel de Google. Ces sillons, en fait, n'existent pas. Ils correspondent aux routes de navires ayant effectué sur cette zone des mesures de bathymétrie (en général à l'aide de sonarssonars, installés à bord ou remorqués en profondeur). Les données ainsi recueillies par les bateaux océanographiques sont mises en commun. Elles sont ensuite assemblées avec les observations de certains satellites, comme ERS-2ERS-2, Envisat, Jason (1 et 2) ou Topex-Poseidon. Grâce à leurs mesures d'altimétrie, ils cartographient ainsi la surface de la mer qui, à grande échelle, épouse en quelque sorte le fond de l'océan (à cause des faibles variations de gravitégravité). Au final, les cartes du fond océanique sont constituées d'un patchwork de mesures effectuées à des époques différentes à l'aide de méthodes variées fournissant des résolutionsrésolutions variables.

    Ces sillons ne seraient donc que les mesures les plus précises obtenues dans cette zone par des sondages bathymétriques. Autrement dit, le relief montré entre ces lignes serait, lui, approximatif. On peut en conclure que les cartes du plancher océanique, pour esthétiques qu'elles soient, sont extrêmement imprécises, bien davantage que celles de la surface de Mars...